Il m’est arrivé à quelques reprises de me prononcer sur le dossier brûlant en France du socle commun des connaissances et des compétences. Sur ce billet de janvier 2005, j’évoquais le parallèle avec nos difficultés d’avancer dans le renouveau pédagogique. Voilà maintenant que l’actualité en France ajoute une autre brique sur la tête des gens en éducation qui s’intéressent davantage aux apprentissages qu’à l’enseignement. À sa dernière séance du Conseil des ministres (celle du 12 avril), Gilles de Robien a proclamé le retour à des leçons d’apprentissage des règles de grammaire… peu importe le contexte dans lequel ces règles doivent s’apprendre.
Je prends plaisir à suivre l’actualité en France et je suis loin d’être un expert, mais après le premier ministre Dominique de Villepin, je crois que la dernière crise (celle du contrat de première embauche CPE) a révélé jusqu’à quel point la deuxième cible des opposants risquait d’être celle du ministre de l’Éducation. Alors, il en ajoute avec le «chantier de la rénovation de l’enseignement de la grammaire». Si au moins, il était question de l’apprentissage de la grammaire… mais non, l’important reste d’enseigner!
Eveline Charmeux sur le site des Cahiers Pédagogiques y va d’une réponse assez cinglante :
«Faire de la grammaire, c’est en fait rendre consciente ces règles utilisées sans le savoir. Il n’y a donc pas de savoirs vraiment extérieurs à acquérir ; il y a à théoriser des savoirs acquis de façon inconsciente, ce qui implique la construction de notions et de concepts, difficiles certes, mais, sans qu’il n’y ait, au sens strict du terme, rien à apprendre et, encore moins, à mémoriser. La grammaire, c’est le domaine de la compréhension et de l’intelligence consciente, jamais du bachotage*.»
* Préparer un examen de façon hâtive et intensive, sans se soucier d’acquérir une formation de fond.
Ce qui me désole dans toute cette histoire, c’est que sous des prétextes de rehausser la qualité de la formation, l’école fera encore moins de sens pour de plus en plus de jeunes Français. «Des règles pour des règles », il ne me semble pas que c’est le type de progrès dont nos cousins aient besoin…
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