J’entreprends la prochaine année scolaire avec la perspective de mener plusieurs projets qui toucheront de près ou de loin l’encyclopédie Wikipédia. Je tenterai ici de rassembler de l’information sur ce qu’est cette fantastique utopie en même temps que par ce geste, je veux aussi apprendre davantage sur cet outil avec lequel je m’apprête à travailler pour mieux faire apprendre… évidemment !
J’ai utilisé le mot « utopie » d’une part parce qu’il y a quelque chose d’impossible à la base de cette folle idée de rassembler des contributeurs bénévoles pour élaborer une encyclopédie libre, gratuite, universelle et multilingue. D’autre part, j’estime que ce projet est d’un idéal tellement total qu’il mérite sa chance… Et, ça marche (j’y reviendrai) !
En même temps, c’est « fantastique » parce que l’idée merveilleuse de « la neutralité de point de vue » côtoie celle de la fiabilité de son contenu !
Traiter de « Wikipédia », c’est d’abord parler de l’outil coopératif du wiki. En gros, cette façon de publier sur le Web permet la création et la modification par n’importe quelle personne de toute page; : chaque lecteur peut modifier la page qu’il est en train de lire, simplement et rapidemment sans nécessairement posséder beaucoup de connaissances en informatique.
Ensuite, creuser un peu « le concept« , c’est plonger dans l’aventure de la rédaction collective, c’est vibrer au diapason de contenus libres de droit et c’est voir se construire à bon rythme plus de 100 000 articles francophones !
Au Québec (pour ne pas dire à Québec), nous avons la chance de compter sur un spécialiste qui est capable de nous amener dans l’antre de Wikipédia tout en conservant un sens critique ; il s’agit de Patrice Létourneau.
J’ai répertorié récemment quelques expériences anglophones d’utilisation à des fins pédagogiques de Wikipédia et j’avoue que ma motivation a encore grimpé de plusieurs crans à la lecture des témoignages. Andy Carvin décrit ici comment Wikipédia peut cheminer « from a questionable information source to a powerful tool for information literacy. » Will Richardson a une section de son « blogue » qui traite exclusivement du « phénomène Wiki » et il démontre jusqu’à quel point l’outil progresse sous plusieurs facettes.
Au travers de mes lectures de cet été, j’ai bien aimé lire la rubrique « débuter sur Wikipédia » :
«L’une des particularités socioculturelles qui me semble susceptible de se révéler à long terme parmi les plus novatrices du projet Wikipédia, c’est sa contribution potentielle à une appréhension de la transdisciplinarité, par un nombre élargie de gens. Cet aspect n’a semble-t-il pas encore été relevé, sans doute parce qu’il ne concerne pas directement la teneur de Wikipédia en tant que contenu (et c’est, après tout, d’abord pour le contenu que l’on consulte habituellement une encyclopédie). Wikipédia, ce n’est pas seulement la rédaction, la correction et l’édition d’articles en tant que tels, c’est aussi la gestion et l’application collective d’un ensemble de politiques éditoriales et de procédures évolutives de régulation – c’est-à-dire un vaste espace méta.» (C’est de Patrice…)
Beaucoup reste à dire sur le sujet; André Cotte parlait ici du « Contrôle de qualité », Martin Lessard de la « négociation de sens sur un wiki et sur Framasoft, ce témoignage après une année d’utilisation fait le tour de plusieurs enjeux… À suivre, les résultats de la première conférence internationale Wikimedia de l’organisme du même nom !
Prochaine étape : devenir moi-même contributeur !
Mise à jour du 8 mai 2014 : « Projets pédagogiques sur Wikipédia : trois erreurs classiques à éviter » de Antoine Letarte.
Tags: Pédagogie et nouvelles technologies Wikipédia
Je pense également que le Wiki peut être un outil pédagogique très intéressant et dont on n’a pas fini d’entendre parler. Ceci dit, pour avoir essayer d’en faire utiliser dans le cadre de projets de groupes en maitrise (à Polytechnique donc des personnes qui normalement ne sont pas fermées aux nouveautés techno), je me rends également compte que ça va prendre un certain temps pour pénétrer de manière concrète.
Surement faudra-t-il plus que le simple outil, mais une méthode assez complète, pour en avoir une utilisation pédagogique efficace. Mais sur le principe c’est un outil avec un énorme potentiel !
L’une des parties fascinantes de la rédaction collective, c’est de savoir apporter de l’eau au moulin, tout en s’effaçant derrière sa contribution. C’est particulièrement vrai dans Wikipédia. Les articles de wikipédia sont les articles de l’encyclopédie, où le tout est plus que la somme des parties. À force de travailler sur un article, on peut y imprimer sa marque. Mais mon expérience de contributeur me montre qu’on essaie plutôt de fondre ses contributions pour se montrer à la hauteur de ce que doit être un article de nature encyclopédique.
C’est aussi là que des pédagogues comme nous peuvent apporter de grands services, parfois au niveau du contenu, parfois au niveau du style, pour que les articles soient compréhensible, et sans point de vue particulier.
