Le chroniqueur est en forme !

Foglia est en grande forme dans sa chronique d’aujourd’hui. Son propos est cru, sa verve percutante et le ton, comme à l’habitude, un brin insolent envers la position officielle de la technocratie dirigeante ! Un extrait :
« Ils – les hauts fonctionnaires du ministère de l’Éducation et leurs conseillers dans les universités, les décideurs, les théoriciens de la réforme – vont trouver un moyen de rendre parfaitement compréhensible ce bulletin tout en le formatant dans l’esprit de la réforme évidemment, et tout en laissant aussi aux commissions scolaires la liberté de l’exprimer par une cote ou une note ou ce que vous voudrez. Ils – les mêmes que tantôt – n’en ont rien à foutre en autant que cette note ou cette cote évaluera bien des compétences et non plus des savoirs comme avant. C’est justement de cela que vous devriez vous inquiéter. Non pas de la forme que prendra ce bulletin, mais de ce qu’il évaluera sur le fond. »
Évidemment, c’est agréable à lire (sauf si on est directeur d’une école qui fait apprendre les mathématiques (et les sciences) par les projets de construction de cabanes d’oiseaux, entre autres stratégies…). Foglia a le don de mettre le doigt sur l’essentiel. Comparer, pas comparer, notes ou cotes; tout cela est bien secondaire à côté du principal enjeu de la réforme, le programme par compétences…
Pause !
(Qu’est-ce que je suis en train de faire moi-là ? Critiquer un papier du « pape de la chronique » ? Nommer en quoi je suis de son avis et en quoi je ne partage pas son point de vue ? Dénoncer son préjugé pour le paradigme de l’enseignement, faire l’apologie de son érudition ou simplement, nommer que j’ai passé un bon moment à le lire et un encore meilleur à y repenser ? C’est bien beau de se parler sur un carnet web en cherchant à construire du sens, mais ça n’autorise pas à se colleter aux sommités du journalisme d’opinion… Continuons quand même un brin, juste pour voir… plus clair !)
Retour…
Il n’y a pas eu de débat de société sur cette question et Foglia s’emploie à nommer d’autres sujets beaucoup moins important qui méritent de sempiternelles consultations (virage à droite au feu rouge, appartenance au Canada, etc.). Il évoque même la possibilité de se tromper en questionnant la pertinence de « se laisser imposer aussi benoîtement un credo qui touche à sa langue, à sa manière d’appréhender le monde, à son rapport à l’objectivité, à la création, à la connaissance, à sa morale, qui touche à son être. »
Re-pause.
(Bon là, faudrait que j’y pense deux fois avant d’avancer plus avant… Je me vois venir ! Je suis sur le point de dire que celui dont je partage l’opinion la plupart du temps, erre. Est-ce par manque de recul parce qu’il est question de mon domaine professionnel ? Est-ce par besoin d’affirmation ? Est-ce tout simplement parce que ses arguments sont simplistes ? Je me dois de le dire, si Foglia est « dans le champ » cette fois-ci !)
Re-retour.
Foglia n’aime pas avoir raison, c’est connu… Le problème ici est qu’il a raison sur plusieurs points… sauf sur l’essentiel ! Il n’a jamais été question de « passer de la transmission des savoirs à la transmissions des compétences. » En tout cas, ma compréhension de la réforme (qui peut prétendre en comprendre toute les subtilités ?) ne m’indique en rien qu’il soit question de transmettre des compétences et d’arrêter de transmettre des connaissances…
En ce qui me concerne, je vise encore (réforme ou pas) à ce que les élèves deviennent connaissants et savants. Aussi, je désire tout mettre en oeuvre pour qu’ils puissent mobiliser ces connaissances acquises dans des contextes authentiques démontrant qu’ils savent agir au contact de tâches signifiantes. De cette façon, je contribue à hausser le niveau de ce qui est demandé aux élèves. Je ne me contente pas de vérifier ce qu’ils savent, je veux aussi vérifier s’ils sont capables de se servir de ce qu’ils savent dans le bon contexte, dans la bonne situation au service de la résolution d’une tâche complexe et réelle qui fait du sens pour eux. Je veux pour eux qu’ils soient capables de transfert de connaissances, de construction de sens !
À l’Institut, nous apprenons à faire apprendre de cette façon et nous apprenons aussi à évaluer ces apprentissages. Nous avons aussi à apprendre comment transmettre ces évaluations pour que les parents comprennent, qu’ils s’y retrouvent !
Je ne me laisserai pas impressionner par mon chroniqueur préféré même quand il écrit sur des sujets qui m’émeuvent ! J’aime sa position sur « les enfants moules » (vieille chronique). J’apprécie ses analogies sur les hyènes et je souhaite qu’il continue à s’insurger contre toutes tentatives de faire diminuer le niveau de ce qu’on apprend à l’école. Mais je ne le laisserai pas se moquer de la formation qui intègre les compétences sans me dire que là-dessus, il ne me fait pas rire !
Fin.
(Ouf ! C’est dit ou plutôt, c’est écrit… Mon seul problème réside dans le fait que les maux de Foglia ne se trouvent pas sous un hyperlien accessible. L’écriture web perd de sa substance quand on ne peut se promener de page en page pour voir de quoi il s’agit… Je ne pousserai pas « ma chance » jusqu’à publier sous l’hyperlien plus bas, la chronique du « maître » de la page A5 de ce jeudi, 30 octobre 2003 ! C’est bien dommage pour ceux qui me lisent…)