« Le malentendu serait donc qu’on discute seulement ce qui est en vitrine (le bulletin) sans avoir accès à ce qu’il y a dans le magasin (l’évaluation et ses composantes). Sinon, on lâcherait la proie pour l’ombre, c’est-à-dire on pourrait acquérir un avantage certain (la précision) pour une espérance vaine (en savoir plus).»
En fin de semaine, j’écrivais ce billet à propos des manchettes découlant d’une intervention de Robert Bisaillon, ex sous-ministre adjoint au MELS, amicalement affublé du titre de « principal concepteur » de la réforme de l’éducation actuellement aux portes du secondaire. Aujourd’hui, un collaborateur (merci à lui*) me fait parvenir le texte original de la conférence qu’il a prononcée au congrès « FIER DE TOI! » de la Fédération des Comités de Parents du Québec.
M. Bisaillon était l’invité du samedi midi et son allocution portait le tire « Les compétences parentales et la réussite des jeunes ». Un extrait :
« J’ai toujours été mal à l’aise avec cette affirmation souvent entendue selon laquelle les parents doivent collaborer avec l’école, comme si les enfants lui appartenaient soudain en propre dès qu’ils en franchissaient le seuil. Mais je sais que c’est une impression souvent ressentie par les parents, et qui peut aller jusqu’à leur désintérêt du parcours scolaire de leur enfant, une fois celui-ci arrivé au secondaire. Plutôt, je crois que c’est l’école, y compris l’école secondaire, qui doit collaborer (selon sa mission propre) à l’éducation des enfants, dont les parents demeurent les premiers et les derniers responsables. Si ce seul renversement de perspective arrivait, beaucoup de choses pourraient changer. »
La citation en début de billet était tirée, elle également, de son allocution. Je voulais simplement y revenir pour établir hors de tout doute que M. Bisaillon accorde encore beaucoup d’importance au bien-fondé de la réforme en étant sensible au besoin des parents « d’être mieux informés de la situation scolaire de votre [son] enfant pour être mieux en mesure de l‘aider » malgré la mise en garde qu’il prend le temps de faire par la déclaration du haut. Laisser croire que « la réforme serait un échec » à la suite de l’écoute ou de la lecture du texte de M. Bisaillon me semble être une « prouesse » de détournement de sens.
Je veux bien croire que le responsable du titre de cette nouvelle a fait de son mieux, mais comment diable peut-on arriver à ce choix de mots en pratiquant un journalisme rigoureux des faits et de leur interprétation?
* Je parle ici de Éric Demers (de la FCPQ) qui m’indique également que le texte en entier est accessible en ligne sur le site de la « Fédé » (.pdf).
Mise à jour du 1er juin : M. Bisaillon publie dans le Devoir une lettre dans laquelle il déclare « … rien dans le texte de ma conférence ni dans l’entrevue accordée à Mme Senay ne permettait de conclure que j’estimais que la réforme de l’éducation était un échec. Ces propos sont même contraires à mes convictions. »
M Bisaillon est … !
(propos censurés par l’éditeur)