«Grâce à la grammaire, la petite Vanessa a osé privilégier la réflexion à la perception ; le choix et l’organisation des mots lui ont donné le pouvoir d’aller plus loin que son œil le lui permettait.»
Le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en France a produit un discours sans équivoque aujourd’hui au pays de nos cousins : «Donner à l’enseignement de la grammaire la place qu’il mérite». Réagissant au rapport Bentolila (l’extrait ci-haut vient du rapport), Gilles de Robien fait dans «la vieille dentelle» selon le Café Pédagogique qui lui consacre son éditorial d’aujourd’hui :
«Nul n’en doute. Le rapport sur la grammaire serait un répertoire des lieux communs conservateurs s’il n’était pas d’abord un soufflet asséné à la face des enseignants.
SOS Éducation (un groupe conservateur, s’il en est) lui demande «par conséquent d’abandonner toutes les fantaisies lyriques que le Professeur Bentolila a introduites dans son rapport pour soigner son image de mandarin du pédagogisme». À noter que pour la première fois, le mot («pédagogisme») a été prononcé en conférence de presse ministérielle. Bref, le ministre a réussi à insatisfaire l’ensemble des intervenants, si j’ai bien compris! Le Sgen-Cfdt parle de «démarche régressive»; l’autre syndicat (le Snuipp) qualifie cette vision de l’école de «simplificatrice et rétrograde».
Je ne peux m’empêcher de penser à un extrait de l’émission de radio que j’entendais dimanche sur la route du Nouveau-Brunswick, «Vous m’en lirez tant». Jean Forest qui a écrit «Pamphlet pour les décrocheurs» participait à un échange avec Luc Papineau (bien connu ici) et un des deux autres auteurs du «Grand mensonge de l’éducation». M. Forest parlait du français privilégié à l’écrit en France comme d’une langue de Bourgeois qui est plus qu’autre chose un instrument de tri social qui permet à une certaine classe de conserver ses privilèges. De mémoire, il disait qu’à l’écrit, le français n’avait rien à voir avec la langue parlée et qu’il fallait le réformer d’urgence… (les propos réellement tenus à l’émission seront plus justes que ce résumé trop succinct).
Au-delà de toute polémique, on conviendra que le Café Pédagogique vise assez juste dans son éditorial :
«L’enseignement de la grammaire est effectivement difficile et laborieux. On voit mal comment le rapport Bentolila pourrait aider les enseignants à améliorer leurs pratiques. Tout au plus jette-t-il le doute chez les parents envers les enseignants.»
Soyons bons joueurs, donnons le mot de la fin au ministre qui a parsemé son discours de plusieurs phrases chocs bien senties :
«Mais évidemment, il faut acquérir cette compétence méthodiquement. Car il en va aussi de notre capacité à raisonner ! N’oublions pas qu’il y a aussi un lien très étroit entre la grammaire et la logique. Former les élèves à manipuler ces petits mots que sont « donc », « or », « par conséquent », c’est leur donner les outils de base du raisonnement scientifique.»
Complément d’information chez Libé…
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L’autre auteur du livre «Le grand mensonge de l’éducation» qui participait à cette entrevue se nomme Luc Germain et enseigne au primaire.
Je ne vous cacherai pas que cette expérience radiophonique fut l’un des plus éprouvantes que nous ayons connues tant la mauvaise foi de l’animateur était évidente. D’ailleurs,à cet égard, la réaction des gens dans la salle était assez révélatrice.
Le propos de M. Forest dans son livre «Requiem pour les décrocheurs» est simple: l’école est un lieu de torture tandis que l’enseignement du français et des maths sont des aberrations mentales.
Pour M. Forest, la langue française est truffée d’exceptions qui ne servent qu’à permettre à une élite d’asservir ceux qui ne la maîtrisent pas. Un discours bien connu et qui remonte à Vaugelas.
Or, que propose M. Forest? Évidemment d’abolir toute norme grammaticale et d’orthographe, rien de moins. Et qu’adviendra-t-il du Québec dans l’espace francophone? Pas un mot là-dessus. Comment arrivera-t-on à se comprendre? Néant aussi. Cela n’empêche cependant pas M. Forest de recommander dans son livre la lecture des grands classiques français et d’Yves Thériault. Des goûts et des couleurs, on ne discute pas, mais Yves Thériault? Il existe, à mon avis, dans la littérature québécoise des auteurs bien plus intéressants.