Finalement, un petit quelque chose m’a tiqué, ça me tique tout le temps que voulez-vous…. Mario parlait de « de contenus libres de droit « . L’expression « libre de droit » m’horripile énormément lorsque l’on parle de logiciel ou de contenu libre selon les licences libres. Ça peut paraître techniques, mais ces contenus NE SONT PAS libres de droits. En effet, ils ne sont pas déposés dans le domaine public, mais bien sous la licence GNU GFDL.
D’ailleurs, c’est très clair lorsque l’on lit sous le lien qui était cité: « L’utilisateur s’engage à respecter les engagements de la GNU GFDL tant dans les copies conformes que dans les versions modifiées et doit créditer le projet Wikipédia comme source. ». Donc, libre oui, mais pas libre de droits, puisque certains droits ont été réservés.
Bon point Hoedic; je ne pourrai amener cela n’importe comment dans une école. J’ai un premier projet en tête avec Wikipédia et un autre avec l’aide d’un wiki spécialement configuré pour une école secondaire et je cogite beaucoup sur la façon dont j’introduirai l’outil. Je vous en reparle…
Quand à toi Benoit, tu apportes deux nuances extrêmement pertinentes qui prouvent encore la force de la conversation Web. D’une part, tu attires notre attention sur un aspect de ce projet que je n’avais pas vu et qui est crucial; s’oublier au service d’une oeuvre collective… WOW ! Ensuite, tu me corriges; merci !
Je vais rétropublier, mais avant, je veux vérifier… Si j’ai bien compris, je pourrais dire « c’est vibrer au diapason de contenus libres de certains droits » ?
Je dirais « contenus libres » tout simplement. Le problème, c’est l’association entre « libre » et « droits », c’est de dire libre de droits, dans le sens entre autres de « droit d’auteur ». Un contenu (ou un logiciel) libre de droits (d’auteur), c’est un contenu dans le domaine public, ce qui veut dire que la personne a renoncé à ses droits.
On parle généralement de « logiciel libre » ou de « contenu libre » dans le sens que le logiciel ou les contenus sont sous une licence dite « libre », qui donne la liberté de faire un certain nombre de choses. Mais ces logiciels ou ces contenus ne sont pas libres « de droits », parce que le droit d’auteur y est toujours rattaché. C’est juste que l’auteur donne spécifiquement le droit via la licence de faire un certain nombre de choses, comme par exemple, modifier, copier, redistribuer, vendre, etc.
En résumé, je dirais « contenu libre » ou pour être plus précis « contenu sous licence libre ».
J’espère que c’est suffisamment pédagogique comme explication, c’est facile de s’emmêler entre droits, licences, etc.
Parfois, par amusement, j’utilise l’expression « de droits libres », qui est plus près de l’esprit GFDL. Pour ce qui est de la possibilité de mettre du matériel dans le domaine public tout simplement, ce n’est pas si facile depuis que le droit d’auteur est automatique. Même que c’est quasiment impossible. Je peux déclarer du contenu que je crée comme étant dans le domaine public, mais à ma mort, mes héritiers pourraient en changer les termes.
C’est du moins l’explication donnée par Yannick Delbecque sur la liste Cogitations à propos du domaine public. D’ailleurs, on devrait bientôt clarifier ça pour mettre à jour la page du wiki Cogitateurs-Agitateurs sur le domaine public. En passant, ce wiki est sans doute un des secrets les mieux gardé de la « wikisphère » québécoise avec ses 1000 pages. J’en profite donc pour vous inviter à y contribuer 😉
> Prochaine étape : devenir moi-même contributeur !
Je m’y suis mis aujourd’hui et je comprenne que ça puisse devenir addictif car de fil en aiguille, à partir d’un article on en trouve de nouveaux qui mériteraient ajout. C’est aussi un jeu de chercher les références qui serviront à étayer les propos avancer et alors quelques lignes prennent une heure à rédiger !
Le volet « discussion » qui est épinglé avec chaque article est également très utile car permettant de donner un avis personnel sur tel ou tel aspect. C’est vraiment un très bon outil !
Je m’intéresse également aux wikis et à wikipédia, pour en comprendre les caractéristiques cognitives et politiques.
Pour creuser ta réflexion sur les wikis et leurs usages, un BarCamp* va rassembler de nombreux passionnés de wikis à Montréal les 18-19-20 Mai. Pour plus d’information, voir rocococamp.info. Au plaisir de vous y trouver pour jaser de tout cela plus en longueur.
* Un BarCamp est une sorte de non conférence dont la forme a beaucoup à voir avec les wikis.
À regarder et à écouter… un reportage de l’équipe de Découverte de Radio-Canada…
[…] Certes, le site phare le plus évocateur de la puissance subversive des wikis est celui du projet Wikipédia qui regroupe dans chacune de 22 langues différentes (sur plus d’une centaine) plus de 100 000 […]