N.B. J’ai écrit ce billet sans savoir que trois semaines plus tard, j’aurais l’occasion d’aller sur place, à Tunis. Je n’ai rien changé au billet suite à ma visite pour garder intactes les prémisses d’avant mon départ, mais je vous invite à lire la section «commentaire» jusqu’au bout pour connaître ma position sur ce sujet au terme de ma visite en Tunisie…
Je me suis abonné à la liste de diffusion de la Wikipédia francophone voilà quelques mois. J’aime bien lire les messages de passionnés de Wikipédia qui discutent d’une foule de sujets. Ces jours-ci, les internautes de la liste sont préoccupés par le fait que Wikipédia ne fonctionne plus en Tunisie. Sur cette page, on peut compter plus de vingt-cinq messages sur ce sujet (en bas de page). L’hypothèse que cette panne soit liée à un cas de censure (des milliers de sites sont déjà censurés en Tunisie*, selon certains intervenants de la liste) fait son chemin depuis vendredi et il est intéressant de suivre la discussion sur les gestes à poser pour dénoncer cette situation.
Wikipédia semble déranger énormément les pays qui ne croient pas à l’importance de la libre circulation de l’information. «Reporters sans Frontières» documente le cas de la Chine régulièrement (François en a parlé en janvier 2006) et il semble que l’accès soit partiel en ce moment dans ce coin de pays.
L’autre hypothèse des gens de la liste de diffusion est que l’inaccessibilité des pages soit due à «l’accumulation de deux problèmes techniques» (lire ce blogue pour les détails). Le questionnement sur les gestes à poser porte sur le fait de ne pas alerter la communauté pour rien, si la cause des problèmes d’accès n’est pas liée à la censure. Il faut s’attendre à de l’action à partir de lundi si cette hypothèse s’avère «la bonne». Déjà, sur la page «Censure en Tunisie», il est mentionné à la rubrique Internet que :
«Depuis le 23 novembre 2006, Wikipédia et tous les serveurs de la fondation Wikimédia sont inaccessibles depuis la Tunisie sans que l’on sache s’il s’agit de censure.»
À suivre…
* Lire le billet de Mouwaten Tounsi «« Mouwaten Tounsi » censuré depuis hier…» touchant à ce sujet.
Samedi, 19h10, je n’ai toujours pas accès à wikipeida… ça fait plus de deux jours maintenant…
Mario, c’est Tunisie, pas Tunésie 😉
Merci Houssein, j’ai corrigé le titre…
Est-ce que vous penchez pour l’hypothèse de la censure Kassus et Houssein? Savez-vous s’il est toujours impossible d’accéder aux pages de WP de Tunisie?
Bonsoir, il semblerai que Wikipedia vient tout juste d’être débloquée 🙂
Je me suis permis de rajouter un lien vers ce post dans mon article : http://mouwatentounsi.blogspot.com/2006/11/chirac-les-bloggeurs-tunisiens-veulent.html
si cela vous pose problème, n’hésitez pas à m’écrire : mouwatentounsi@gmail.com.
Quand tu as fini ce message par « à suivre », croyais-tu que ça signifierait « j’irai voir »?
http://www.marioasselin.com/archives/2006/12/shoukran_sidi_a.html
Vraiment, tu ne croyais pas si bien dire…
J’y suis actuellement et je poste ce commentaire par mon téléphone de la salle où se tient le colloque. Je me prépare à visiter une école. J’ai posé quelques questions à propos de Wikipédia et j’aurai bientôt des informations pour vous…
Vous comprendrez qu’il m’est arrivé à quelques reprises de cliquer sur un lien pointant vers Wikipédia quand j’ai eu accès à Internet d’un établissement hôtelier près de Tunis. Aucun problème, en aucun moment. Je suis allé un peu plus loin. Dans ma conférence, je me suis employé à nommer Wikipédia juste pour voir le non-verbal des gens. Je parle de Wikipédia dans la grande majorité de mes allocutions de toute façon. Pas de réaction particulière, alors que sur d’autres sujets, j’ai obtenu des réactions immédiates (l’utilisation de clavardage, par exemple).
Je suis allé un peu plus loin encore. J’ai interrogé des enseignants sur l’utilisation de Wikipédia. Une personne sur deux m’a dit qu’elle avait tenté d’accéder et que ça n’avait pas marché. Mon impression est qu’elle a imputé la faute à WP. L’autre personne ne connaissait pas trop le site.J’ai poussé ma chance et je suis allé voir une personne plus près du pouvoir ministériel. Je ne l’ai pas abordé de la même façon. Je lui ai dit qu’on m’avait déjà rapporté que l’accès à Wp ne fonctionnait pas et qu’elle pourrait beaucoup éclairer ma lanterne et celle des lecteurs de mon blogue si elle savait pourquoi. Son hypothèse était technique. Lorsque je lui ai fait part de la question de la fiabilité des renseignements sur l’encyclopédie, elle m’a semblé du type à avoir cette impression du projet de Wikipédia.
Mais pour moi, il y a une chose de claire: jamais je n’ai vu d’obstruction à la libre circulation de l’information pendant mon séjour. N’importe qui posait n’importe quelle question à n’importe qui. Chaque intervention était suivie d’une période de questions et quand des gens insistaient pour allonger cette période, souvent, ils avaient gain de cause. J’ai assisté à des échanges de points vue divergents et les positions du ministère étaient questionnés auprès de certains officiers présents. Normalement, simplement. Pas d’esclandre, pas de tension. Deplus, j’ai eu de nombreuse discussions sur ce sujet avec des gens qui me paraissaient capables de s’affirmer en public et pour elles, il n’y a pas de problème à dire ce qu’on pense en Tunésie. Le statut des femmes en particulier leur paraît enviable à plusieurs pays d’Europe sur des points comme l’obtention de postes de cadres, le droit à l’avortement et la question de l’égalité des sexes lors de problèmes matromoniaux.
Bref, pas de trace d’obstruction à la libre circulation de l’information.
En lisant ce billet (ci-haut), je constate que le site de Mouwaten Tounsi n’est effectivement pas accessible, par contre. Je suis sur le point de partir, je n’ai plus les personnes qu’il me faudrait pour reposer des questions par contre…
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
La censure est l’une des armes préfèré des dictatures, il suffit de la contourner avec la magie du net.
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La censure en Tunisie ne s’arrête pas que sur le web. Il existe aussi la censure de la liberté physique avec la détention injuste de Sameh HARAKATI. Découvrez son destin à travers son site Internet, la captivité d’une jeune femme qui donne un malaise à la démocratie tunisienne.
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