Il est possible que Pierre ait écrit ce billet pour n’être compris que des personnes concernées. À ce moment, j’aurais dû changer le titre de ma réflexion et parler de « mots » plutôt que de « maux ». Je ne crois pas que ce soit le cas. Il semble vraiment y avoir un malaise et c’est un peu plus clair quand on lit le billet suivant, écrit le lendemain. Il y a tout lieu de croire que nous sommes en face « d’un cas » où l’exercice de tenir pignon sur Web s’est mal terminé et que ça nous concerne, tous.
Il s’agit de la fin d’un blogue si j’ai bien compris et le début de d’autres aventures. Je me goure peut-être, dans le sens que je n’identifie pas le bon lien entre un blogue de ma connaissance qui ne répond plus et la personne qui a vraisemblablement perdu son poste, mais le malaise lui, il est perceptible. Je connais un brin les individus en cause et je sais que cet épisode ne passera pas inaperçu parmi la communauté des animateurs de RÉCIT dont c’est la rencontre nationale dans quelques jours.
Personne ne m’a écrit dans le particulier. Ni du côté des « boss » (je ne connais pas les officiers de la commission scolaire « d’attache » de cet animateur), ni du côté des collègues (je considère les animateurs de RÉCIT comme des collègues). Je n’ai communiqué avec personne sur ce sujet avant d’écrire ce billet. Je ne dispose pas d’information autre que ce qui est sur le Web. Je me sens donc libre de réfléchir tout haut sur ce sujet dans le sens que je ne suis pas en conflit d’intérêts. D’ailleurs, parlant d’intérêt, c’est parce qu’il est question d’utilisation des blogues que je me suis décidé à écrire ici pour réfléchir tout haut sur cet événement. Les deux fois où j’ai eu écho que des individus avaient été « dans le trouble » en lien avec l’utilisation de leur blogue, je m’étais employé à laisser des traces (1 et 2); je ne vois pas pourquoi dans ce cas-ci, je ferais semblant qu’il n’y a rien à dire…
«Parler du bout des doigts,
Sans sauter d’interlignes.
Se parler à mi-voix,
Par traits qui se soulignent.
Parler à mots couverts
Tendres ou sévères.
Parler tout contre toi
De ton souffle à mon souffle.
N’entendre que la loi
De ta voix qui s’essouffle.
Parler à mots couverts
Entre larmes amères.
Se parler en silence
Se parler en absence
Parler avec les yeux
Parler comme l’on peut
Parler à mots couverts
Se parler d’avenir ou d’hier…»
N.B. Ce n’est pas de moi, c’est de Delphine Lemaire
De fait, qu’est-ce qu’il y a à dire ? Élaborer sur le sujet de la perte d’inhibition que favorise l’usage des blogues ? Décrire l’importance de se doter d’une politique éditoriale acceptée par ses employeurs quand on publie dans le cadre (en partie ou en totalité) de ses activités professionnelles ? Se prononcer sur l’à-propos de la sanction ?
Naaaaaah… Pas ce soir en tout cas.
Mais j’ai quand même un trop-plein qui remonte quand je prends connaissance de réalités de ce genre. L’expérience de tenir un blogue n’est pas banale et le pouvoir de l’écriture sur le Web comporte son lot de risques et d’opportunités. Je ne lance pas de pierre à qui que ce soit. Je dis simplement que le groupe de connectés doit mieux s’assumer s’il veut changer quelque chose dans le fonctionnement de la société au niveau de la prise de parole citoyenne. J’avais lu des choses « étranges » sur le blogue en question et je n’ai jamais pris la peine de partager mes inquiétudes avec l’intéressé. Je ne dis pas ça pour laisser entendre que j’avais vu venir le coup; je suis très surpris de ce qui arrive. Je dis ça, parce que je ne suis pas à l’aise moi non plus avec ce qui se passe dans cette histoire-là. Je me sens concerné en même temps que ce n’est pas de mes affaires!
J’aimerais bien pouvoir contribuer à ce que l’utilisation des blogues en éducation élève nos rapports les uns avec les autres. Je ne peux m’empêcher de penser que cette affaire, elle aussi, est lourde de sens en matière d’usage des espaces virtuels collaboratifs. Et j’ai bien peur que ce ne sera pas facile d’en discuter sereinement, ni ici, ni ailleurs sur le Web. Ça me désole… et j’aimerais bien me tromper.
