La nouvelle année apporte avec elle son lot de bonnes nouvelles dont celle de l’ouverture du site Web de Philippe Meirieu :
«Je m’y suis décidé [à élaborer ce site], d’abord, pour des raisons qui tiennent à la manière dont le débat éducatif se déroule dans notre pays : les polémiques l’emportent, en effet, bien souvent, dans les médias et l’opinion publique, sur l’examen attentif des problèmes. Par ailleurs, plusieurs interventions, articles et ouvrages qui trouvent un grand écho, comportent des approximations, des erreurs, voire des mensonges sur l’histoire de la pédagogie, la réflexion actuelle dans ce domaine et les réformes institutionnelles passées ou en cours. Il m’est apparu important, dans ce contexte, de mettre à disposition du plus grand nombre des documents permettant de revenir aux sources, de recouper des informations et d’approfondir la réflexion.»
J’ai fait le tour du propriétaire avec beaucoup de plaisir et j’ai été impressionné par l’ampleur des documents qui s’y trouvent. Des cours de philosophie de l’éducation en passant par ceux en pédagogie, Monsieur Meirieu nous convie à un grand voyage aux sources mêmes du «comment faire apprendre». J’ai flâné quelques minutes à la page du petit dictionnaire personnel qui donne une foule de renseignements sur des mots souvent utilisés en pédagogie. À la rubrique «Connaissances scolaires» par exemple, on y rencontre ce petit bijou d’extrait :
«Or, si les choses sont si compliquées, c’est que la logique des connaissances et la logique des compétences ne sont nullement identiques et que, quand elles sont poussées l’une et l’autre dans leurs retranchements – ce à quoi nous assistons actuellement – elles risquent de devenir antagonistes. En effet, une connaissance n’a de validité qu’en tant qu’elle est référée à un système explicatif dans lequel elle trouve sa place; une compétence, elle, doit mobiliser des variables hétérogènes pour faire appel à une gestion risquée dont la validité ne peut jamais être décidée a priori.»
Il faut lire son exemple à partir de l’arbre devant lequel il a écrit ces lignes; elles montrent clairement pourquoi «il est impossible de séparer totalement connaissances et compétences» et comment tout cela devient une question «de porte d’entrée»… Trois sections ont un caractère plus interactif. Le bloc-notes présente des textes récents classés dans l’ordre inverse de l’ordre chronologique, la classe au quotidien est «consacrée à des échanges avec des professeurs qui souhaitent réfléchir à leurs pratiques pédagogiques» et le Forum accueille des contributions à caractère pédagogique de gens qui ont soumis des suggestions par formulaire. On sent bien que notre homme veut limiter les échanges directs et trop ouverts qui font même douter Emmanuel Davidenkoff dans son premier billet de cette année 2006 qui se demande s’il a encore «envie de maintenir un blog où les personnes sont plus souvent prises à parti que les idées ?» Il faut dire que les événements polémiques ne manquent pas en France actuellement et M. Meirieu les évoque judicieusement dans son billet «Peut-on tomber plus bas?» qui fait aussi office de voeux pour l’année 2006 dans son bloc-notes. La décision des autorités de ramener l’âge de l’apprentissage à 14 ans au lieu de 16 ans pour les enfants ayant le plus de difficultés scolaires et l’initiative d’interdire «la méthode globale» et d’imposer «la méthode syllabique» ont fait couler beaucoup d’encre chez nos cousins et dans ce contexte, les débats semblent plus difficiles que jamais auparavant.
Pour revenir au site de Monsieur Meirieu, un conseil en terminant. Chacun devrait laisser sa souris sur les images qui ornent chaque coin gauche des sections; le texte qui apparaît à ce moment est très instructif… Vraiment, c’est tout un cadeau que nous offre le pédagogue Meirieu; ne manque que le fil RSS pour suivre les ajouts qui ne manqueront sûrement pas de survenir dans les prochaines semaines; l’homme est prolifique!
