J’ai assisté à quelques présentations cet après-midi. La plus intéressante venait d’une dame du Centre de Recherche d’Esthétique du Cinéma et des Arts Audiovisuels (CRECA). Il était question de « Matrice Active » une sorte de logiciel qui permettait d’entrer dans une oeuvre d’art et de prendre position dans la perspective d’un des objets du tableau. Fascinant d’un point de vue pédagogique, mais mal reçu de la part de l’auditoire préoccupé davantage par les questions éthiques. La « proposition » de Sophie Lavaud à partir des théories de Kandinsky était pourtant très signifiante :
Kandinsky a, en effet, décrit ses tableaux bidimensionnels comme un processus qui « demande de celui qui contemple qu’il « se promène dans le tableau », qu’il explore de façon active l’espace de l’image, qu’il se dirige à tâton d’une configuration coloro-formelle à une autre ». L’orientation prise vers une utilisation heuristique, cognitive, « énactée », ubiquitaire, bilocalisée de la relation immersive, d’être dans l’image pour comprendre de l’intérieur le système, pour y tester nos comportements et ceux des éléments formels colorés de chaque peinture, c’est permettre ce parcours et cette action dans l’image.
Je conçois facilement l’utilité de l’outil pour faire apprendre. L’idée de prendre différents points de vue pour sentir les différences dans le résultat d’une oeuvre me semble tout à fait pertinente dans la mesure où l’intention demeure de ne pas dénaturer l’oeuvre, mais de s’en servir pour catalyser le processus créatif. J’aimerais bien aller voir sous le capot de quoi est fait ce qui permet une telle interactivité. À suivre…
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Bonjour Mario,
Merci pour tes remarques critiques sur le contenu de ma présentation « la plus intéressante », dis-tu. Cela flatte mon ego. Tu as parfaitement compris les enjeux pédagogiques de mon projet Matrice Active : sensibiliser un public aux théories de Kandinsky par l’expérimentation interactive immersive qui lui donne la possibilité d’expérimenter les concepts de l’intérieur et au niveau sensoriel, de les éprouver physiquement. En exemple tu cites un extrait du texte que j’ai écrit pour être publié sur le cd-rom des actes du colloque scientifique de Ludovia 2006, avec une citation sur l’exploration active de l’image tirée du livre : Kandinsky : Du théâtre, La Société Kandinsky et Adam Biro, 1998.
Mais pour moi, les enjeux pédagogiques sont doublés d’enjeux artistiques sur la métamorphose et les flux colorés dans une invitation à découvrir le tableau spatialisé par les yeux et indirectement par la main (à travers la souris) pour finalement en proposer une nouvelle lecture. A l’instar des Pièces Didactiques de Bertolt Brecht qui ont été écrites pour être jouées dans les écoles, et surtout par les élèves, je revendique un double enjeu : artistique et pédagogique. Et ce qui crée parfois la polémique, c’est que je pars d’un chef d’oeuvre de Kandinsky. Mais pas du tout dans l’esprit iconoclaste d’un Duchamp dadaiste mais au contraire comme tu le soulignes par hommage respectueux de ce grand artiste.
Alors, à quand la présentation de mon prototype au Musée d’art contemporain de Montréal ?
A bientôt, je l’espère bien et en attendant, retrouvons-nous à Paris, Montréal ou dans le cyberespace.
Sophie