Je souhaite une bienvenue toute particulière aux internautes qui arrivent ici à la suite de cet article du Café Pédagogique dont je reproduis d’ailleurs le contenu sous l’hyperlien plus bas !
Voici quelques repères pouvant vous guider dans cette première visite sur ce cybercarnet, si c’est le cas. Les billets des jours précédents celui-ci défilent au bas. Il y en a près de 850 écrits depuis octobre 2002, moment où j’ai débuté cette démarche. Pour chercher un texte plus spécifique au sujet qui vous intéresse, vous pouvez utiliser les catégories dans le haut de la colonne de droite. Aussi, plus bas dans cette même colonne, un moteur de recherche peut vous conduire; par mot-clé, en cochant « sur Mario, tout de go », un éventail de billets correspondant au mot choisi s’affichera… Enfin, je vous suggère quelques liens pouvant rapidement vous situer dans ma démarche (cliquez sur l’hyperlien désiré et une nouvelle fenêtre s’ouvrira) :
Une explication du concept des cyberportfolios de l’Institut St-Joseph.
Le guide du cybercarnet rédigé à l’intention du néophyte par un journaliste du Journal le Devoir.
Le glossaire carnetier qui nomme le vocabulaire associé au phénomène des cybercarnets (ce travail de titan est l’oeuvre de la Grande Rousse, une carnetière émérite).
Un recueil d’hyperliens au sujet de mon utilisation de « Mario tout de go« .
Le site des Petits Carnetiers du Devoir où l’actualité est commentée par des élèves de l’Institut.
www.jasonsreforme.qc.ca un site Web qui porte sur la réforme scolaire du Québec bâti avec l’outil du cybercarnet qui contient le travail de plusieurs éducateurs commencé sur ce wiki.
Le site web de notre école qui regorge de ressources et qui a été construit sur une plate-forme semblable à celle de ce cybercarnet.
L’ensemble des textes écrits pendant mon séjour en France pour une conférence sur l’intégration des TIC en éducation en janvier 2004. Je reviens tout juste d’ailleurs, d’un autre séjour qui m’a mené à Dijon pour un voyage du même genre mais centré davantage sur les portfolios électroniques. Vous allez dire que je voyage beaucoup ces temps-ci, mais quelques semaines auparavant, j’étais à Vancouver et mes compte-rendu de l’expérience là-bas risquent aussi de vous intéresser… ils portent sur les mêmes sujets (en anglais) !
Enfin, à partir du mois d’août prochain, j’aurai le plaisir d’offrir mes services d’accompagnement et mon expertise chez Opossum puisque j’ai annoncé (en janvier dernier) mon départ de cette belle école qu’est l’Institut. N’hésitez pas à faire appel à nos compétences !
De toute façon, l’ensemble de la colonne de droite fourmille de ressources qui pourraient vous plaire. Je vous souhaite de vivre de bonnes lectures… N’hésitez pas à laisser un commentaire; vous participerez à la grande aventure de la conversation WEB !
La pratique des blogues en classe : une expérience positive qui sert bien les apprentissages
Il sera toujours difficile de persuader des maîtres que les méthodes qu’ils ont longuement et consciencieusement pratiquées n’étaient peut-être pas les meilleures…
Tiré de « Sur la réforme de l’enseignement » (Note rédigée par Marc Bloch pour les Cahiers politiques (1944)).
