Via le capitaine (qui traverse une mauvaise passe carnetière, incidemment; un espèce de « blues post-croisière néo-cybernarcissien » !), je suis tombé sur un billet très passionnant qui m’a donné l’envie de faire le point sur ce que j’observe en lien avec le « phénomène-cybercarnet » combiné à celui du RSS. D’abord un extrait du billet de Loïc Le Meur :
« Au risque de passer pour un fou, j’ai retenu une citation essentielle de mon brainstorming avec Howard Rheingold et je la partage: « le phénomène des blogs est aussi important que la révolution de l’imprimerie ». »
Comme hypothèse de départ, on peut difficilement demander quelque chose de plus percutant ! Alors, puisque je mène « une expérience terrain » (comme dirait nos cousins) depuis quelques mois, le temps est peut-être venu de nommer quelques observations… Allons-y !
Force est d’admettre qu’en ce moment, il se passe des drôles de phénomènes. Du côté des élèves du troisième cycle, la vie de pavillon se déroule différemment. J’animais le vendredi magique vendredi dernier; comme à mon habitude, je me suis lancé dans une envolée oratoire leur décrivant l’importance de continuer le travail autour de leur capacité d’innover et de s’adapter au monde autour d’eux. Après les avoir interrogé sur leur choix d’école secondaire (les jeunes de 6e année), je souhaitais les sensibiliser sur les enjeux de ce choix. Avant de terminer, une jeune fille a levé sa main et m’a demandé :« M. Asselin, pourquoi nous parlez-vous de cela aujourd’hui ? Ma réponse n’a pas vraiment d’importance dans l’assertion que je m’apprête à faire… L’idée est la suivante.
Depuis que je suis au primaire (j’ai passé quinze ans au secondaire avant d’être à l’Institut) je suis fasciné par le réflexe qu’ont les enfants de tenter de deviner ce qu’on veut entendre. Chaque fois que je m’adresse à eux dans le but de commencer un dialogue, si court soit-il, je les entends penser : «qu’est-ce qu’il (en parlant de l’adulte) voudrait bien entendre qui servirait bien ma cause ?». Avec les adolescents aussi, je ressentais ce phénomène parfois, mais avec moins d’intensité. Depuis le début de l’année, avec les plus vieux, plus vieilles, je constate un nouvel esprit, une nouvelle dynamique. Une espèce d’envie de s’affirmer davantage et d’entretenir un réel dialogue, une conversation. L’anecdote du vendredi magique va dans ce sens, il me semble.
S’il n’y avait que cela… J’attendrais avant d’avancer qu’on est peut-être au début d’une ère de changements. Prenons ce dialogue sur l’espace de la classe CARRIERE. Dix élèves différents y participent. Où cela va-t-il nous mener ? Je vois ce carnet d’élève, cet autre billet et celui-ci également et je me dis, ce n’est pas une expérience banal que de partager et d’échanger de cette manière, par écrit.
Et puis, il y a aussi l’avénement du CREDO et du MODUS OPERANDI. Et puis ce billet à propos du conseil de coopération. L’outil du cybercarnet me semble porteur de nouvelles possibilités quand on pense que des jeunes de dix et onze ans apprivoisent la conversation publiée dans un contexte pédagogique.
S’il n’y avait que cela… Je reçois depuis trois semaines une multitude de demandes d’aide sous forme de questions (par courriel), d’étudiants universitaires qui scrutent notre démarche et qui me demandent presque tous les mêmes questions :
– « Pourquoi avez-vous fait le choix du blog en tant qu’outil pédagogique ? »
– « Par ailleurs, exercez-vous un contrôle des informations avant leur mise en ligne par les enfants ? »
– « J’essais de trouver des écoles ayant de bonnes performances scolaires (et je suis impressionné par les vôtres). Je souhaiterais avoir votre opinion. Mon travail de recherche fait le lien entre cette réussite et le type de gestion (participative, directive ou autre?) de la direction et la motivation du personnel. »
– Etc.
Des dizaines de demandes. Et pourtant, j’en suis à ma 21e année de pratique. Plus de demande d’aide en un mois qu’en vingt ans ??? Je ne parle pas des endroits où on me demande d’intervenir (colloques, atelier, formation). Je ne dis pas cela pour me montrer important… Je constate que ces « symptomes » veulent peut-être dire que le travail à partir des outils des cybercarnets et du RSS intéresse et risque de se multiplier ?
S’il n’y avait que cela… Je ne parle pas des multiples échanges dans la salle des profs virtuelle et des conversations de personne à personne que nous avons sur le sujet de la pédagogie associée à l’utilisation des cyberportfolios. Cette semaine, encore deux nouveaux profs ont « embarqué dans le bateau » (1, 2) et deux autres s’apprêtent à le faire. Et » le plus drôle », c’est que les enseignants me demandent de les former à l’utilisation de l’outil plutôt que de prendre part à d’autres formations extérieures à l’école en lien avec les nouvelles approches pédagogiques. Le rêve de tout directeur : obtenir une invitation à former plutôt que de devoir « forcer la note ».
