« La confiance est la capacité enfantine
d’aller vers ce que l’on ne connaît pas
comme si on le reconnaissait. »
C’est de Christian Bobin. Cette citation m’accompagne depuis que j’ai accepté de devenir directeur de l’Institut St-Joseph. Aujourd’hui, je le vis… J’ai vraiment l’impression de me diriger vers ce que je ne connais pas comme si je le reconnaissais. Suis-je redevenu un enfant ?
Une chose est sûre, l’expérience des cyberportfolios commence sur « des chapeaux de roues »… Je l’ai confié à Clément : j’ai peine à m’exprimer sur le sujet depuis dix jours; trop plein…
Cela déborde le cadre strict du programme CARRIERE. Je pourrais discourir sur ce volet de notre expérience pédagogique, mais ce qui me vient de plus précieux concerne l’usage des cyberportfolios. Je laisse monter !
L’expérience du partage
La partie la moins visible de nos outils de publication est celle qui est la plus percutante pour l’instant : La salle des profs virtuelle ! Dix auteurs, cinquante entrées, cinquante-sept commentaires, dix jours de publication… Chaque fois que mon agrégateur attire mon regard sur un nouveau billet de ce carnet privé (pour adultes), le coeur me débat ! De la simple demande d’information en passant par un commentaire d’appréciation ou par une question, c’est beau de voir la vie d’équipe se créer… Le temps de réponse est court, le verbe est facile : je vois réfléchir des pédagogues. Je vois des risques se prendre, de l’aide se présenter, des doutes s’exprimer, des idées s’élaborer ! Et ce n’est que le début. Ce n’est sûrement pas un hasard si une enseignante suggérait d’en étendre l’accès au plus grand nombre de profs de l’Institut, histoire de voir s’écrire un pan de l’histoire de notre belle école… Demande faite dans le dernier billet publié aujourd’hui. À suivre de près.
La partie visible n’est pas moins intéressante. Le projet de sciences est en marche et génère déjà de belles prises de conscience sur le carnet de classe. Le premier message aux parents est sans équivoque. Une tâche à accomplir y est expliquée. Une question est posée par un élève et même le papa a déposé son grain de sel… De toute beauté !
À ce moment-ci, des questions de grandes importances surgissent ! Doit-on laisser publier dans les espaces publiques des écrits contenants des imperfections (fautes, par exemples) ? Ne devrions-nous pas diriger systématiquement les élèves vers la publication « en privé », tant que la production ne sera pas « de haut niveau » ? Quelle stratégie procurera-t-elle de meilleurs apprentissages ? Doit-on avoir peur d’être vulnérable en permettant que des jeunes « en cours d’apprentissage » montrent à la face du monde leur niveau du moment. Quel seront nos interventions, nos politiques à ce sujet ? Autant de questions sans réponse pour l’instant; je sais qu’on ne perd rien pour attendre…
Une certitude en passant : j’ai posé un geste crucial en trouvant les sous ($) pour libérer chaque enseignant d’une portion de sa tâche pour « réguler » et « construire » l’outil du cyberportfolio; sans cela, l’expérience aurait pu très mal décoller par manque de temps. Chacun se sent à l’aise de « perdre du temps » à s’approprier l’outil (console + carnets Web). J’ai bien aimé l’idée des enseignants de se répartir les élèves pour qu’on augmente les chances de chaque élève de recevoir du feedback sur ses premières expériences de publication.
J’y reviens : pourquoi cela m’a-t-il pris autant de temps avant de pouvoir nommer ce que ça me faisait de voir se construire le contenu des différents espaces de publication (et ce n’est rien comparé à ce que ce sera dans six mois !) ? Je suis ému, certes. Aussi, comme homme, je suis à la fois gêné de montrer des émotions qui témoigne d’une certaine fierté de voir défiler une telle réussite (si prématuré soit-elle) et aussi inquiet de voir cela tomber d’un coup sec en ayant trop rapidement « consacré » le filon qu’est le travail à partir de cet outil. Plus simplement, j’étais noué et gavé de voir cela démarrer de cette façon.
Des coups de coeur
-Celui de voir la coloration affective chez les profs quand je les aidais à installer le fichier (souscriptions XML) préparé par Clément qui rendait l’agrégateur NetNewsWire fonctionnel avec les 84 carnets mis à jour en quelques secondes
– L’interaction du groupe dans la salle des profs virtuelle comprenant la contribution de Véronique (de l’U. de L.) qui est venue rapidement nous apporter sécurité dans le projet de créer un conseil de coopération à 41 !
– Le regard des élèves « pendus » aux lèvres de Luc-André pendant une « démo » visant à s’approprier l’outil. Pas tant impressionnés que « avides de savoir »…
Des défis
– Maintenir le rythme. Ne nous faisons pas d’accroire; ça ne sera pas euphorique comme cela tout le temps…
– Peu de contribution sur les espaces publiques des profs; quoi penser de cette état de fait ?
– Conserver l’intensité et l’ouverture vis-à-vis des questions à se poser et des gestes de support à poser.
Une évidence !
– La communauté d’apprentissage se forme…
N.B. English tentative of follow-up here !
Intéressant compte rendu. Il y a tellement de choses à observer: p/r à l’emploi réel qui est fait de l’outil, p/r aux conversations naissantes, p/r aux réflexes de publication, p/r à l’impact dans le quotidien d’un modèle de « publication » plutôt que de « transmission » (ex.: communication via courriel), etc.
Je conserve pour ma pars mes premières réflexions à un peu plus tard. Quelques jours encore! 😉
Bonjour,
Je suis un écrivain québécois qui désire faire un stage de formation à Lyon espérant renconter M. Christian Bobin comme ressource conseil. Comment lui communiquer mon intention, je n’ai acune coordonnée pour le rejoindre. Quelqu’un peut-il me donner une piste?
Merci infiniment.
Pierre beauchense
375, rue Kennedy Sud
Sherbrooke-Québec-Canada.