« Voilà pourquoi les Guides sont là »

C’est la signature d’une nouvelle campagne des Guides du Canada qui se veut une occasion de démontrer que le programme des guides est tout, sauf démodé… L’idée est la suivante :

« Cette campagne se veut une occasion de transmettre au plus grand nombre de parents possible le message que l’adhésion aux Guides du Canada constitue une option positive par rapport aux mauvaises influences dont sont inondées les filles. »

J’ai été mis au courant de l’existence de cette initiative par l’entremise d’un directeur d’école qui m’a fait lire une lettre ouverte publiée samedi dernier dans La Presse dont je ne peux retrouver aucun lien (ce qui m’incite à la reproduire sous l’hyperlien plus bas). Il m’a avoué s’être fait prendre par le début de la lettre où les grands titres de la revue devenaient extrêmement irritants au point de le choquer. Je ne sais trop si Michèle Bourgon de chez Sisyphe a pris le temps d’aller plus loin que la lecture au premier degré, mais elle juge de son côté l’initiative « ahurissante »! L’auteure de la lettre ouverte qui est maman d’une petite fille de quatre ans a qualifié la démarche de « publicité intelligente » quand à elle.

Je suis plus sensible ces jours-ci au dossier de l’hypersexualisation côtoyant au quotidien les gens du Conseil du statut de la femme et je vais sûrement solliciter l’avis de quelques-unes des personnes avec qui je travaille sur la valeur de cette campagne. Personnellement, je suis plutôt sympathique avec le choix des Guides qui, j’imagine, veulent en même temps sensibiliser les jeunes aux stéréotypes propagés dans les médias et positionner leur organisme au niveau d’un groupe moderne, critique et de son temps!

Une chose est sûre, les Guides du Canada ont décidé de prendre les grands moyens pour s’affirmer, au risque de choquer un peu, de façon à se dégager d’une image trop conservatrice qui a probablement contribué à la diminution du nombre des adhérents au mouvement… Est-ce qu’ils seraient allés trop loin?

À votre tour, dimanche 3 septembre 2006, p. A11
Filles « modernes »
D’entrée de jeu, je dois avouer mon vice pour les revues de déco. C’est en feuilletant l’une de mes récentes acquisitions, le numéro de septembre de la revue Chez soi, que je suis tombée sur la publicité d’un magazine pour adolescentes intitulé  » Fille MODERNE  » (voir ci-contre). Je me suis d’abord demandée ce qu’une telle publicité pouvait bien faire dans une publication surtout destinée aux adultes. Toutefois, outrée par ce qu’on pouvait lire sur la page couverture du supposé magazine pour adolescentes, je n’ai vu que du feu et j’ai écrit une lettre d’indignation que je m’apprêtais à vous soumettre.
Voici quelques exemples des  » grands titres  » de la page couverture du magazine en question, supposés attirer l’attention des jeunes (et moins jeunes) lectrices:  » Fais de ses intérêts, tes intérêts. C’est correct de faire semblant! « ;  » Finie la graisse de bébé, perds 10 livres en 10 jours! (Sans danger pour ta santé) « ; et comme article vedette  » Chirurgie esthétique- à quel âge peux-tu commencer?  » N’était-ce pas ahurissant?
Certes, j’étais choquée de constater qu’une fois de plus on valorisait le concept que la femme est un outil de plaisir, et qu’on véhiculait le message  » sois belle et tais- toi « . Mais, surtout, j’ai été outrée de voir qu’on faisait croire aux adolescentes qu’il était tout à fait normal de ne pas accepter son corps, que la chirurgie esthétique était éventuellement une solution toute naturelle, et ce, dans une société où les troubles reliés à l’image sont si prévalants. Pire encore, j’étais estomaquée de voir qu’en 2006, on faisait la promotion, en toutes lettres, de l’asservissement et de l’abstraction de ses propres intérêts. Tout cela en terre on ne peut plus arable, dans la période d’insécurité, de recherche de soi et de grande vulnérabilité qu’est l’adolescence.
Une surprise
Somme toute, je trouvais les éditeurs de cette revue irresponsables de vendre un tel produit à nos adolescentes, qui sont dans une période cruciale d’ambivalence entre l’acceptation de soi et les pressions sociales et médiatiques, qui les incitent constamment à plaire à tous, sauf à elles-mêmes.
Puis, poussée par la curiosité, avant d’envoyer ma lettre d’opinion, j’ai décidé d’aller visiter le site Internet du pervers magazine, pour finalement aboutir sur un autre site: celui des Guides du Canada (www.besoindesguides.ca). Honteuse de ma crédulité et de mon impulsivité, et en même temps tellement soulagée, je me suis alors rendue compte qu’il s’agissait d’une parodie faisant office de campagne de publicité pour les Guides.
Bien de son temps
En me promenant sur ce site, j’ai pu constater à quel point le mouvement semble avoir évolué au même rythme que la société. Bien qu’il ait été fondé il y a plusieurs décennies, par un certain Baden Powel (si ma mémoire de petite fille est intacte), il m’a semblé plus que jamais être un mouvement dynamique et composé de vraies  » filles modernes « . Les Guides semblent entre autre s’être donné comme mission d’aider les jeunes adolescentes à garder un équilibre à une époque où elles sont soumises à l’influence de tous les types de médias, qui exposent continuellement des femmes d’allure anorexique et hypersexuelles, aux attributs inaccessibles pour la grande majorité des filles normales, et ayant des comportements, la plupart du temps, on ne peut plus passifs.
Il y avait effectivement, dans le coin inférieur de la page couverture du  » Fille MODERNE « , le dessin d’une petite guide montrant du doigt le reste de la page avec une phrase qui disait:  » Voilà pourquoi les Guides sont là « . Je ne l’avais pas remarquée. Quelle publicité intelligente, que cette parodie de magazine qui m’est apparue pour un instant si réelle et qui m’a incité à réagir si vigoureusement!
Marie-Chantal Audelin

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