« Il est temps que les enseignants apprennent comment agir avec les «casseurs de nez» », estime le professeur Égide Royer

Triste constat que rapporte Marie-Andrée Chouinard dans ce texte « La formation des maîtres prépare mal aux élèves d’aujourd’hui* ». Il faut bien se rendre à l’évidence qu’un enseignant n’aura pas affaire qu’à des jeunes manifestants des « comportement normaux » pendant son parcours professionnel ! Je cumule plus de vingt ans « de métier » et je me souviens de nombreuses situations où je me devais d’intervenir dans des contextes pas « jo-jo »; occasions d’apprendre certes, mais surtout, moments d’angoisse également.
Ces « opportunités » m’ont formé « à la dure » et je ne sais pas si ma formation universitaire aurait pu me préparer à faire face à tout cela. À l’époque de mon bac., je ne m’imaginais pas tremper dans de si grands périls. Aurais-je cru « le chrétien de prof. d’université » qui m’aurait confronté à l’évidence de devoir me préparer un coffre d’outils pour oeuvrer sans trop coup férir ? Personne ne m’avait parlé comme le fait M. Égide Royer dans l’article du Devoir. Je reconnais qu’il n’exagère pas… Ces situations existent bel et bien !
Pas tous les jours, mais quelques fois c’est pénible. J’aurais pu me briser, je ne sais à combien de reprises. Je n’ai pas le goût d’entrer dans la description de mes pires cas; juste d’y penser, ça me remue profondément ce soir. Mais pourquoi en parler ?
« «Ceux qui sortent de l’université maintenant ne sont pas mieux formés qu’il y a trente ans; imaginez ce que ce serait si c’était comme cela en médecine !» »
J’aimerais bien apporter une contribution au message de M. Royer… Que dire de plus que de nommer ce qui m’a aidé avec le recul :

  • Le support indéfectible de mes supérieurs hiérarchiques;
  • Apprendre à décoder le comportement des jeunes. Surtout, choisir l’enfant, l’adolescent TEL QU’IL EST pas comme je voudrais qu’il soit;
  • Apprendre à séparer le comportement d’un jeune et ce qu’il est. Faire attention à ce qui m’appartient dans les conflits, le voir et le nommer. Essayer de nommer « le problème » de chacun des protagonistes, surtout quand cela concerne des parents et des jeunes. Dans tous les cas, le problème du parent dans l’événement n’est pas le même que celui du jeune;
  • Reconnaître mes « erreurs » et me relancer rapidement. M’excuser au besoin et accepter les excuses sincères qu’on me présentent;
  • Faire preuve de patience. Me répéter que le geste posé, la parole dite, l’écoute manifestée peut ne pas donner de résultats immédiats, mais croire sincèrement dans la capacité des jeunes à se transfomer;
  • Lire, écouter, lire, écouter, réfléchir et analyser « sa pratique » avec des gens de confiance. Devenir capable de se mettre dans la peau de l’autre sans s’oublier;
  • Apprendre à ne pas « prendre personnel » le comportement des jeunes;
  • Reconnaître rapidement ses émotions, les voir venir et les accepter. Les déloger parfois avant d’agir. Parler en « je ». Ne pas attribuer d’intention aux autres. Questionner, voir, mettre en doute, mais faire attention aux affirmations à l’emporte pièce;
  • Jamais se décourager!

Et j’en oublie…

Je ne sais pas si cela peut s’enseigner dans les universités!!!

Mise à jour de début de P.M.: L’accès restreint de ce matin (aux abonnés) a été modifiée par le responsable du site pour permettre une libre consultation. Merci aux gens du Devoir.

Tags:
1 Commentaire
  1. Photo du profil de SebastienTremblay
    SebastienTremblay 18 années Il y a

    Oh que j’aime le point sur la nécessité des fois de reconnaître nos « erreurs »… et je laisse vos propres mots : Apprendre à décoder le comportement des jeunes. Surtout, choisir l’enfant, l’adolescent TEL QU’IL EST pas comme je voudrais qu’il soit…
    Je dirais même que ces deux éléments sont la base d’une gestion de classe respectueuse et efficace. Et que de pression s’imposent les jeunes enseignants à tenter de confronter l’élève au lieu de l’écouter et de prendre le temps. Pour en avoir discuté avec des jeunes enseignants… cette approche de la discussion avec des objectifs clairs et de la patience (je dirais même de la tendresse) est perçue comme un signe de faiblesse aux yeux des élèves, des pairs…et surtout de la direction… Ah cette pression du gros méchant patron !

Laisser une réponse

Contactez-moi

Je tenterai de vous répondre le plus rapidement possible...

En cours d’envoi

Si les propos, opinions et prises de position de ce site peuvent coïncider avec ce que privilégie le parti pour lequel je milite, je certifie en être le seul éditeur. - ©2022 Thème KLEO

Vous connecter avec vos identifiants

ou    

Vous avez oublié vos informations ?

Create Account

Aller à la barre d’outils