Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».
Il y a de ces journées où la fréquentation des médias sociaux est difficile, mais nécessaire.
Sur Twitter depuis quelques jours, on assiste à une montée en puissance du mot-clic #agressionNonDénoncée qui est le pendant francophone du hashtag #BeenRapedNeverReported, vraisemblablement initiée par @MontgomerySue, une journaliste aux affaires judiciaires, à The Gazette1.
Les quelques minutes où je me suis placé devant mon écran aujourd’hui, j’ai vu défiler certains messages stupéfiants. Des femmes que je ne connais que de nom et d’autres que je connais mieux témoignent d’agression(s) qu’elles ont vécu. Comme humain, à l’autre bout, je reçois «ces confidences» avec un mélange de colère, de compassion et d’empathie. L’homme et le père de famille que je suis constate [encore] que des femmes souffraient en silence et laisse sortir «140 caractères de vapeur».
Bien entendu, je me sens mal à l’aise, aussi.
Le dévoilement public d’événement aussi intime est à la fois provocant et inhibiteur. Comment réagir devant la confidence ? Faire comme si on n’avait pas lu ?
Retourner un câlin virtuel, on fait ça comment…
Quand quelque chose de difficile à recevoir survient, normalement, on a accès au non-verbal de la personne et on réagi à partir de ce que l’autre nous «communique», avec tout ce que «communiquer» veut dire.
Aujourd’hui, je n’avais accès qu’à des mots, lourds de sens, remplis d’émotion, mais des mots, seulement. Des mots chargés, la plupart du temps, mais que des mots.
J’aimerais que toutes celles (je n’ai vu que des confidences féminines) qui se sont livrées sur ma «timeline» sachent que malgré mon silence, je vous ai trouvées fortes et dignes.
J’aurais aimé réagir autrement qu’avec le silence, mais je n’ai trouvé que ce billet de blogue, pour réaction.
Je me dis que tous ces témoignages aujourd’hui sont une école.
Vous êtes une école.
Je vais essayer d’apprendre de vous. Je vais échanger avec mes proches ce soir, à la maison, et apprendre de ce que vous me partagez.
Je veux seulement que vous sachiez que j’étais là pour recevoir ce que vous aviez à nommer. Maladroitement, certes, mais j’étais là.
Je peux me tromper, mais je pense ce soir que votre peine (parfois rage, parfois sarcasme) pouvait aussi constituer une invitation à construire un monde meilleur.
Un monde où NON, c’est NON !
Franchement, je ne savais pas. Chacune, prenez grand soin de vous.
Nous sommes là.
1 Sue Montgomery sera l’invitée de Tout Le Monde En Parle, ce dimanche soir…
Mise à jour du 7 novembre : Contrecoups de la campagne de sensibilisation #AgressionNonDénoncée sur Branchez-vous…
Tags: "...à qui je suis" "La vie la vie en société"