Je bâille, tu bâilles, nous bâillons !

Soirée de politique… Je suis avec mon grand de vingt ans et nous assistons au « spectacle » qui se tient à l’Assemblée Nationale. Il y est question de bâillon, mais force est d’admettre plutôt qu’à l’écoute, nous bâillons.
Pourtant la soirée s’annonçait palpitante. Le leader de l’opposition officielle obstruait le plan de match du gouvernement en forçant le débat de l’irrecevabilité de la motion suspendant les règles de procédure en matière d’adoption de la législation… Le Président de l’Assemblée est hésitant une bonne partie de la soirée. Tout cela me donne l’occasion de discuter politique avec mon garçon, chose rare !
La table est mise. Le débat restreint commence pour un bon deux heures. Le leader parlementaire de l’opposition titille encore le Président avant que ça commence avec une autre question d’interprétation. On discute dans mon salon des stratégies employées. Première intervention : le ministre Couillard (il vient de recevoir un « A » dans son bulletin). Le ton est monotone. Il sait de quoi il parle; on se dit que le prochain intervenant devra changer le rythme pour qu’il se passe quelque chose !
Ça y est… Le PQ sort les gros canons : le Chef ! Un bon vingt minutes où il passe par Machiavel pour nommer la grogne en dramatisant comme il faut. Nous jubilons; la partie est bien engagée. On se dit que le Parti Libéral va nous envoyer un intervenant de calibre…
Zut ! Pendant l’intervention de la ministre de la Famille, on discute de l’à-propos des projets de loi en cause; c’est vous dire qu’elle ne nous a pas intéressé beaucoup. Suit, un député « indépendant » (c’est comme cela qu’ils nomment les gens de l’ADQ). Ça me donne une occasion de parler de la triste situation dans lequel « Super Mario » se retrouve… Le député Picard plante d’ailleurs le PQ plus qu’il ne dénonce le bâillon; on le comprendra, ils semblent être les responsables des maux de « sous-représentation adéquiste ».
Le débat ne lève pas bien fort dans les deux interventions qui suivent. Le député Arseneau et le ministre du Travail s’échangent des politesses au sujet de qui a commencé le premier à bâillonner l’autre. Pendant ce temps-là, on fait le tour des enjeux qui ont conduit M. Charest à en arriver là (M. Landry avait parler des « murmures » qu’on entendaient de dehors, en nommant la grogne syndicale qui se manifestait dans la tempête…
On attend le prochain. J’ai hâte que l’action reprenne parce que l’émotion que devrait représenter ce débat n’est pas au rendez-vous. C’est mon autre garçon qui arrive d’en bas… On lui explique la situation et cela coïncide avec l’arrivée du prochain belligérant : Louise Harel. Une chance, parce le ministre Després était en train de nous achever…
J’introduis Mme Harel à mes garçons qui ne la connaissent pas… On l’écoute. Ouf ! Elle nous en donne un peu. Esclandes, dénonciations, un peu de démagogie au passage (elle parle d’un pari qu’il y aurait eu au MSSS sur le nombre de projets de loi qui se retrouveraient au bâillon). On s’est amusé un peu. On peut dire qu’elle hausse le ton du débat, sans plus.
C’est au tour du ministre Audet. Il commence le tout en relevant l’allusion de M. Landry à Machiavel. Habile, mais il s’éteint tout de suite après… Il invoque le blocage de l’opposition, tente de vanter son projet de loi, etc. Vient le tour de la député de Bourget. Elle fait réagir, d’entrée de jeu. Elle pointe du doigt, elle prend un air sévère. Elle nomme un point positif à ce qui arrive ce soir : «cela contribue à sensibiliser la population sur le fonctionnement des règles du parlement». Elle termine en force, sur son terrain des défusions; ce fut un peu long, mais efficace… On sent la fin proche !
Proche ? Le Vice-président ajourne le tout…
Il n’y a pas eu de grande joute oratoire ce soir… Je suis un peu déçu. J’ai déjà assisté à de plus grands échanges. Néanmoins, je suis quand même content d’avoir pu échanger sur ces sujets avec mes garçons !
Mise à jour du 16 décembre 2003 :
Le bâillon est adopté
Le gouvernement Charest aurait dû se concentrer sur l’urgence de rétablir le dialogue
Cabinet de Mario Dumont – Question anti-bâillon péquiste No.14

1 Commentaire
  1. Clément Laberge 19 années Il y a

    Pour relire ou revisionner le tout… il suffit de suivre ce lien:
    http://www.assnat.qc.ca/fra/37legislature1/Debats/CH.htm
    Pour le meilleur et pour le pire…

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