Mon expérience de l’univers des blogues remonte à trois ans. J’ai entrepris de bloguer parce que je voulais offrir aux élèves de mon école un outil puissant pour qu’ils apprennent mieux et pour plus longtemps. Je me suis prêté « au jeu » du blogging pendant un an sans impliquer les élèves et ce que j’ai vu m’a convaincu de l’immense potentiel de l’utilisation des blogues. Mon « carnet Web » (il nous arrive souvent au Québec de préférer cette appellation même si parfois, on parle aussi de cybercarnet) m’a énormément apporté en terme d’apprentissages construits par de meilleures habiletés à faire des liens. Sans compter tout ce que cette mise en réseau a fait pour mon développement professionnel; ma capacité à réfléchir et à objectiver s’est grandement améliorée parce qu’elle s’exerce au vu et au su de tout un groupe et elle déborde largement des murs de notre école. Après avoir expérimenté ces premiers « gains », je me suis employé à mettre à la disposition des enseignants et des élèves de ma communauté, des espaces de publication (des blogues que nous avons appelé « cyberportfolios« ) et un tableau de bord qui permet aux enseignants d’interagir aisément avec les élèves. Ces outils sont devenus de précieux alliés au service de l’enseignement et des apprentissages ! Je me propose de vous expliquer ce dont il s’agit, comment nous avons déployé ces puissants leviers et en quoi ils sont utiles en classe pour faire apprendre.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fasciné par les capacités d’apprentissage des jeunes dans les écoles et au-delà. Mes propres habiletés développées parfois dans l’adversité m’ont fait découvrir que jamais rien n’est joué dans la vie quand on sait apprendre d’une situation, d’un défi à relever ou d’une épreuve. Et je ne parle pas du monde de la connaissance et de la culture générale si précieuse pour faire sa vie. À l’Institut St-Joseph, je me suis donné une vision pour accomplir le volet « leadership pédagogique » de mon rôle de chef d’établissement. J’ai donc animé notre milieu en considérant chaque enseignant avant tout comme un apprenant. De cette façon, chaque geste posé l’a été depuis sept ans en m’adressant à eux comme je voulais qu’ils s’adressent à leurs élèves. Les réunions d’information descendante, les grandes « prêches » ont fait place à une gestion plus collaborative, des animations plus collégiales et un grand respect pour leurs apprentissages à construire; il m’arrive encore d’expliquer, mais quand ça vient, c’est en synchronisation avec leur besoin de m’entendre et de m’écouter. Ce faisant, nous avons observé qu’eux, tout comme les élèves, n’apprenaient pas les mêmes contenus aux mêmes moments. J’ai constaté aussi qu’en s’y prenant avec tact, il était possible de les amener à être (ainsi que les jeunes) « demandeurs de connaissances ». Les blogues ont constitué de précieux alliés dans cette tâche. Pas à pas, nous avons appris à les manier en gardant à l’esprit que chaque utilisateur doit tirer profit de cet usage pour envisager un minimum de pérennité… Nous avons trouvé de nombreux avantages à les utiliser en contexte de classe. Deux ans plus tard, les membres de notre communauté d’apprentissage ont publié plus de 5 000 documents (textes, images, travaux de toutes sortes) qui ont généré plus de 7 000 commentaires qu’on peut voir sur le Web de n’importe où dans le monde !
Ma plus grande découverte a été de me rendre compte que publier sur Internet est devenu facile aujourd’hui, même si avec des jeunes, nous avons des précautions à prendre. En Europe actuellement, le niveau d’appropriation des blogues par les jeunes demande de s’intéresser au phénomène au-delà du média qu’il est devenu. À l’école, l’utilisation d’un code de déontologie aide grandement à baliser des usages tous azimuts qui, hors du cadre scolaire, ont fort besoin d’être mieux encadrés pour servir des apprentissages ! Publier sur le Web est à la portée des enfants et des enseignants sans avoir besoin de développer de grandes compétences en informatique. C’est s’ouvrir à une multitude de publics et tabler sur les besoins de contacts sociaux des jeunes en particulier; par l’Internet (maintenant accessible par un grand nombre de familles), il devient possible de penser rejoindre les gens et de ce fait, contribuer à former une large communauté qui soutient les apprentissages de chacun. Imaginez la réaction d’un jeune homme qui, après avoir rédigé un résumé de lecture, voit débarquer l’auteur du livre en question… Voyez l’ampleur de la conversation qui s’en est suivie..
Je vous parle d’utiliser les blogues pour faire apprendre. J’ai privilégié cet outil parce qu’il est simple d’utilisation, qu’il favorise la conversation, parce qu’il est équipé d’un système qui permet d’en vérifier facilement les mises à jour (fil de nouvelles RSS-XML) et qu’il participe à un vaste mouvement de démocratisation de l’information et des connaissances. Nous avons débuté l’expérience avec un groupe de quarante-trois élèves et de quatre enseignants. Rapidement, nous avons étendu les possibilités à l’ensemble des élèves du troisième cycle (10 à 12 ans); même une classe de première année (jeunes de six ans) participe à notre aventure. La majorité des classes participantes disposent d’un carnet Web de classe, d’un carnet privé et d’un autre public, accessible par n’importe quel internaute du monde entier.
