Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal sous forme de chronique dans l’édition papier du Journal de Québec.
Le projet de faire repeindre le pont de Québec revient dans l’actualité à chaque semaine, mais on ne sait plus trop qui devrait légitimement tenir le pinceau. Se serait-on fait peinturer dans le coin?
Lorsqu’elle a entendu parler l’automne dernier de l’offensive des maires de Québec et de Lévis pour que le Canadien National (CN) prenne ses responsabilités, la population s’est rangée derrière l’initiative.
Sondages à l’appui, les gens d’affaires de la région et les citoyens ont clairement affirmé qu’ils ne tolèrent pas que l’on abandonne à son sort l’infrastructure qui représente cette prouesse du génie civil québécois. Le revêtement appliqué sur une partie du pont de Québec au début des années 2000 ne tient pas. Notre pont se détériore et la situation est devenue intolérable.
Le coup d’éclat de la lettre adressée à Bill Gates pour faire appel au sens civique de l’actionnaire du CN nous a convaincu du sérieux ou du désespoir de MM Labeaume et Lehouillier, c’est selon.
La surprise d’apprendre qu’un des hommes les plus riche au monde était propriétaire de notre vieux pont était néanmoins rassembleuse.
#PaintYourBridgeBill
Les jours qui ont suivi ont démontré que les citoyens de Québec et de Lévis étaient prêts à appuyer les démarches des deux maires visant à mettre davantage de pression sur le CN. En octobre 2014, le Canadien National avait gagné sa cause en Cour supérieure contre le gouvernement fédéral. Les maires avaient intérêt à relancer le dossier rapidement sur une base plus populaire.
Fin novembre, on a entendu venir les premières critiques avec l’annonce d’investissements publics totalisant 100 millions de dollars. On n’était pas du tout préparé à mettre la main dans nos poches pour la réfection du pont. Les maires avaient bien vendu l’idée de faire payer la peinture au CN, propriétaire du pont de Québec. Certains se sont alors sentis floués de devoir contribuer à cette cure de jeunesse avec autant d’argent public.
À ce moment, l’appui populaire a alors commencé à s’effriter.
Des démarches qui n’en finissent plus
Depuis, les maires ont fait preuve de persévérance dans leurs démarches auprès du CN, mais le cœur de la population y est de moins en moins.
Tentative pour que le pont de Québec soit placé sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, achat d’actions du CN laissant croire à une prise de parole à la prochaine assemblée annuelle de la compagnie et plusieurs activités de mobilisation citoyennes… rien n’y fait. Le CN joue à cache-cache.
Or, repeindre le pont de Québec coûterait 400 millions. L’estimation des coûts par la firme Roche a beau être gonflée, le maire Labeaume se met en colère… et le point de saturation des citoyens est presque atteint.
On veut encore que le pont de Québec soit repeint, mais trop d’intervenants donnent l’impression d’un marché de dupes.
La politicaillerie a pris le dessus sur la raison. Les gouvernements et le CN semblent se dire « dupons » les citoyens, alors que la population se sent seule à se préoccuper « du pont » des citoyens.
On a de plus en plus l’impression de lire une bande dessinée de Tintin.
Mise à jour du lendemain: «Labeaume ne fait plus confiance à la firme Roche», il demandera sa propre étude et Stephen Harper pense que «le CN fuit ses responsabilités».