Toujours concernant l’inutilité de l’orthographe, M. Forest cite une étude de l’Université de Cambridge à l’effet que le cerveau humain peut replacer dans l’ordre un mot mal orthographié sans trop de difficulté. Se basant sur cette dernière, il en vient à la conclusion (erronée quant à moi) qu’il ne sert à rien de savoir bien écrire un mot. Ce que cet universitaire oublie cependant, c’est que le cerveau remet dans l’ordre les lettres d’un mot justement parce qu’il existe, au préalable, un ordre normatif des lettres qui permet par la suite de recréer le dit mot…
De plus, dans son livre, M. Forest estime que seuls 25% des Québécois ont à utiliser la langue française de façon rigoureuse. Alors, pourquoi embêter les 75% des jeunes qui n’en feront rien et qu’on pousse au décrochage? Encore une fois, qui déterminera ceux qui ont à bien écrire de ceux qui peuvent s’en passer? Les jeunes eux-mêmes? J’enseigne en cinquième secondaire et mes étudiants ne savent pas encore quel programme choisir au cégep… Une telle idée ne ferait justement que créer une élite de la langue, élite que M. Forest dénonce ironiquement.
Là ou le débat fut surréaliste est lorsque nous avons tenté d’expliquer les raisons du peu de temps consacré à la lecture au Québec. Comme le système d’éducation quant à l’évaluation de l’écrit est plus que laxiste, un élève peut atteindre la cinquième année du secondaire sans maîtriser l’orthographe et la grammaire. En effet, toutes les grilles d’évaluation en français, réforme ou pas, permettent à un enfant de réussir sans connaître ses règles de base bien qu’il puisse utiliser des outils comme un dictionnaire ou une grammaire lors des évaluations.
Aussi, à chaque année, à tort ou à raison, par professionnalisme, par ennui ou par pression sociale, les enseignants de français s’évertuent à radoter des règles que les élèves ne se sentent ni la nécessité, ni le besoin, ni la contrainte (ouh le vilain mot!) d’apprendre puisqu’ils réussiront malgré tout. Tout ce temps de radotage se fait au détriment de la lecture.
M. Germain et moi croyons que la maîtrise de la langue est victime de modes d’évaluation peu rigoureux et que, normalement, à la fin du primaire, un enfant devrait maîtriser celle-ci un tant soit peu. Cela laisserait alors le champ libre au secondaire de traiter de lecture au lieu de revoir ce qui aurait dû être su.
Nous n’avons jamais pu expliquer l’impact de ce manque de rigueur dans l’évaluation de l’écrit sur l’enseignement de la lecture puisque, tant l’animateur que M. Forest, ne nous ont permis de mener à bien ce raisonnement puisqu’ils nous interrompaient sans arrêt. Bref, une mauvaise expérience à oublier mais, surtout, une belle occasion de gaspiller pour discuter de la véritable réussite des jeunes.
« Toujours concernant l’inutilité de l’orthographe, M. Forest cite une étude de l’Université de Cambridge à l’effet que le cerveau humain peut replacer dans l’ordre un mot mal orthographié sans trop de difficulté. Se basant sur cette dernière, il en vient à la conclusion (erronée quant à moi) qu’il ne sert à rien de savoir bien écrire un mot. »
Ayoye! M. Papineau a absolument raison quant à la faiblesse de cet argument de Forest. Cela me rappelle un écrit du philosophe Alain sur l’importance de l’orthographe : sur deux pages, on trouvait un texte très mal orthographié, et plus loin, le même texte correctement écrit. L’expérience est renversante : le texte mal orthographié prenait un temps fou à lire comparativement à l’autre. Alain voulait ni plus ni moins démontrer par là que l’orthographe est la politesse de l’écriture. En effet, qui a du temps à perdre pour déchiffrer un texte?
