L’utilisation des cybercarnets dans les écoles
Will Richardson a mis le doigt sur « le bobo » :
« By its very nature, assigned blogging in schools cannot be blogging. It’s contrived. No matter how much we want to spout off about the wonders of audience and readership, students who are asked to blog are blogging for an audience of one, the teacher. (A related question might be whether or not students who have become so attuned to the game of pleasing the teacher can even conceive of what it means to write for an audience…) I try my best to pretend it’s not so, and maybe on the elementary level where kids are less focused on playing the grade game this may not be as true. But my students drop blogging like wet cement when the class is over. And it’s because I can’t let them blog in the first place. I can let them write about their passions, but I can’t let them do it passionately due to the inherent censorship that a high school served Weblog carries with it. I can tell them the process will strengthen their writing and their intellect, but I can’t tell them I won’t assess it or else they won’t do it. »
Je n’ose pas le dire tellement je me dis que ça ne se peut pas : « Mais ça ne semble pas être le cas chez nous ! » Est-ce possible ?
Il ne me semble pas que les élèves délaissent leurs carnets comme du ciment mouillé dès que la classe est terminée (« drop blogging like wet cement when the class is over »). Au contraire, je constate un attachement à l’outil. Il y a dans le billet de Will un passage assez évocateur d’un des motifs qui explique le succès relatif de notre implantation des cybercarnets : « No matter how much we want to spout off about the wonders of audience and readership, students who are asked to blog are blogging for an audience of one, the teacher. »
La communauté est le facteur clé. Notre objectif n’a jamais été d’implanter des cybercarnets. Notre objectif reste et demeure l’aménagement d’une communauté d’apprentissage et les carnets web sont un des leviers qui sert ce but.
Aujourd’hui, dans un message particulier que j’adressais aux parents des élèves de CARRIÈRE, je m’exprimais ainsi : «J’attire votre attention sur les productions des élèves à paraître dans un proche avenir et celles récemment parues. Si cela vous était possible, je vous encourage à laisser des commentaires à la suite de la lecture de ces beaux efforts qui témoignent de l’ardeur qui motive les jeunes. Ce peut être un commentaire d’appréciation, mais ce peut être aussi un questionnement, une réflexion qui vous vient ou tout simplement une réaction à la suite de la lecture. Sur le carnet de classe, il est question des ateliers d’écriture; je crois que plusieurs beaux textes paraîtront au fil des prochains jours dans les carnets individuels publics.»
Sur le plan de l’analyse réflexive , j’ai lu cet après-midi de beaux exemples de textes qui témoignent de l’engagement émotif des jeunes dans leurs apprentissages. Je pense à ce texte, à celui-ci et à ce dernier (et il y en a d’autres (1)…). Dans ces trois cybercarnets publics, les textes qui émergent des ateliers d’écriture m’émeuvent beaucoup également. Bref, les jeunes s’investissent au-delà des tâches demandées par les enseignants parce qu’ils « font siens » les projets d’écriture des ateliers. De plus, la réaction de la communauté agit comme catalyseur de cette motivation. S’il n’y avait pas de communauté, je ne pense pas que ces textes (1, 2 et 3) en provenance de Londres auraient été écrits…
J’ai bien hâte de lire ce que Stephen Downes aura décodé lors de sa visite chez nous au moment des dernières RIMA; les gens de la FING nous font déjà profiter de leur « feedback ». Je suis encore dans un esprit de recherche même si j’aime beaucoup ce que je vois et ce que je lis; les critiques constructives nous aideront à mieux servir les élèves. Le texte de Will (et ceux des autres « edubloggers » sur le même billet) est tout aussi aidant dans ce sens…
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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Blogging in Schools Question (Cont.)
Ok, now I know Alan likes the « chaotic, unorganized thread of this discussion across multiple blog spaces, » but I need organization, dammit.
Ne perdons pas de vue l’essence du weblog, à savoir l’intégration de l’individu dans « la communauté », comme vous le faites si bien remarquer. Will Richardson commet peut-être une erreur en mettant trop d’emphase sur les apprentissages ‹ si tel est le cas ‹ tout en négligeant le développement des attitudes. Si les weblogs peuvent accroître chez l’apprenant le sens de son appartenance à une collectivité par opposition à son individualité en butte à la collectivité, les répercussions seront phénoménales.
