« Un prof d’EPS était opposé au blog au départ. Il avait en tête les skyblogs, les débordements, les délits de diffamation envers des profs dont il avait entendu parler. Et puis, pendant le tournoi de Roland Garros, il a échangé sur le blog à propos du tournoi avec nous et avec des élèves. A la fin de l’année, il nous a dit qu’il voulait créer un espace sportif sur le blog. Certains profs craignent aussi que Christophe et moi, nous nous désengagions et qu’ils se retrouvent seuls à devoir gérer le blog. »
Cette citation est tirée de cet article du Café Pédagogique et elle rapporte les paroles de Cédric Gloaguen (c’est un nom qui me dit quelques chose 😉 qui est un enseignant de mathématique au collège Montaigne à Goussainville (Val d’Oise). Je la trouve très représentative de ce que je décode de la situation en France à l’heure où de nombreux éducateurs de ce pays se posent la question de la pertinence d’utiliser l’outil du blogue en contexte scolaire ! Sur ce billet du blogue, M. Allaire explique en quoi ce pourrait être intéressant de se laisser tenter par cette expérience d’écriture.
L’expérience vécue par les enseignants semble prometteuse; après un début plutôt lent, une expérience concrète (l’occasion d’un voyage sportif de cinq jours de sports de plein air dans les Hautes-Alpes) a été le tremplin vers une utilisation de plus en plus nourrie par la communauté éducative.
Merci à Serge Pouts-Lajus d’avoir attiré mon attention sur cette belle initiative.
Bonjour Mario,
Il semble en effet que le nom de mon collègue (Cédric Gloaguen) te soit familier, à lire la liste de tes « fréquentations ». Le mien aussi, ou plutôt un paronyme (Allaire n’est pas mon nom!). Cette citation que tu as extraite du papier de Serge est en effet assez représentative de ce qu’il se passe en France: réticences, craintes, plaintes… les photos de profs prises à leur insu et les propos dégradants touvés ici et là sur les blogues des élèves sont en grande partie « responsables » de cette situation… Mon point de vue, celui d’un « éducateur » engagé dans l’aventure des E. N. T. (comme on les appelle par chez nous et un peu partout) de manière un peu incidente (je ne suis pas à l’origine du projet « e-learning » dans notre établissement ni même mon collègue; on nous y a « invités »), diverge de cette tendance. En effet, notre expérience montre tous les jours à nos collègues qu’il peut en être autrement. Mais là se pose un autre « problème », technique celui-là. Comme la citation que tu as choisie le pointe, nos collègues (comme beaucoup d’autres) ne sont pas à l’aise face à la machine. Nombreux sont ceux, dans notre établissement, qui n’ont pas même jeté un oeil sur notre blogue. Et les craintes de certains de nous voir quitter le navire en cours de croisière sont motivées par un réel manque de connaissances basiques en informatique. Nos élèves, entend-on ici et là, sont bien meilleurs que nous… Notre expérimentation « e-learning » nous a démontré le contraire. L’utilisation que les élèves font, massivement j’entends, de l’informatique est extrêmenent limitée. Pour s’en convaincre, il suffit de visiter leurs blogues: photos numériques + phrasillons, multicolores dans le meilleur des cas… rarement plus. Élèves et profs, sur ce point, font finalement « jeu » de manière assez égale… mais les uns et les autres ne le savent pas. Ce qui fait la différence dans cette partie, c’est que nos élèves sont un peu moins « complexés » et acceptent plus facilement de ne pas savoir et surtout de se mettre en face de l’appareil pour en faire quelque chose. Ce quelque chose est somme toute assez élémentaire (le blogue perso tel que je l’ai décrit ci-dessus) mais peu devenir assez rapidement plus riche, plus dense et mêler des « contenus » plus variés (texte, image fixe et en mouvement, musique…), et provoquer (ce que l’on voit peu sur leurs propres sites) un participation plus active des visiteurs et co-rédacteurs. Mais l’espace « blogue », tel que nous l’utilisons (l’outil de Dotclear), nécessite une certaine souplesse et une simplicité certaine pour faire tomber les barrières. La syntaxe wiki est un bon début: les combinaisons sont peu nombreuses et faciles à retenir. Ses limites se sont sentir assez rapidement quand même. L’intégration de séquences animées ou des sons oblige à passer soit par le XHTML, soit d’externaliser les objets). Pour faire face et répondre aux « envies » des « utilisateurs » de notre espace, il nous a fallu faire un investissement « énorme ». Et là se pose un autre problème: la reconnaissance institutionnelle de cet engagement et de ces besoins. C’est globalement l’utilisation de l’informatique qui est en cause. Pour beaucoup, cet écran est encore « magique » (j’appuie sur un bouton et ça doit marcher). Et généralement, nos « partenaires » dans cette aventure n’ont pas toujours une idée très précise des compétences qu’exigent leurs envies. Le développement du logiciel libre peut grandement faire évoluer la situation (avec Linux notamment). Cette situation a un avers comme elle a un revers. Pointer du doigt l’une ne doit pas nous faire oublier l’autre.
Enfin voilà quelques remarques… J’allais oublier de te remercier pour ton soutien.
@ BIentôt et bonnes vacances.
M. Christophe Gallaire