À cet égard, je lève mon chapeau aux enseignants de français qui passent des heures à essayer de comprendre des écrits des élèves ! Si j’étais dans leur cas, j’exigerais (pour ma propre santé mentale!) que tous les textes qu’ils me remettent soient d’abord passés sous la moulinette d’un correcteur grammatical genre Antidote. Ce n’est pas la panacée, loin de là, mais au moins, les textes seraient un peu plus lisibles.
PS. J’essaie depuis des années de remettre la patte sur cet écrit d’Alain… Si jamais vous le trouvez, un petit courriel m’indiquant la référence exacte serait fort apprécié!
Si ce n’est pas abuser, j’aimerais bien, moi aussi, avoir la référece du texte auquel fait référence M. Jobin.
J’ajouterai que mon expérience d’enseignant m’a depuis longtemps permis de constater à quel point une écriture par trop déficiente est pénible à lire.
Mais il y a des conséquences encore plus désastreuses. Je me rappelle des travaux d’étudiants universitaires dont la pauvreté de l’écriture ( orthographe, syntaxe, structure) était tellement grande qu’il n’était plus possible de savoir si un tel charabia était du à un manque de compréhension des contenus du cours ou au seul fait de leur faiblesse en écriture.
Et je ne dis pas cela pour dénigrer ces étudiants. Pas du tout, plusieurs faisaient par ailleurs preuve d’intelligence, de jugement et possédaient bien d’autres belles qualités. Mais cette lacune en écriture était un véritable handicap.
Est-ce normal que des universitaires peinent à écrire leur langue maternelle? Peut-on encore expliquer cette situation en parlant de Vaugelas et les difficultés reliées à cette langue?
Pour ma part, il est évident que ces jeunes, qui ont réussi les épreuves d’écriture au secondaire et au collégial ont été bernés par des évaluations complaisantes. En lecture, la situation est encore pire.
Pour vos lecteurs qui aimeraient en savoir davantage, voici une critique de cette émission dont le titre en soit est déjà tout un résuméL Surréalisme…
http://www.canoe.com/divertissement/chroniques/pierre-thibeault/2006/11/30/2561480-ici.html
Mon commentaire porte sur l’entrevue accordée par Luc Papineau et Luc Germain le 26 novembre dernier lors de leur passage à l’émission de la Première Chaîne Vous m’en lirez tant, entrevue que je viens d’écouter en ce lundi 4 décembre. J’en suis d’ailleurs encore sonnée. Raymond Cloutier a montré une mauvaise foi manifeste et, si j’avais été présente au Pub Quartier Latin, je crois que j’aurais hurlé; non, en fait, je pense plutôt que je serais restée bouche bée devant tant de propos surréels et fondés sur des arguments fort contestables (on dirait des sophismes…) et, pire, contradictoires, de la part de cet animateur et de Jean Forest. Chapeau! de ne pas vous être emportés; vous êtes d’une politesse extrême, messieurs!
À ceux qui croiraient que j’écris à travers mon chapeau: je suis moi-même enseignante de français au secondaire.
Ces deux derniers jours, j’ai demandé à mes élèves de quatrième secondaire d’écouter en classe Vous m’en lirez tant, l’occasion était idéale puisque nous étudions le texte argumentatif. Ils m’ont étonnée : je croyais qu’après cinq minutes, ils en auraient assez, mais tous écoutaient attentivement l’émission, et plusieurs prenaient des notes. Je précise que j’enseigne à deux groupes du P.É.I et à deux groupes dits réguliers dont l’un regroupe des doubleurs et des élèves manifestant d’importantes lacunes en français. Vais-je vous surprendre en vous disant que ce sont les élèves les plus faibles qui ont trouvé les propos de M. Forest insultants et fort peu intelligents de la part d’un universitaire ? Et que ce sont ceux qui ont toujours 0% dans leurs dictées qui ont le plus réagi ? Ils auront besoin d’écrire, ils en sont convaincus, et ils craignent qu’on les juge mal ou qu’on les trouve stupides s’ils ne parviennent pas à écrire dans un français convenable. Ils ne veulent pas devenir des écrivains, ils veulent être capables d’écrire des textes «ordinaires» sans faire de fautes. De plus, certains des arguments de M. Forest sont fort discutables. Lorsqu’il prétend que le français