Depuis mon retour au Québec, je brûle d’envie d’écrire sur cette nouvelle qui a été commentée par quelques rares bloggeurs* (1, 2 et 3), ce qui me surprend beaucoup. Nicholas Negroponte annoncera donc au Sommet mondial sur la société de l’information de Tunis (16 au 18 novembre 2005) qu’il s’apprête à mettre à la disposition de groupes pour qui l’accès aux ordinateurs est impossible actuellement, un prototype à 100 $ pièce!
* Claude Séguin a aussi écrit sur le sujet sur la liste Édu-ressources, dans le même sens que son commentaire chez Jean-Pierre Cloutier.
Je passe tout droit sur les considérations techniques de l’ordinateur pour m’intéresser davantage aux répercussions possibles de cette annonce qui est en ligne droite avec les propos tenus aux RIMA de 2004 par Seymour Papert :
«Je vous invite à imaginer un pays où il y aurait une haute civilisation de philosophie, de poésie, de théâtre, de sciences, mais où personne n’aurait jamais pensé à écrire. Alors, on invente le crayon et le papier. Rapidement, çà transforme le commerce, la science. Et un jour, quelqu’un a une idée : et pourquoi pas l’école aussi ? Mais ça déclenche un débat… Est-ce qu’il faut commencer par mettre un crayon dans chaque classe ? Ou peut-être trois crayons dans chaque classe ? Ou ne serait-il pas mieux d’avoir une salle spéciale où il y aurait des montagnes de crayons ?…»
Tiré de cette source.
Tentative pour réduire la fracture numérique ou simple démocratisation de l’information, cette initiative m’inspire trois prises de position :
- L’intégration des nouvelles technologies aux apprentissages est un courant fort, mondial et irréversible.
- Les personnes qui utilisent les nouvelles technologies pour apprendre savent jusqu’à quel point c’est un levier puissant et pensent changer le monde en les faisant utiliser par un maximum de personnes.
- Les gouvernements et les entrepreneurs de plusieurs pays pressentent l’importance de fournir aux apprenants des ordinateurs, mais pensent que ce geste à lui seul est suffisant pour changer la donne en matière de changements émergents.
Je suis de ceux qui croient que l’accès à des ordinateurs est ESSENTIEL aujourd’hui pour rendre de meilleurs services en éducation. En ce sens, l’initiative du « Massachusetts Institute of Technology » (Media Lab) est un progrès énorme pour l’avancement des connaissances, de la culture de réseau et l’émergence de communautés d’apprentissage fortes et nourricières, mais (parce qu’il y a un mais) ce ne sera pas suffisant « d’arroser » le monde de machines pour que « pousse » de meilleurs systèmes d’éducation.
On dit que la Chine et le Brésil s’intéressent déjà au projet (source) et sur cet article de l’Infobourg un citoyen se demande pourquoi ne pas en étendre l’accessibilité aux ZEP. Plusieurs initiatives visant à doter les institutions scolaires existent déjà et j’ai moi-même contribué à en lancer une. Je ne crois pas que des résultats positifs puissent être associés à ces démarches sur la seule base que les ordinateurs deviennent disponibles. C’est un gros pas en avant entendons-nous, mais ça prend plus que ça pour générer des changements dans la culture de l’exercice de l’acte d’apprendre et d’enseigner.
J’ai bien hâte de suivre les développements qui ne manqueront pas de survenir suite à cette annonce étonnante. J’étais à table avec une douzaine de français à Poitiers au moment où la nouvelle est apparue dans le paysage et les commentaires de chacun allaient tous dans la même direction : «C’est un gros coup !»
« Coup d’épée dans l’eau », « coup de poing sur la gueule » ou « coup de semonce » ? Je ne sais pas.
Mais la nouvelle doit interpeller chaque personne engagée dans l’intégration des nouvelles technologies aux apprentissages parce qu’il y a de fortes probabilités que cette annonce change la donne en éducation…
Je n’ai pas commenté cette nouvelle sur mon carnet web, mais j’en ai parlé avec un enthousiasme fou à une collègue de bureau qui a du se demander pourquoi je m’exitais autant.
Je dois dire que ce qui m’a vraiment allumé c’est quand j’ai appris que Marc Bellemare aurait promis de faire de Québec une ville sans fil.
Là, deux fils se sont touchés et une image mentale est apparue. J’imaginais, non pas Québec, mais le Québec sans fil avec des portables disponibles à $ 100! Cette combinaison serait, je crois, un événement historique au sens fort du terme. C’est-à-dire un événement d’un poid décisif dans le cours de l’histoire.
Comme tu vois, je suis encore pas mal allumé.
Oui, Mario, je pense comme toi que c’est une initiative vraiment intéressante, très attendue.
Elle était surtout attendue dans les pays riches où l’on a pas été totalement convaincu jusqu’à présent par les expérimentations d’équipement des élèves en portables. Les problèmes principaux : le coût et l’autonomie. Ce sont ces deux obstacles que le projet du MIT lève. D’où l’effervescence.
J’aime beaucoup l’idée de bretelle cable d’alimentation.
Ceci étant, il sera difficile d’empêcher que l’idée soit d’abord exploitée en occident. C’est là qu’elle est attendue. Et si les lignes de fabrication sont moins longues, la machine coutera 200$ ou 300 et ça n’aura pas beaucoup d’importance.
Simplement pour garder une trace en lien avec ce billet, Pierre Lachance traite de cette nouvelle (http://recit.org/index.php/2005/10/16/100_us_pour_un_portable) et rapporte un article (http://solutions.journaldunet.com/actualite/depeche/28/102537/ordinateur_portable_a_100_dollars_4_5_millions_deja_commandes_selon_le_mit.shtml ) qui montre que 4.5 milions d’ordis ont déjà été commandés.
Voilà un autre suivi chez «Les miettes (point net)».