Je suis directeur d’école au primaire. Je ne sais pas comment je me sentirais si j’oeuvrais au secondaire suite à la troisième parution du bulletin des écoles secondaires du Québec, mais une chose est sûre, j’aime mieux être « dans mes souliers » actuellement. Non pas que je ne sois pas fier de mes collègues qui sont dans les écoles du haut de pavé. Ils n’ont rien à voir avec le classement fait par les auteurs et exploité par la revue l’Actualité même s’ils ont beaucoup à voir dans les excellents résultats que leurs élèves obtiennent.
Le problème est que je me sens tout aussi fier (sinon plus) des collègues ouvrant dans les écoles du bas de la liste. Le contexte de cette publication n’aide en rien leur travail car la plupart des parents que je connais apprécient que leurs enfants soient dans un environnement le plus stimulant possible. Apprendre par un outil bien perfectible (je suis poli) que son enfant se retrouve dans une école « mal classée » dans ce « palmarès » peut faire croire que l’environnement de cette école n’est pas stimulant car les élèves y obtiennent de moins bons résultats.
Cette « équation » est fausse dans la plupart des cas parce qu’une bonne école n’est pas qu’une école où les élèves y obtiennent de bons résultats ! C’est ici que le bas blesse; on n’a pas de définition de ce qu’est une bonne école. Nous sommes donc tous « condamnés » à accepter ce palmarès parce qu’il prend toute la place (médiatique) en matière de reddition de compte.
Je suggère beaucoup de méfiance (il semble que je ne sois pas seul à penser ainsi) vis-à-vis cet outil qui a bien quelques bonnes retombés dont celle de faire poser la question « qu’est-ce donc qu’une bonne école ? » En attendant une meilleure réponse que celle que je vous propose un peu plus bas, je me dis qu’il devient important de nommer que l’ampleur de cette opération qu’est la parution du document cause plus de mal que de bien !
Parmi les impacts négatifs, je suggère la croissance des tensions existantes entre les tenants des deux réseaux d’éducation au Québec, le découragement possible de certains membres du personnel travaillant dans les écoles classées à un rang qui n’est pas bien perçu et la fausse certitude de certains autres chez qui leur « classement » procure un sentiment de confort et de sécurité envers des pratiques pédagogiques axées exclusivement sur des résultats et qui, dans la même foulée, justifient l’emploie de moyens « douteux » aux fins de l’obtention de ces mêmes résultats.
La meilleure école pour un enfant et un adolescent est celle qui crée chez lui le sentiment personnel qui lui appartient et qui lui fait dire « qu’il fréquente (ou qu’il a fréquenté) la meilleure école qu’il lui est possible de fréquenter… »
Ce sentiment naît beaucoup plus souvent qu’on peut penser dans la tête d’un jeune et veillit bien, généralement. Il naît, il se développe et il demeure, par la qualité de l’attention que lui prête un ou des adultes d’une école !
Excusez-là !
Merci pour ce billet, il me fait réfléchir et constater que ce rapport de classement est construit sur des bases idéologiques capitalistes en somme. L’école n’est pas une usine à enfants, ou les principes de qualité totale, de productivité et de performance à tout prix doivent régner.
J’ai trois enfants à l’école primaire, chacun avec ses forces et ses faiblesses. Jamais un de mes enfant n’a vanté les mérites d’un(e) professeur(e) qui lui donnait la chance d’avoir des meilleures notes… ils me racontent toujours par contre les attentions, les petites découvertes, leur progression, leur émerveillement et même leur ennui certains jours.
Finalement, pourquoi on veut mesurer l’école? Malheurement je pense que c’est parce qu’on veut (comme société et comme parent) se déculpabiliser de ne plus s’occuper de l’éducation de nos enfants. Alors on magazine le meilleur « produit d’éducation » si on en a les moyens ou on se plaint que les moyens mis à notre disposition sont truffés de lacunes.
En tout cas, je ne pensais pas me lancer dans cette réflexion ce matin, merci pour le texte. Depuis 2 ans les weblogs ont remplacés la presse du samedi matin et j’apprécie énormément de pouvoir lire des textes écrits sur un ton personnel, de découvrir de nouvelle idées, d’enrichir mes perspectives avec le regard éclairé des intervenants d’un milieu.
Je suis tout à fait d’accord avec vous. Je suis étudiante au Cégep et j’ai fréquenté une école privée se trouvant dans le coin de la 300e position. D’accord peut-être que la moyenne des notes des élèves mérite cette position, mais en ce qui concerne l’école, jamais pour rien au monde je ne souhaiterais être allée dans une autre que celle ou je suis allée. J’ai adoré mon secondaire et je suis certaine que ces cinq années resteront toujours l’une des plus belles périodes de ma vie. Spécialement grâce à la merveilleuse école que j’ai fréquenté; où je me sentais en confiance et entre bonnes mains et où je me sens encore chez-moi lorsque j’y retourne.
J’étais justement à la recherche de la meilleure école pour mon enfant et pour moi, la meilleure école prendra soin de mon enfant et lui donnera le goût d’apprendre tout en lui permettant de découvrir le monde qui l’entoure.
Je ne veux pas que ses divers talents soient gaspillés à être assis sure une chaise à faire l’éponge. Un A+ ne veut rien dire pour moi. C’est le développement globale de la personne qui compte.
Je trouve que les écoles francophones enlèvent le goût d’apprendre par leur quête d’excellence et un contrôle étouffant. Pour leur part, les écoles anglophones, ne poussent pas assez et il y a beaucoup de laisser aller.
Pas possible d’avoir un juste milieu sain pour nos enfants?
Pourtant, on ne se gène pas de reprocher ces mêmes facteurs aux parents. Pour ce qui est des écoles, tout semble permis. Violence psychologique de la part d’enseignantes, manque d’attention envers les enfants, favoritisme etc .. Si un parent devait faire cela ! ouch .. et pourtant, les enfants passent la grande partie de leurs journées à l’école et les enseignantes ont une influence primordiale sur leur développement.
Enfin, une bonne école est comparable à une bonne famille, tout comme mentionne Sylvain.
Un bon film qui illustre bien ce que l’on dit, c’est «Écrire Pour Vivre»
Une vraie enseignante qui a compris comment stimuler ses élèves. C’est très touchant d’ailleurs.
Merci pour votre commentaire Soleil qui réactive un billet écrit dans les débuts de ma démarche de blogueur…
J’imagine que vous voulez parler du film «Écrire pour exister». Dans ce film, on évoque le «pouvoir» de l’écriture et moi aussi, je le recommande à tous ceux qui se passionnent pour l’éducation!
La difficulté de ce palmarès, c’est qu’il compare des écoles et non des élèves. Ce qu’il faudrait pouvoir faire, c’est de regarder les parcours d’élèves au potentiel semblable. Vont-ils plus loin parce qu’ils fréquentent une école plutôt qu’une autre? On ne peut pas comparer les écoles parce que nous avons décidé comme société de créer des situations qui font qu’au départ les écoles n’ont pas un même mélange d’élèves forts, moyens et faibles. À la limite ça pourrait fonctionner si les écoles qui n’ont pratiquement plus d’élèves forts avaient beaucoup plus de moyens (entre autres de ressources professionnelles) de faire progresser leurs élèves faibles. Il se trouve que ces écoles sont dans le secteur public, donc on blâme le secteur public. Beau raccourci !