Mais tout n’est pas nécessairement rose dans la visière du directeur que je suis. L’expérience est encore bien jeune. Je me prenais à répondre ceci à une étudiante « du vieux continent » (elle me demandait : «Par rapport à votre expérience, quels problèmes avez-vous rencontré ?») :
« C’est un aspect de mon expérimentation que j’ai moins documenté… Le principal obstacle dans mon objectif de « propagation de l’utilisation » des cybercarnets (surtout les carnets personnels car pour les autres, cela s’est bien passé) est relié au temps potentiel consacré « à nourrir la bête » comparé aux bénéfices anticipés. Les gens s’imaginent que je mets un temps fou dans l’exercice de tenir un carnet et c’est en partie une vérité… Ils ont parfois peine à s’imaginer pouvoir faire la même chose compte tenu que je publies souvent après 10 h 00 le soir et les fins de semaine… aussi, tant qu’on a pas tenu « pignon sur web », il est difficile d’en mesurer « les gains » professionnels et personnels. Aussi, je crois que parfois, il y a une certaine gêne à plonger de cette façon dans une démarche où on s’expose, où on affiche ses forces, ses doutes et ses faiblesses. Il y a, en même temps, une attirance pour la diffusion de la connaissance ou de son expertise, mais aussi, une peine à imaginer que cela en vaudra la peine, qu’on sera pris au sérieux, que ça ne fera pas trop prétentieux ou même, qu’on ne fera pas rire de soi… Enfin, il y a probablement une partie des résistances à débuter l’expérience qui est du côté des aptitudes techniques. Même si je répète souvent que n’importe qui peut se servir des cybercarnets, les gens sur-estiment les compétences à posséder« .
Et s’il n’y avait que cela… Je ne parle pas de ce que Loïc Le Meur décrivait tout à l’heure, de ce que Clément prépare pour le prochain congrès des TIC de la FEEP et des prochains développements dans le dossier de Québec cité éducative. (Parlant de Clément, il est plutôt absent côté carnet, mais tellement présent côté actions concrètes…)
Et s’il n’y avait que cela…
Il me semble qu’on soit bien plus près de la révolution que du coup d’épée dans l’eau… Pour ce qui est de l’utopie, je ne peux pas l’écarter encore ! À suivre sur ce carnet, peut-être…
Mise à jour de début de nuit (23/11/03): Howard Rheingold lui-même nuance la citation du début dans les commentaires de ce même billet de M. Le Meur à l’invitation de M. MédiaTIC !
Deuxième mise à jour du 23/11/03 : Pointblog.com résume adéquatement l’article du PC magazine cité dans le bas de la page du billet du capitaine, « Co-opting the Future » de John C. Dvorak.
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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La phrase citée de la bouche de Howard Rheingold m’a vivement étonné. J’ai traduit la citation à Howard qui a apporté des précisions.
Le problème, c’est qu’il est difficile d’extraire une phrase d’un contexte discursif de quelqu’un de prolifique oralement comme Rheingold.
C’est d’autant plus difficile de parler de Rheingold et de ses écrits parce qu’une infime partie des gens qui en parle ont lu ses ouvrages (non disponibles en Francais).
Le billet de Loïc pouvait laisser penser que Rheingold s’intéressait principalement aux Carnets Web ce qui n’est pas le cas du tout ; ce n’est pas l’objets de ses recherches et de ses écrits.
Il est bien que Howard ait voulu préciser ce qu’il entendait exactement… Apres tout, ce sont les vertus des cybercarnets que de pouvoir entamer la conversation 😉
Un coup d’épée dans l’eau, j’espère que non.
Voici un projet que je développe en collaboration avec l’école J.M.Robert de St-André Avellin:
http://www3.lino.sympatico.ca/geebee/jmrobert/accueilf.htm
Un carnet/forum dans chaque liens (colonne matières) serait idéal pour la création collective.
Vos commentaires, suggestions, critiques, sont bienvenues!
D’entrée de jeu, je dirais que le site est attrayant, invitant ! L’idée que « son contenu soit produit entièrement par les élèves eux-mêmes » est certes, prometteuse. Les rubriques apportent un cachet ambitieux au projet; c’est une vitrine qui donne le goût d’entrer. Maintenant, il faudra voir la pédagogie s’activer pour que tout cela ne prenne pas la tangente « trompe-l’oeil », mais plutôt celle d’un « régal des apprentissages » !
Bonnes chances à l’équipe… et merci pour le petit bouton dans le bas, à gauche; vous me flattez.