Il faut à tout prix se défier des applications à tout faire qui se veulent une panacée à toutes les difficultés de l’éducation. L’apprentissage est une chose trop complexe pour qu’on trouve jamais le pactole dans une solution à la Microsoft Office. La solution se trouve dans la richesse de la diversité (comme de la collectivité).
À ce sujet, le terme « communauté d’apprentissage » commence à m’agacer, comme un vilain pléonasme. Une communauté ne favorise-t-elle pas les apprentissages de par sa nature ? En voulant créer des « communautés d’apprentissage », on tombe dans le même piège que les manuels scolaires, à savoir la transformation d’un processus naturel en quelque chose d’artifiel, ce que remarque justement Richardson.
Il y a certains concepts qui, lorsqu’on en comprends toute la portée, deviennent en effet un peu pléonasmes… mais je pense que leur formulation demeure pertinente pour leur « pouvoir d’évocation » et leur capacité à « mobiliser les gens ». L’idée de « cité éducative » est un autre bel exemple il me semble.
Je partage évidemment tout à fait l’opinion selon laquelle la véritable richesse de l’expérience, c’est l’apport de la communauté (les commentaires extérieurs, la rétroaction accrue des parents, etc.) bien davantage que l’outil « carnet » lui-même.
L’idée maîtresse c’est de faire tomber les murs de l’école pour faire entrer la cité dans l’école et redonner sa place à l’école dans la cité. La dimension « sociologique » est en ce sens bien plus déterminante que la solution « technologique » (bien que toutes les solutions technologiques ne soient évidemment pas équivalentes pour soutenir l’option « communautaire »).
Les carnets peuvent être intéressants dans une école sans cette volontée « d’ouverture », mais ils ne pourront pas engendrer le même genre de « dynamique » que celle que nous constatons ici et qui s’avère si puissante pédagogiquement parlant.
Will, Mario… et la communauté!
Mario initie à la suite d’un texte de Will Richardson une intéressante réflexion sur l’influence de la communauté dans le succès d’un déploiement de carnets en milieu scolaire. En fait, pour être bien certain d’engager la réflexion « dans le bon sens »…
À propos des communautés d’apprentissage
« [L]e terme « communauté d’apprentissage » commence à m’agacer, comme un vilain pléonasme. Une communauté ne favorise-t-elle pas les apprentissages de par sa nature ? En voulant créer des « communautés d’apprentissage », on tombe dans le même piège que…
Considérant la longueur de ma réponse, je me suis permis de répondre sur mon propre carnet.
http://carnets.ixmedia.com/stephane/archives/004998.html
Stéphane
Obtenir des commentaires provenant de personnes extérieures de la classe, certes. C’est plaisant et valorisant les encouragements. Ce qui me questionne ces temps-ci au sujet des carnets en éducation, c’est la façon dont les pédagogues peuvent mettre à profit ces commentaires pour amener les élèves à participer à des interactions soutenues avec l’extérieur. Par interactions soutenues, j’entends, entretenir une certaine bidirectionalité et continuité dans l’échange de propos.
Bidirectionalité est un peu restrictif compte tenu du fait que plusieurs personnes peuvent interagir. J’aurais peut-être dû davantage parler de pluridirectionalité…
Les commentaires de l’extérieur ne sont pas que plaisant et valorisant. Pour les jeunes, ils agissent comme leviers qui « certifient » (dans le sens de donner l’assurance de…) que ce qu’ils font (produisent, écrivent, etc.) est digne d’intérêt. J’entends souvent que les élèves s’attendent un peu à ce qu’un enseignant, un parent et même un directeur puisse démontrer un intérêt à ce qu’ils écrivent. C’est notre rôle; il s’agit de notre travail, de notre responsabilité à leurs yeux. Ce n’est pas moins utiles et nécessaires, mais lorsque quelqu’un de qui ils n’attendent pas de réaction se manifeste, je dirais que « la signifiance » augmente grandement même si l’échange est court.
Entretenir « cet écho » est un enjeu important auquel je m’applique (et je ne suis pas seul à le faire) de différentes façons, sans négliger la conversation avec ceux qui sont près des élèves (parents, enseignants, etc.). Les jeunes possèdent en eux de grands besoins de rétroactions et l’utilisation des carnets en éducation me semble un bon moyen de répartir sur plusieurs personnes « cette charge » qui n’en est pas une nécessairement dans la mesure où ce qu’on fait a un sens.
