Dans les années soixante, il se faisait appeler le frère Pierre-Jérome chez les Maristes. Je l’ai connu sous le nom de Jean-Paul Desbiens, mais il passera à l’histoire comme le Frère Untel; celui des Insolences.
« Tout ce qui peut être enseigné ne mérite pas d’être appris. »
Parce qu’il ne passait pas par quatre chemins pour dénoncer le joual et la mauvaise qualité des apprentissages en français et parce qu’il n’a pas eu peur de dire que l’Église prenait trop de place dans les écoles des années soixante, je crois que, s’il avait existé, le blogue aurait fait la joie de celui qui a écrit une douzaine de coups de tonnerre dans Le Devoir entre novembre 1959 et juin 1960.
« Peu de temps avant la publication des Insolences, Jean-Paul Desbiens avait reçu des supérieurs de sa communauté l’injonction formelle de cesser toute activité publique et, surtout, de ne plus écrire de lettres aux journaux. On ne se doutait pas qu’un livre – quelle horreur – serait bientôt sous presse. (…) « Croyez-moi, j’étais sincère quand je vous ai imploré de ne pas publier les Insolences. Vous en avez décidé malgré moi. Sans doute avez-vous eu raison… » »
Extrait des premières pages (écrites par Jacques Hébert) des Insolences.
Aujourd’hui, Jean-Paul Desbiens est décédé, mais le Frère Untel est plus vivant que jamais (consulter ce dossier de Radio-Canada). J’ai rencontré M. Desbiens à trois reprises et j’ai toujours été frappé par ce mélange d’assurance et de timidité qui trahissait son franc-parler et son jugement. Homme intelligent, il en imposait beaucoup par sa prestance, mais son ton de voix rassurait par son grand respect des autres. On m’a raconté plusieurs anecdotes à son sujet, mais je retiens qu’il a été celui qui a brassé le Québec au bon moment de la bonne façon!
« C’est à la hache que je travaille. Le temps n’est pas aux nuances au pays du Québec. Quand tout le monde parle joual, ce n’est pas le moment de surveiller ses ne… pas et ses ne… que. Si un homme est en train de dormir dans sa maison en feu, on ne le réveille pas au son de la petite sérénade nocturne de Mozart. On lui hurle de se réveiller, et s’il dort dur, on le taloche aller-retour. »
Merci mon frère et bon repos…
Mise à jour de fin de soirée : Impossible pour moi de résister à l’envie de garder la trace de cet article du Devoir qui commémore le décès d’un « grand pédagogue » et surtout, cette première lettre du Frère Un Tel publiée le 3 novembre 1959 au courrier des lecteurs du Devoir.
Mise à jour du lendemain soir : Je n’allais pas manquer «Les artistes et l’affirmation du joual» à «Tout le monde en parlait» qui met en vedette, entre autres, Jean-Paul Desbiens… (rediffusion sur RDI samedi à 17 h 30 et 23 h 30 ainsi que dimanche à 2 h 30 et 14 h 30).
Je doute que le frère Untel ait écrit «peut-être» au lieu de «peut être»…
Vos doutes s’avèrent fondés… la correction a été faite!