Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».
Les propos de François Legault à l’effet que le poste de leader parlementaire ne pouvait plus être détenu par Gérard Deltell après l’élection d’avril 2014 histoire de bien maintenir la cohésion dans le caucus de la Coalition avenir Québec (CAQ) ont beaucoup fait jaser dernièrement.
Comment interpréter toute cette attention sur la rétrogradation de Gérard Deltell, plus d’un an après que cette décision ait été prise ?
Il est probablement légitime de se demander si la défaite de la CAQ dans l’élection partielle du 8 juin dernier explique que resurgissent dans l’actualité quelques détails entourant les changements de fonctions parlementaires de l’ex-député de Chauveau.
Je suis plutôt porté à croire que c’est son départ pour la politique fédérale qui agit de manière à ce qu’on analyse de plus près son parcours à l’Aile parlementaire de la deuxième opposition.
Et il est probable que le sujet revienne à l’avant-plan au mois d’août…
François Legault a toujours défendu Gérard Deltell
J’étais employé à l’Assemblée nationale pendant une bonne partie de la période où Gérard Deltell occupait la fonction de leader parlementaire à la CAQ et je suis bien placé pour commenter la situation.
Le poste de leader étant ce qu’il est, il arrive que des députés n’obtiennent pas le «temps de glace» qu’ils souhaiteraient avoir sur «la patinoire» que représente la période de questions ou à d’autres moments de visibilité parlementaire. C’est normal.
C’est le leader parlementaire qui reçoit le premier les doléances de ceux qui se sentent injustement traités et bien-sûr, quand un député n’est pas satisfait, il peut toujours aller voir le chef ou l’entourage proche du chef.
Je peux témoigner du soutien constant, au fil du temps, que François Legault a offert à Gérard Deltell à ces moments.
Je n’étais plus en poste quand la décision de muter le député de Chauveau à d’autres fonctions, mais je ne serais pas surpris d’apprendre que Gérard avait pu lui-même demander ce changement ou à tout le moins, qu’il était plutôt en accord avec la décision prise par François Legault.
C’est mon interprétation bien personnelle des évènements, bien entendu.
Le vent tourne pendant la partielle dans Chauveau
Gérard Deltell a beaucoup fait parler de lui pendant cette élection partielle, étant au centre de plusieurs conversations. La candidate libérale a été très habile dès le début de sa campagne en se déclarant «pro Gérard, l’homme», disait-elle.
La décision annoncée par Gérard Deltell de rester neutre pendant la campagne a elle également fait l’objet de plusieurs commentaires. Certains ont pu croire qu’elle avait été prise parce qu’il y avait du ressentiment du côté de l’ex-chef de l’ADQ, la perception qu’il aurait pu avoir été «tassé» par François Legault s’installant doucement, au fil du temps. Les radios de Québec et quelques chroniqueurs qui œuvrent dans des journaux imprimés ont accentué cette perception.
Gérard Deltell a rencontré tous les candidats et, de ce que j’en sais, il n’est intervenu qu’une fois dans le contenu de la campagne (contre le chef du PQ), pour remettre les pendules à l’heure quand on a insinué que les électeurs de Chauveau n’avait rien obtenu de lui comme député de la CAQ.
Depuis que Véronyque Tremblay a remporté l’élection, François Legault passe dans certains milieux pour un chef qui exprime du ressentiment envers Gérard Deltell.
J’ai lu des expressions comme «il se vide le cœur». Franchement, ça me fait rire.
On a posé la question des circonstances de la démotion de Gérard Deltell au chef de la CAQ au moment de faire le bilan de la fin de session et il a répondu.
Il aurait pu cacher les tensions normales qui existent dans un caucus, mais il a choisi de dire la vérité.
Gérard Deltell est maintenant chez les conservateurs.
Véronyque Tremblay a repris «le local de Gérard Deltell dans Chauveau en plus d’embaucher la responsable de l’accueil qui était en poste sous la Coalition avenir Québec». Elle affirme même vouloir poursuivre «dans la continuité»… (source).
Je crois qu’on peut passer à autre chose, plutôt que chercher des problèmes là où il n’y en a pas.
Gérard Deltell était un député apprécié de tous et comme leader parlementaire, il ne faisait pas l’unanimité. Rien de plus normal qu’il y ait eu remplacement, compte tenu des résultats électoraux de la campagne de 2014 qui a fait perdre des circonscriptions à la CAQ dans la région de Québec dont Gérard était le responsable.
Souhaitons bonne campagne fédérale à Gérard Deltell et félicitons Véronyque Tremblay d’avoir su définir l’ex-député de Chauveau comme étant un de ses alliés.
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