Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Près de 40% des signalements acheminés aux directeurs de la protection de la jeunesse (DPJ) ont été retenus en 2014-2015. En date du 31 mars 2015, 30 093 enfants au Québec «ont fait l’objet d’au moins un signalement retenu, une augmentation de 4,1%». C’est beaucoup, non ?
Les abus physiques et la négligence sont les deux principales problématiques en cause.
À tous les jours au Québec, 238 situations laissant entendre que des enfants pourraient avoir besoin de la protection du DPJ sont rapportés. C’est à la fois épouvantable et rassurant…
C’est sans compter le genre d’agression qui fait la manchette depuis quelques jours. On doit redoubler d’ardeur et de vigilance, il va sans dire…
On peut se dire que le bilan publié aujourd’hui par les centres jeunesse du Québec rassure parce qu’il montre que notre filet social fonctionne pour un très grand nombre d’enfants.
Par contre, l’important bond des cas de signalements laisse croire que des problèmes liés à la santé mentale et à la pauvreté sont peut-être en cause. C’est une hypothèse.
À moins que ce soit la tolérance de la population envers la maltraitante d’enfants qui aurait diminué, entraînant une augmentation des signalements. Faudra voir.
À Québec, on parle de plus de 13% d’augmentation. Compte-tenu de notre bonne performance économique, on pourrait penser que c’est donc l’hypothèse d’une moins grande tolérance qui serait celle à privilégier.
Reste qu’on ne peut prendre aucune chance. «Ça fait longtemps qu’on martèle à la population en général de signaler les situations à la Direction de la protection de la jeunesse et quand les gens le font, ce n’est pas moi qui vais les critiquer de le faire», explique Dominique Jobin (directrice de la DPJ pour la Capitale-Nationale).
Elle a bien raison.
Par l’entremise du communiqué émis par les DPJ-DP, j’ai pu avoir accès à une vidéo où des enfants expliquent ce dont ils ont besoin. Ce n’est pas si compliqué, pourtant. De forts beaux témoignages…
Le sujet de la protection à accorder aux enfants, celle des enfants des autres comprise, est à la fois crucial et sensible. J’aime à penser que pour quelques cas où on ne «s’est pas mêlé de ses affaires», il y a toutes ces fois où notre vigilance et notre intervention a changé positivement la vie d’un enfant. Pour distinguer les deux, il faut partir du principe que ce n’est pas à chacun de nous de vérifier si la sécurité d’un enfant est vraiment compromise par ce qu’on voit ou entend.
Signaler, c’est protéger.
Devant la violence et les abus, les enfants deviennent généralement silencieux. Notre voix peut faire une différence.
La hausse constante des signalements ne doit pas pour autant être interprétée comme nécessairement rassurante. Il faut trouver les moyens de renverser cette tendance et pour ce faire, nous devons maintenir les yeux et les oreilles bien ouverts(es).
Quand tout le monde sait dans un milieu que la population a à coeur la protection des enfants, on trouve plus facilement les ressources pour les encadrer comme ils en ont besoin.
Objectivement, tout le monde veut ce qu’il y a de meilleur pour ses enfants.
«Depuis la mise en place de la Loi sur la protection de la jeunesse en 1979, les signalements ont connu une hausse de 189 %. Un signe que la maltraitance mérite toute notre attention.»
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