« Le buzz » de Québec

Je vis à Québec. J’ai voté cette semaine dans une circonscription où les gens ont élu une députée du Parti conservateur. J’ai passé la semaine à entendre et à lire autour de moi sur le sujet de l’heure au Pays : Le «mystère de Québec».

« Cet autre Québec plus silencieux, méfiant des métropoles, moins conservateur que dépositaire d’un héritage collectif, aussi tolérant mais nullement obsédé d’être toujours à l’avant-garde d’un progrès qui n’est souvent qu’un effet de mode, un Québec moins fébrile, également moins énervé par la nouveauté d’où qu’elle provienne, ce Québec sans Montréal a choisi comme les Normands, ses ancêtres, de ne plus mettre ses oeufs dans le même panier cul-de-sac et a aussi rejeté les «valeurs canadiennes» à la sauce libérale. »

Extrait de « Deux Québec » de Denise Bombardier dans le Devoir du samedi 28 janvier 2006.

Je dois dire que je ne suis pas surpris de ce résultat, mais je suis étonné que notre région soit devenue « le buzz » du moment. Tout à coup, un tas de pseudo-spécialistes tentent de résoudre l’équation. Certains pensent que nous rêvons, éveillés par « loterie du pouvoir », d’autres parlent d’une douche froide pendant que les mots «énigme », « ondes de choc » et « vague bleue » sont sur toutes les lèvres.

Qu’en est-il ?

Je pourrais me contenter de laisser notre « Mme Boucher nationale », politicienne qui a du «nez», donner l’heure juste : « La Mairesse dit aimer le verdict des électeurs de Québec parce qu’ils ont été « rebelles » et parce qu’ils ont su démêler l’administration de l’option constitutionnelle » (source). Mais je vais risquer une explication…

Les gens de Québec sont tannés de se faire bourrer par les politiciens qui ne font rien pour eux depuis longtemps. Autant les péquistes sont menés de Montréal que les bloquistes ne se soucient guère de Québec, la ville. Les vedettes libérales sont anglophones ou de la métropole. On ne parlera pas du NPD qui n’existe pas en personne à Québec. Reste un gars de l’Ouest canadien qui s’est montré plutôt sympathique envers une candidate de chez nous qu’il a récompensée en la gardant à ses côtés après sa défaite et qui parle direct aux gens en venant à Québec aussi souvent que Gilles Duceppe. Ajoutez à cela une base de mécontents (disons «X») qui ne blairent pas de se faire dire quoi écouter à la radio, un autre groupe qui travaille au quotidien avec le pouvoir au Parlement de Québec et qui sait comment se prennent les décisions et un dernier qui est incapable de digérer l’arrogance de la classe politique dirigeante des derniers dix ans… vous êtes sur le bon chemin. Les idées plus à droite n’effraient pas le résidant de Québec (Mario Dumont en sait quelque chose). Ce même citoyen y aurait pensé plus longtemps si les conservateurs avaient été assez forts dans le reste du pays pour devenir majoritaire, mais dans les circonstances, nous n’avions rien à perdre et tout à gagner. Nous venions à peine d’élire comme Mairesse une politicienne pas comme les autres; pourquoi ne pas élire des députés qui ne traînent pas avec eux une image d’encroûtée ou d’opportuniste?

« Dans le fond, ça se résume à peu de chose : nous ne sommes pas reconnus par ceux qui prétendent «nous représenter», nous allons en reconnaître d’autres qui auront davantage de chances de ne pas oublier trop rapidement qui les auront élus… »

Reste à voir si nous aurons eu raison, mais le pire, c’est que personne ici ne revendique d’avoir eu raison. C’est ça le plus curieux dans cette histoire… maintenant qu’on l’a fait, le reste du pays agit comme si on existait [politiquement] pour la première fois. Rien pour nous décourager de s’être montrés rebelles!

N.B. Tags pour Technorati : Québec

Tags: "...à qui je suis" "La vie la vie en société"