est avant tout une langue de bourgeois (Vaugelas), n’aurait-il pas dû préciser que la langue officielle des érudits et de la magistrature était le latin et non pas le français jusqu’au XVIe siècle ? Pa ailleurs, Albert Dauzat, un spécialiste du parler rural, n’a-t-il pas inventorié 636 patois dans la France du XVIIe siècle ? Cette situation ne rendait-elle pas la compréhension entre Français plutôt ardue ? Au XVIIe siècle, 99% de la population était analphabète en France, alors ne me dites pas qu’aujourd’hui, M. Forest, les descendants de ces Français sont subitement devenus des «bourgeois», des érudits ou des aristocrates. Finalement, le professeur émérite affirme que l’écart entre le français parlé et le français écrit en France est beaucoup moins grand qu’au Québec, permettez-moi d’en douter! A-t-il vu des copies d’examens d’élèves français ? A-t-il observé des jeunes Français en train de clavarder ? J’ai eu, ces dernières années, quelques élèves français; ils faisaient autant de fautes dans leurs dictées que les élèves québécois, et ne réussissaient pas davantage à obtenir la note de passage. Pour terminer, voici quelques-unes des expressions de jeunes Français qui ont échangé avec mes élèves : un coup dans les lattes (jambes), nickel chrome (fantastique), le top (le meilleur), shopping, parking, drugstore, tu te fous de ma gueule, etc. Mais ce sont sans doute les descendants de paysans qui s’expriment ainsi (99% des Français?).
P.S. M. Forest aurait avantage à lire certains ouvrages et certains articles publiés en France qui traitent du même sujet, et qui constatent que les jeunes Français ne savent plus lire ni écrire, eux aussi. Voir «La France revient aux dictées, au calcul mental et à la grammaire», Cyberpresse, http://www.cyberpresse.ca/article/20061027/CPACTUALITES/610270636&SearchID=73261538713590
«Comment des élèves qui ne savent pas écrire et s’exprimer correctement peuvent-ils décrocher leur Bac ?» Yahoo France, http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20061121040324AAttqxq
«Trois réformes urgentes pour sauver l’école», Le Figaro, http://www.lefigaro.fr/debats/20061023.FIG000000181_trois_reformes_urgentes_pour_sauver_l_ecole.html
Madame Boudreau,
Je trouve votre expérience fort intéressante et certains des éléments qui ressortent de votre «expérimentation» viennent ajouter à ma réflexion. J’aurais aimé en savoir davantage quant à leur appréciation des différents arguments qu’ils ont entendus lors de cette émission. De même pour votre opinion. Ce n’est pas parce que j’ai co-écrit un bouquin sur les ratés de l’enseignement du français que certaines de mes idées n’ont pas changé depuis.
Merci de partager cette expérience avec nous et merci à M. Asselin de nous permettre d’utiliser cet espace virtuel pour en discuter.
M. Papineau,
Voici les réflexions de mes élèves (120) sur l’émission «Vous m’en lirez tant». Selon moi, ils démontrent leur intérêt pour l’école (!) et les propos de M. Forest les ont fait réagir plus que je ne le croyais. Il a fallu que je leur demande de commenter vos arguments sinon ils ne l’auraient pas fait. Je me pose une question : M. Forest a-t-il parlé à des adolescents récemment ?
Écrire…
Si on ne sait pas écrire correctment, on va se moquer de nous.
Peut-on lire sans savoir écrire ?
Écrire, c’est la base, sinon on ne va pas loin dans la vie.
Savoir bien écrire nous permet de conserver notre langue, donc notre culture.
Si on doit apprendre à écrire, faisons-le bien.
Si on n’écrit plus, on va lire quoi ? Pas de grammaire, pas de mathématiques, on va lire deux heures chaque jour ?
Si on n’apprend pas à écrire correctement, va-t-on être capable de lire correctement ? N’y a-t-il pas d’études qui montrent qu’apprendre à écrire développe nos capacités, notre cerveau ?
Va-t-on être capable de lire les noms de rue ?
Monsieur Forest…
Il ne commentait pas les arguments de L. Papineau et L.Germain, il les ignorait.
Je l’ai trouvé borné et agressif.
Il n’a pas prouvé que 75% des élèves du primaire et du secondaire n’étaient pas intéressés à mieux écrire, il n’a fourni aucune étude ni de données précises.