Cette piste d’entretenir la pluridirectionalité par des gestes posés par des membres de la communauté proche est assûrément une direction à suivre pour augmenter la certitude chez les élèves que tout ce qu’ils écrivent (et produisent) est lu (et vu) attentivement et incite à une rétroaction constructive confirmant au jeune auteur qu’il a un gain à faire à bien travailler et à mieux apprendre pour ce faire ! Je ne sais pas si le lien avec les mêmes personnes de l’extérieur est plus important que le grand nombre de ces personnes, mais je suis à l’affut des indicateurs qui m’aideront à discerner sur ce point !
J’ai effectivement passé un peu rapidement sur l’aspect « validation » du travail que peuvent apporter les commentaires extérieurs.
Pour poursuivre à propos de mon idée d’entretenir une communication pluridirectionnelle avec l’extérieur – c’est-à-dire répondre aux commentaires reçus – je crois que cette piste pourrait éventuellement mener les élèves à expliciter en quoi les commentaires extérieurs ont pu leur permettre de donner une saveur différente à ce qu’ils font. D’un point de vue métacognitif, il me semble que cela pourrait être intéressant.
Une des limites des commentaires extérieurs est qu’ils n’ouvrent pas beaucoup vers le dialogue, en particulier pour les personnes moins familières avec l’outil des cybercarnets. Chaque fois qu’un commentaire contenait un questionnement ouvert, j’ai senti que l’auteur/élève allait beaucoup plus loin dans sa réflexion (et de là un potentiel métacognitif émerge). Qualitativement, il y aurait peut-être lieu « de semer » un cadre pour les gens de l’extérieur désireux de participer (par le commentaire) au développement d’une « réflexion de qualité ». Remarque que si le commentaire souhaité devient trop complexe à formuler, cela pourrait risquer de produire un effet inhibiteur qui deviendrait certes contre-productif. Je demeure convaincu de la pertinence de ta suggestion; il suffira d’apprécier les gains à faire sans perte des bénéfices déjà présents !
Mario, Stéphane, votre discussion est vraiment très intéressante !
Par rapport à ce passage:
« Qualitativement, il y aurait peut-être lieu « de semer » un cadre pour les gens de l’extérieur désireux de participer (par le commentaire) au développement d’une « réflexion de qualité ». »
…je constate comme vous que le volet « commentaires » de l’outil « carnet » n’est pas un endroit pour amorcer des réflexions qui s’inscrivent dans le temps (et donc, d’une certaine façon, dans la qualité). Mais y a-t-il quelque chose d’étonnant dans cela puisque c’est un peu justement le propre du « commentaire ».
Je crois effectivement que les discussions à long terme devront être soutenues par d’autres types d’espaces plus tournés sur la conversation. Aussi légers et souples d’utilisation, mais différents. Certainement. Notamment parce que dans la logique des carnets, l’auteur du texte de départ est en quelque sorte le « propriétaire » de l’espace, alors qu’une conversation ou un dialogue doit « par définition » se dérouler dans un espace partagé (j’aime mieux « partagé » que « neutre »).
Le premier rôle des commentaires, comme apports extérieurs dans la classe, est de rappeler constamment aux élèves (et aux enseignants!) qu’on n’apprend jamais tout à fait isolé et que la communauté dans laquelle nous vivons a des attentes à notre endroit. Elle contribue à définir les « normes de qualités »… et elle possède également des ressources qui peuvent être mises à notre disposition si nous apprenons à les solliciter convenablement.
Ce rappel, à lui seul, vaut de l’or en terme d’étayage ou « d’architecture pédagogique ».
Mais ça reste à compléter pour favoriser le développement de relations plus proche du « mentorat ». Un sujet auquel nous concentrer l’année prochaine peut-être ?
Ton commentaire Clément me porte à croire une fois de plus que le développement des carnets (au niveau de la conception pour mieux les adapter à un contexte éducatif) aurait tout avantage à se faire en référence à la perspective de la cognition distribuée.
Je ne sais pas jusqu’à quel point je dirais que la fonction « commentaire » sert d’étayage aux élèves. Selon la typologie Allaire (2004), il s’agirait davantage d’une affordance de régulation 😉
Et je partage volontiers ton idée pour l’an prochain…