Réussite scolaire: la CSQ lance un cri d’alarme

C’est le titre de la manchette de Radio-Canada. Le communiqué officiel de la CSQ lance cette solution :
« Il faudrait également mettre un frein à cette compétition qui veut faire de l’enseignement secondaire un filtre pour la sélection des élites plutôt qu’une éducation de base pour toutes et tous »
Comment décoder cette équation, « éducation – compétition = réussite scolaire » ?
Je conçois bien que des valeurs plus coopératives entre les écoles favorisent l’émergence d’une culture de réseau. Je comprends que « la sélection des élites » soit devenue une pratique discutable dans le contexte des années 2000. Mais j’ai beaucoup de mal à comprendre que l’ingrédient principal du « plan d’urgence » souhaité par la CSQ soit la nécessité d’enlever toute forme d’émulation entre les écoles… pour le bien de la réussite éducative.
Les études conduites par M. Jocelyn Berthelot, chercheur à la CSQ, semblent mener souvent aux mêmes conclusions; le bien fondé de l’école commune. Celle où tout est égal. Celle qui goûte le nivellement par le bas… Voici le genre de question que pose souvent celui qui inspire la démarche d’aujourd’hui par le communiqué de la CSQ :
« Pourquoi le fardeau de l’intégration devrait-il peser sur les seules épaules des élèves dits  » ordinaires « ? Pourquoi les élèves mieux nantis sur le plan scolaire et social devraient-ils être exemptés des contraintes découlant de ce choix social ? Il s’agit là d’une injustice profonde alors que l’on demande à l’école de faire plus avec moins.
Je trouve que le problème est mal posé par ce discours. Pas seulement parce que la CSQ et M. Berthelot pronent depuis longtemps l’arrêt d’un financement (qui représente à peine 50% de ce que les écoles publiques reçoivent) par le M.E.Q. des écoles privées (qui sont en fait semi-privées). Mais surtout parce qu’il éteint les énergies créatives des communautés qui se prennent en mains. Je le répète ; je ne crois pas aux vertus d’une sélection de « la crème » pour progresser. Mais je crois encore moins aux vertus du nivellement par le bas sous le prétexte du « tout-le-monde-il-faut-qu’il-soit-pareil ».
La prise de position dans le dossier des CÉGEP, celle concernant le projet « interordre » en Beauce et le cri d’alarme d’aujourd’hui ont en commun de sonner faux ! Ils donnent l’impression que les intérêts des professeurs syndiqués passent avant ceux des élèves utilisant le prétexte de la réussite pour tous et de l’égalité des chances. Il y a beaucoup à perdre : les salaires, l’organisation du travail et la tâche négociés sur le plan national. Évidemment, « tout-le-monde-il-faut-qu’il-soit-pareil ». Permettre des différences, des ententes locales, une certaine décentralisation… c’est quoi le problème ? Est-ce si dangereux que cela la différenciation ? Pourquoi la proner sur le plan pédagogique et la rejeter quand vient le temps d’organiser le travail et les conditions d’exercice de celui-ci ?
J’en mets trop ?
Je suis presque choqué de cette sortie médiatique sur le dos de la réussite scolaire. Voilà ! Et puis… dans le contexte où on veut parler de cette réussite chez les garçons… ça ne fait pas un peu curieux de vouloir abolir l’émulation et la compétition ? Je comprends mieux pourquoi nos gars en arrachent…
Mise à jour du 7 octobre 2004 : Autre son de cloche sur le même sujet au Devoir dans « La CSQ s’intéresse subitement aux bas taux de diplomation« .

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