Il condamne 75% des jeunes à laisser leur vie et leur destin entre les mains d’autres personnes qui ne sont pas toujours dignes de confiance.
Comment fera-t-il pour choisir ceux qui feront partie des 75% qui n’apprendront plus à écrire correctement ? Comment ceux-ci vont-ils se sentir en apprenant qu’ils ont été exclus ?
Je pense comme lui : l’important, c’est le message, pas l’orthographe.
Messieurs Germain et Papineau…
L’exemple des a-à a été trop souvent répété.
Ils auraient dû mieux se préparer.
Ils n’ont pas pris assez de place dans le débat.
Environ 70% des élèves de notre groupe pense que l’évaluation est responsable de la situation.
Nous pensons que l’intégration des élèves dans les classes régulières va nuire à l’ensemble du groupe.
Nous croyons que l’intégration des élèves en difficulté dans notre groupe les ferait décrocher encore plus, ils ne seront pas capables de suivre le rythme.
Sur l’école…
Quant tu ne sais rien, tu ne peux pas penser, et quand tu ne peux pas penser, tu ne peux pas avoir une opinion.
Quand on est ignorant, on croit n’importe quoi. On est crédule.
C’est l’école qui nous permet de devenir, qui nous aide à voir qui on est et ce qu’on sera.
Elle développe notre capacité à juger par nous-mêmes, à avoir un jugement critique.
Elle nous donne toutes les chances possibles pour faire un bon choix de métier.
Notre intérêt pour l’émission ne dit-il pas que l’école nous intéresse ?
Réflexions et questions diverses…
On sait lire à 12 ans. Si l’écriture et les mathématiques sont inutiles, on met 75% des jeunes sur le marché du travail ? Retour au Moyen Âge ?
J’imagine les archéologues de demain qui trouveront des documents ou des objets; l’écriture n’était accessible qu’à 25% de la population. Comment feront-ils pour comprendre ce qui est écrit ? L’écriture a des règles : pas de règles, on écrit n’importe comment, alors comment feront-ils pour déchiffrer cette écriture sans règles ?
Comment savoir que les moins doués ne voudront plus écrire pour le reste de leurs jours?
Dans toute tâche ou activité, il y a une partie «plate».
Il peut arriver qu’on fasse beaucoup de fautes, mais qu’on ait beaucoup d’imagination. On élimine des écrivains possibles?
Au lieu de nous adapter à une langue, faudrait-il plutôt que la langue s’adapte à nous? Je crois que oui.
Mme Boudreau,
Je vous remercie de votre exercice. Je crois que la plupart des commentaires de vos élèves étaient justes, sauf peut-être en ce qui a trait à la préparation. Nous connaissions notre matière, mais nous avions décidé de ne pas être trop méchants tellement les propos de M. Forest nous semblait délirants. Mal nous en a pris. De plus, M. Cloutier a laissé toute la place à ce dernier avec le résultat malheureux que l’on sait… En fait, en cours d’entrevue, nous étions tout simplement soufflés par l’aspect surréaliste des échanges et nous hésitions entre «sacrer notre camp retourner corriger à la maison» ou partir à rire et commander une grosse bière.
Mais oublions cette anecdote médiatique. Je tiens à souligner votre intérêt pour la langue française et votre façon de la partager avec vos élèves. Ill est intéressant de lire leurs propos et je me demande si l’on ne pourrait pas les faire parvenir à M. Forest. Pour ma part, j’ai relayé le contenu de notre échange aux deux co-auteurs du livre Le grand mensonge de l’éducation.
Je vous invite à demander à M. Asselin, le responsable de ce blogue, de vous transmettre mon adresse de courriel. Nous pourrons poursuivre cet échange de façon plus détaillée. Après tout, un blogue se doit d’être plus qu’un lieu d’échange entre deux personnes comme ce la risque d’être le cas actuellement.
Il y a deux coquilles dans les textes que j’ai publiés: «par» (6 décembre) et «correctement» (9 décembre). Soyons humbles…
Article publié dans LE SOLEIL du 7 décembre:
«La réussite en français écrit obligatoire en 2010», Daphnée Dion-Viens
Extraits
«Votre enfant excelle en lecture et en expression orale, mais la grammaire lui donne du fil à retordre ? Présentement, il peut tout de même réussir son cours de français. Mais cette situation pourrait changer.»