Je nous souhaite bonnes chances dans la suite de nos expériences, mais cet épisode me passe serré dans la gorge. Je ne juge personne, comprenons-nous bien; mais les maux qui couvent donnent la fièvre et rarement la toux et la congestion qui s’ensuivent sont bien agréables à vivre pour qui que ce soit.
Je sympathise avec tous ceux qui ont à coeur leur travail incluant celui qui semble l’avoir perdu. Je n’écris pas ce billet dans le but simpliste de prendre position pour ou contre, mais bien parce que je considère qu’il nous sera difficile de construire sur ces bases… et ça m’inquiète. À partir de là, entre le silence ou la colère, il doit bien y avoir un espace pour construire quand même, non?
N.B. Tags pour Technorati : blogue
Bonjour M. Asselin. Très bon billet! Encore.
1) Je veux dire que si je ne nomme pas Lamisansnom c’est parce que je ne veux pas ajouter de problèmes à ceux qu’il a présentement. Cette personne pourra (ou non) sortir de l’ombre le moment venu.
2) Je suis d’accord avec vous quand vous dites que cette personne a écrit des choses assez délicates. Mais doit-on avoir un blogue anonyme pour pouvoir dire des choses plus directes? Oui oui, je sais qu’il y a LA manière, mais bon…
3) J’ai du mal à bien comprendre la différence entre moi et le professionnel (engagé dans une CS). Faudra sûrement y voir pour la suite des connecteurs comme vous dites.
4) En passant, oui le blogue de la personne a été utilisé dans la perte de son poste, mais il n’est pas nécessairement LA cause. Un outil, certainement.
Au plaisir Mario et merci de me lire ;o)
Je ne peux pas me résoudre à accepter que l’on taise ainsi le nom de cette personne à qui on porte atteinte à sa liberté d’expression, sans compter son bien-être. Ce silence est complice de ceux-là mêmes à qui on reproche les faits. En se bâillonnant, on invite les autorités à abuser de leur pouvoir. Or, certains principes valent davantage que l’inconfort d’un individu.
Malgré tout le respect que je porte à Pierre, je ne peux pas être de son avis. En maintenant ce préjudice dans l’ombre, on expose toute la communauté au même sort ; pour protéger (soi-disant) une personne, on sacrifie la liberté collective. Et du coup, il est impossible de monter une contre-attaque.
J’ignore le nom de la personne qui est en cause. Peut-être y a-t-il des circonstances qui justifient la prudence. À défaut de les connaître, force m’est d’avouer que nous faisons preuve de lâcheté. Le mot est gros, mais c’est le seul qui me vient à l’esprit.
J’ai publié mon billet hier en « hyperliant » vers le blogue fermé de celui que j’avais en tête quand j’ai écrit «un blogue de ma connaissance». Comme il était deux heures du matin, les fils de nouvelles « des abonnés de mon blogue» n’ont pas eu le temps de prendre au vol cette information. Quand je me suis relu, j’ai pensé que j’avais commis une erreur en spéculant ainsi, même si, par la cache de Google, on a un certain nombre d’indices sur son blogue, que quelque chose se tramait. Quand je me suis relu, j’ai tout de suite pensé que cette personne (si c’est celle que j’ai en tête) avait des réserves à s’identifier puisqu’elle avait utilisé un pseudo chez Pierre, ce qui est étonnant, car elle n’a pas l’habitude de passer par quatre chemins pour dire ce qu’elle a à dire. Alors, je me suis dit (et je me dis en ce moment), « qui suis-je pour aller au-delà de la volonté de cette personne qui, habituée du Web, veut préserver son anonymat? » Pierre connaît l’identité de cette personne et je te connais assez François pour savoir que tu n’es pas inspiré par la curiosité morbide, mais je me fie à 100% sur le jugement de cette personne pour savoir ce qui est bon pour elle. Si elle a des doutes, elle saura trouver auprès de Pierre ou de d’autres amis, les arguments pour cheminer.
Personnellement, je me considère chanceux d’avoir pu me reprendre après avoir publié; je crois que j’aurais commis un impair… On a beau dire que ce qui arrive peut nous aider dans notre propre cheminement de blogueur, mais je crois aujourd’hui que la prudence de cette personne est probablement sage !