Les blogues utilisés « à la St-Joseph » tendent à devenir des portfolios numériques où l’on trouve des productions d’élèves (textes, images et fichiers de divers types), des textes sur une foule de sujets et de plus en plus d’analyses réflexives. Dans la section « commentaires », se retrouve une possibilité de dire «ce que je pense de ce que j’ai publié». Dans les rubriques, il y a une façon d’archiver « par catégorie » (à la manière d’un portfolio) toute trace d’un produit fini ou d’une pièce « en voie de constituer un travail ». L’outil du blogue facilite, de cette façon, l’introspection centrée sur «ce que je veux être et devenir» !
Nous utilisons les blogues parce qu’ils sont des outils sociaux. Nous avons observé que les jeunes sont de friands utilisateurs d’environnements qui leur permettent d’interagir avec les autres. Ces espaces d’écriture favorisent une quantité impressionnante de publications où la conversation écrite devient possible par les commentaires. Ce faisant, les gens commentent ce qui est « posté », le fil de nouvelles permet d’informer les abonnés de l’arrivée d’une nouvelle « entrée » (processus de syndication du contenu) et l’environnement multimédia qui en découle permet de nommer ce qui a été appris, ce qui est en train de faire du sens et ce qui constitue les pas à faire pour compléter ce qui est à apprendre ! Ce faisant, nous tentons de permettre à l’élève de mieux se connaître en tant qu’apprenant à l’aide du réseau formé par le rayonnement des abonnements de personnes qui contribuent à lui faire prendre conscience de ce qu’il publie.
Vous comprendrez que rapidement, parenté, voisinage et amis proches se sont empressés de « jouer le jeu » des commentaires et des feedbacks. Presque simultanément, des internautes de partout se sont joints à la conversation par l’entremise des moteurs de recherches qui ont tôt fait d’indexer le contenu de nos sites. Personnellement, en m’administrant ma propre médecine, j’ai découvert comment j’apprenais davantage en recevant tous ces échos à partir de ce que j’écrivais. Encore récemment, j’ai « blogué » (si vous me permettez l’expression) ce que j’ai vécu lors d’un récent voyage à Paris et à Dijon et j’ai une fois de plus apprécié de nouveaux apprentissages faits à partir de l’obligation que je me suis créée de « rapporter » «ce que je tire de ce que je vis et pense» ! Les élèves ont eux aussi pris l’habitude de nous offrir des reportages de leurs séjours à l’étranger (1, 2 et 3).
Même le journal Le Devoir qui est un quotidien très sérieux de notre coin de pays a invité les jeunes à participer à l’expérience du journalisme citoyen et a contribué à créer « les Petits Carnetiers du Devoir« , un groupe d’une quinzaine de jeunes de 10 à 12 onze ans qui commentent l’actualité de tous les jours et surtout, qui recoivent de nombreux commentaires de lecteurs de passage sur le site Web du journal. C’est un privilège pour ces jeunes et vous devinez quelle expérience valorisante c’est ! J’invite d’ailleurs le Café Pédagogique à envisager une expérience de ce type avec de jeunes bloggeurs français !
Un mot sur la syndication de contenu.
L’idée est la suivante : chaque fois qu’une mise à jour est faite sur un blogue, un petit fichier écrit dans un langage balisé est détecté par un agrégateur (lecteur de fils de nouvelles) que j’ai installé sur mon poste de travail. Le contenu ainsi syndiqué par mon abonnement à ce site m’est beaucoup plus facile à consulter puisque je ne pourrais faire le tour de tous les sites Web de l’école au cas où un membre de notre communauté aurait « posté » une nouvelle contribution. Ainsi donc, nous pouvons permettre la gestion « a posteriori » des blogues ainsi évolutifs. Additionné au fait que le processus de publication soit simple et que les résultats soient immédiats, les blogues contribuent à augmenter le volume de production de chacun. Par le fait qu’il soit facile de consulter les sites Web n’y accédant que lorsqu’il y a raison d’y accéder, on obtient beaucoup de «feedback» et la conversation qui s’en suit encourage des contributions de qualité. Enfin, les éducateurs ont la responsabilité de piloter et de guider la démarche réflexive des apprenants ! Sur ce sujet, il faut prendre le temps de lire ce billet de François Guité qui décrit bien les différents rôles d’un enseignant qui implante les blogues à l’école.