«Pour améliorer les compétences des petits Québécois en écriture, le ministère de l’Éducation veut rehausser les exigences en rendant obligatoire la réussite en écriture.»
http://www.cyberpresse.ca/article/20061207/CPSOLEIL/61207217/5223/CPSOLEIL
Après informations, je peux apporter les précisions suivantes à propos du texte du Soleil.
Il s’agit d’une intention ministérielle. Cette politique n’est pas encore officielle. On parle d’une mesure comme on retrouve en cinquième secondaire, mesure qui n’a pas eu beaucoup d’impact sur les élèves, honnêtement.
Disons qu’il s’agit d’un petit pas dans une direction qui semble bonne. le hic, c’est qu’en deuxième secondaire, l’écriture sera évaluée dans un contexte de bilan d’apprentissage. Cette mesure sera subjective à souhait et quel prof sera assez odieux pour recaler un jeune?
Bon samedi TLM
Mz Diane Boudreau
Mr Luc Papineau
Quoique Mr LP suggère à Mz DB de continuer la discussion par courriel, SVP, continuez-la ici, pour le bénifice de tous, pretty please, with honey on it! 🙂
Même si l’échange écrit est entre vous deux pour quelques répliques, nous vous lisons ; ce n’est donc pas entre vous deux !
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Bon, encore une bonne intention ! Si les détenteurs du pouvoir politique actuels sont remplacés très bientôt – et c’est fort probable – qu’arrivera-t-il de cette «intention» ? Encore une génération sacrifiée ? Les élèves doués vont toujours s’en tirer, mais les autres ? Ceux qui veulent poursuivre leurs études et qui travaillent sans relâche… L’enfer est pavé de quoi déjà ?
Réglons le cas des bonnes intentions…
Tant le PLQ que le PQ sont en faveur de ce Renouveau. Chaque formation politique a ses raisons, d’ailleurs.
Le PQ ne peut renier un projet dont il est le père avec tous les ministres qui ont l’appuyé. Là ou l’on peut être déçu, c’est de l’attitude de M. Camil Bouchard, porte-parole de l’opposition dans ce dossier, qui est actuellement bien tranquille… Dans un passé pas si lointain, on le connaissait plus dérangeant.
Le PLQ, lui, a pris la balle au bond. M. Reid semblait plus pragmatique et moins empressé d’aller de l’avant. M. Fournier, par contre, est arrivé dans un contexte politique ou il a dû asseoir son autorité ministérielle alors qu’on était en pleine crise de négociations collectives. Retarder la réforme aurait signifié perdre la face et c’est une alternative qu’il ne pouvait pas se permettre en débat de mandat. Je ne pense pas que le ministre était bien au courant de la réforme quand il a chaussé les souliers de M. Reid. Son discours est devenu plus clair et cohérent, si l’on peut dire, avec le temps. Pour l’instant, on voit mal M. Fournier reculer dans ce dossier. Les élections s’en viennent et il ne peut remettre en question une réforme qu’il a approuvée. Par contre, une fois reporté au pouvoir, il aura une marge de manoeuvre plus grande.
Ironiquement, c’est donc M. Fournier (ou son successeur libéral) qui risque d’apporter des changements au renouveau. Déjà, on sent que le ministre place des pions pour d’éventuelles «réformes à la réforme». Certaines des propositions de la table de pilotage sont éloquentes et son ouverture aux propositions de la FSE montre bien qu’il est prêt à faire autrement, je crois.
Sauf que , dans un acs comme dans l’autre, il est regrettable que les professeurs sur le terrain soient si peu écoutés. Actuellement, le MELS réunit un comité d’experss universitaires pour analyser la situation de la maîtrise de la langue. Croyez-vous qu’il y aura aussi des profs «ben ordinaires» sur ce comité? Croyez-vous que la FSE se préoccupe de la langue des jeunes et des élèves? Elle passe plus de temps sur le dossier du café équitable…
Bref, on va «améliorer le problème», comme d’habitude.