« Je ne connais pas d’hétérosexuel qui ait choisi son orientation sexuelle. »
Alice Nkom
Je suis comme je suis, comme les autres sont : ma nature me convient. Je suis hétéro! Voilà toute une confidence qui n’a rien de très spectaculaire puisque je suis réputé être « normal » selon plusieurs personnes bien pensantes de notre société que je ne nommerai pas dans ce billet (histoire de ne pas trop leur faire d’honneur). J’ai la vie facile, en ce sens…
Pourtant, je suis fasciné par l’émergence de l’affirmation des gais et lesbiennes qui sont réputés (par les mêmes « bien-pensants ») être « contre-nature ». Fasciné, parce qu’il existe encore sur notre planète des lieux « Far West » où des « cowboys » dégainent allégrement sur tout ce qui est différent et tirent dessus avant de se poser la moindre question. La plupart du temps, ces calculateurs précoces sont portés à réagir contre des sentiments personnels refoulés qu’ils ne comprennent pas puisqu’on leur a appris qu’il n’était pas très sain de se garder une p’tite gêne avec les émotions en général et celles touchant aux questions sexuelles en particulier.
Je suis un brin excédé par le buzz « Outgames » comme certains de mes congénères peut-être, surtout parce que ça me met en pleine face notre besoin de démesure pour mieux apprivoiser un pan de la diversité du genre humain. Évidemment, je me sens complètement dépassé devant cette haine qu’on nous rapporte ici et là face à une réalité plutôt banale qui consiste à apprendre à être en ressentant des pulsions autres que celles que la grande majorité des gens ressentent.
Réglons d’abord la question du « contre-nature ». Sous prétexte que deux hommes ou deux femmes ne peuvent procréer s’ils ont des rapports sexuels entre eux (et il semble qu’ils aient du plaisir à en avoir…), il deviendrait évident que ce plaisir doit obligatoirement s’avérer abrutissant et avilissant puisque non orienté vers le « renouvellement de la race ». Soit. Je passe tous les arguments qui pourraient surgir en interprétant le même plaisir qu’éprouvent les amants de sexes différents en dehors du contexte de vouloir se prolonger par la naissance d’un autre « eux » et en le comparant à celui des amants de même sexe. Il me reste cette évidence que la nature des rapports sexuels chez l’humain ne peut se résumer qu’à la sauvegarde de l’espèce. Si c’était le cas, certains humains bien pensants ne pourraient (naturellement) concevoir ensemble sachant que le fruit de leur partie de jambes en l’air a toutes les chances de nuire à la sauvegarde de l’espèce plutôt qu’à la sauver… La nature devrait avoir prévu ça non? Et que dire du comportement de ceux qui savent que leur rapport n’a aucune chance de produire un enfant? Sont-ils eux aussi dans le club des « contre-nature »?
Sans doute que ma morale à cinq sous pourrait me valoir quelques réactions sur le « Far Web » par ces « cowboys » préoccupés par l’instinct de se protéger contre l’écoute de leur propre nature qui est marginale dans tellement de domaines possibles en dehors de l’orientation sexuelle. Unique, sommes-nous?!?
Je défends les intérêts de personne qui soit proche de moi. Il ne m’est pas arrivé que des gens dans ma famille soient gais ou lesbiennes. J’ai connu des gens au hasard de mon parcours (personnel et professionnel) qui ont comme caractéristique (au travers de biens d’autres) de vivre une sexualité différente de celle que je vis (et pas juste du point de vue de l’orientation) et ces personnes ne me font pas pitié, ni ne représentent des modèles en soi. La question n’est pas là. Elles existent dans leur nature personnelle (je ne parle pas de ceux qui sont malades) et ont les mêmes droits que j’ai. C’est tout.
Je ne comprendrais pas pourquoi j’aurais à exprimer ma fierté d’être hétéro. Je ne comprends pas plus pourquoi j’aurais à l’exprimer (cette fierté), si j’étais gai. Je ne suis pas contre le fait qu’il y ait des jeux gais d’un point de vue du vivre ensemble (du point de vue sportif, c’est plutôt ridicule, mais bon, ce n’est pas ce qui prime dans ces jeux), mais tant qu’à exister, je souhaite que cette manifestation révèle que les cowboys sont en voie de disparition sur cette terre où un Far West quelconque naît trop souvent pour des peccadilles.
J’ai hâte qu’on n’ait plus besoin des journées de la femme, des défilés de la fierté et des outgames pour montrer qu’on vaut autant les uns que les autres. En attendant, acceptons en silence et en paix que ces événements anachroniques améliorent un peu nos rapports entre nous, humains tordus que nous sommes…