Notre expérience a connu un rayonnement certain depuis octobre 2002. Cet article de la revue « Educause » (anglais) en témoigne, mais il y aussi une assez bonne revue de presse « en ligne » disponible. De nombreux visiteurs sont venus à l’école et je me promène beaucoup (1, 2) également pour témoigner de l’enthousiasme de notre communauté (la lecture de ce témoignage d’une élève est éloquente dans ce sens…). Autant par les moteurs de recherche que par l’animation, les sites Web de notre environnement sont beaucoup fréquentés ce qui contribuent à l’émergence d’un réseau social « tissé serré ». C’est la qualité de ce réseau qui fait de l’utilisation des blogues un levier si puissant pour nourrir les apprentissages et rendre les apprenants de « fameux demandeurs de connaissances ». Apprendre, c’est aussi interagir; écrire n’est pas seulement communiquer des idées; ça en génère aussi !
Surtout, nos environnements d’écriture sont conçus pour que les élèves aient régulièrement à revenir sur ce qu’ils pensent de ce qu’ils apprennent et comment ils construisent leurs apprentissages (analyse réflexive). En privilégiant l’usage des blogues, plusieurs compétences développées par les enseignants rendent l’outil encore plus performant et agissent sur le climat de la classe. Ça se traduit par :
– La migration vers le paradigme de l’apprentissage.
– L’émergence de plusieurs stratégies pour faire apprendre.
– L’utilisation progressive de la différenciation pédagogique.
– La meilleure connaissance des styles d’apprentissage des élèves.
– L’utilisation en classe de tâches plus contextualisées, qui comportent un Problème à résoudre, pour lesquelles un Processus est valorisé et un Produit obtenu (Règle des trois « P »).
D’autres milieux de formation ont emboîté le pas. Le Centre d’Apprentissage du Haut-Madawasca au Nouveau-Brunswick (Canada) est une école qui s’y est mis sérieusement avec l’atteinte de beaux résultats comme en témoigne son dynamique directeur sur ce billet. En ce moment, l’École Secondaire de Rochebelle et le Collège Saint-Charles-Garnier dans la région de Québec sont, elles également, des institutions qui intègrent les blogues à la vie de la classe ! En Suisse, il convient de mentionner l’expérience du Collège St-Prex guidé par la blogueuse émérite Stéphanie Booth.
Enfin, un réseau d’enseignants, d’universitaires et d’éducateurs préoccupés par la capacité de l’école à transmettre une formation de qualité utilisent les blogues et de ce fait forment une communauté de pratiques très riche. Vous pouvez accéder à leur carnet Web par les liens à mi-section de la colonne de droite de mon propre blogue « Mario tout de go« .
Nous ne sommes qu’au début de cette belle aventure extrêmement prometteuse pour les apprentissages des jeunes que nous regroupons à l’école ! Quand j’étais petit, je me souviens du plaisir que j’avais le matin à marcher jusqu’à l’école. Dans ma tête, je pensais à ce que je n’avais pas à la maison et que je retrouverais à l’école : des amis, des équipements, des activités et des ressources qui me donnaient accès à la connaissance de ce que je ne savais pas ! Je me surprends parfois à penser que les élèves d’aujourd’hui ont mieux à la maison qu’à l’école pour apprendre… Ça me désole de penser que ça pourrait être vrai !
L’auteur
Mario Asselin est l’initiateur d’une des expériences d’intégration des blogues à l’enseignement les plus connus en France et ailleurs, celle de l’Institut St-Joseph de Québec. Il oeuvre dans le milieu de l’enseignement depuis vingt-deux ans aux niveaux du collégial, du lycée (secondaire au Québec) et du primaire. À partir de cet automne, il devient associé chez Opossum, une société qui offre des services d’accompagnement stratégique, de développement pédagogique, de communication et de formation dans le secteur des technologies et de la gestion des connaissances.
Bonjour à vous que je découvre par le biais du Café pédagogique. Professeur de lettres au lycée de l’Iroise à Brest (France), je viens de me lancer dans l’aventure du blog pédagogique = lycee-iroise.over-blog.com = des poèmes de Rimbaud « illuminés » par mes élèves de Première. Je suis ravi d’apprendre que des explorateurs ont déjà commencé à parcourir ces grands espaces. À bientôt.
Jean-Michel