Oser les chemins de gravelle

J’aime beaucoup la pensée que les idées les plus fortes ne soient pas souvent celles qui voyagent sur l’autoroute. En écoutant Michel Rivard parler ainsi de Robert Gravel à Belle et Bum, je me disais qu’il avait bien raison d’affirmer que les petites routes, celles qui sont souvent toutes croches, fournissent de bien meilleures occasions d’apprendre que les autres où on file à cent-vingt à l’heure.
Je ne connaissais pas la chanson qu’il a écrite en pensant au co-fondateur de la LNI. Je l’ai écoutée et ré-écoutée ce soir, longtemps après que l’émission ait cessé de faire entendre les hommages à Dédé Fortin:

«Les chemins de gravelle te ramènent d’où t’es parti.»

Le plus drôle c’est que le retour au point de départ est accompagné d’un regard tellement puissant; impossible de voir les choses comme elles étaient dans le souvenir. Il y a bien des ressemblances, beaucoup même, mais les détails ne peuvent plus avoir la même signification malgré leur apparente similitude.

J’écris cela après avoir passé la semaine à regarder sur ma route de gravelle par le prisme du coaching. Rien n’a changé. Tout est changé. J’entraîne encore, j’écoute, je prescris et j’encourage. Je console, je motive, je chicane, un peu… le moins possible. Certaines de mes envolées sont des « pep talk » où je sors de mes souliers alors que souvent, je parle tout bas ayant l’air d’aller nulle part du point de vue de mon interlocuteur… et j’arrive au sortir d’un virage avec le grand coup! Et ça porte… beaucoup mieux qu’avant. Parce que je planifie beaucoup mieux, parce que je pense beaucoup avant d’agir ou plutôt mes actions sont nourries par des pensées longuements muries en amont. Aussi, je montre moins comment faire même si ça m’arrive encore. Je fais découvrir, je révèle. Oui oui, comme agit un révélateur, transformant l’image floue et latente en idée visible et de plus en plus claire. Je le vois dans la coloration affective des gens avec qui j’interagis.

J’aurais dû revenir plus souvent sur mon chemin de gravelle celui qui m’oblige à aller moins vite, celui qui me révèle. À moins que le blogue soit justement ce chemin moins fréquenté de l’autoroute de l’information qui m’a obligé tant de fois depuis trois ans à faire des détours par moi-même au contact des autres qui croisent ma route à vitesse plus ou moins réduite.

«Pendant l’hiver, les chemins de gravelle fredonnent des airs de violoncelle et sous la glace, la neige, le vent, jusqu’au printemps les chemins de gravelle sont très patient.»

Je veux bien…

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3 Commentaires
  1. Clément Laberge 17 années Il y a

    « À moins que le blogue soit justement ce chemin moins fréquenté de l’autoroute de l’information… »
    J’adore.
    C’est tout à fait ça.
    Pour moi en tous cas.

  2. Photo du profil de GuillaumeGagnon
    GuillaumeGagnon 16 années Il y a

    Hey bien moi aussi jaime bien réfléchir lorsque je balade sur les chemins de gravelle,
    et toi Igor?

  3. Photo du profil de carOlinade
    carOlinade 16 années Il y a

    Je ne savais pas que Michel Rivard avait écrit cette chanson en pensant à Gravel. Mais déjà je la trouvais forte, saisissante et touchante cette toune-là. Et voilà qu’en arrivant par hasard chez vous, j’en découvre la prémisse.
    Paroles, mélodie… tout y est, du Rivard vivant.
    Je viens en fait tout juste de découvrir l’album sorti en novembre dernier. Et c’est en cherchant des pistes que je suis tombée ici. J’y reviendrai.
    au plaisir
    😉

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