«Vivement un centre de sciences»

En page 4 du Soleil ce matin un appui de taille au projet de «Centre de sciences» dont j’ai déjà parlé à l’occasion de «Carrefour Québec International». Je reproduis sous l’hyperlien plus bas le texte de François Bourque en attendant qu’il soit publié sur le site du quotidien
Mise à jour du 1er mai: Le centre sera construit à Lévis et ouvrira ses portes en 2011.


Vivement un centre de sciences
Vous l’écoutez parler. Des idées claires, une vision, de la lucidité et de l’enthousiasme. Vous étiez déjà convaincu, mais maintenant vous sentez l’urgence.
Ce que propose Manon Théberge, de la Boîte à science semble tellement aller de soi. Il ne reste bientôt plus qu’une seule question en tête : comment se fait-il que Québec n’a pas encore de centre de sciences ?
Son projet : créer un lieu grand public pour faire vivre les sciences. Pour partager les résultats de la recherche, montrer des prototypes, toucher, voir, expérimenter, semer le goût des sciences chez les jeunes et, peut-être, de la carrière scientifique.
Une sortie intelligente avec l’école ou en famille les jours de pluie ou de glace, quand on ne sait plus quoi proposer aux enfants.
Un lieu pour rire, courir, pour parler fort. Un lieu qui donnerait envie de revenir pour vivre d’autres expériences. C’est comme ça qu’elle imagine la chose.
Il faut, dit-elle, briser les « perceptions émotives » face aux sciences. Celles qui naissent parfois à propos de rien : mon père et ma mère sont poches en math et en physique, ils ne peuvent pas m’aider pour les devoirs. J’haïs les sciences.
Il faut un lieu pour briser le cycle défaitiste, acquérir de la confiance, ouvrir des perspectives nouvelles, apprendre : la mécanique d’un bras artificiel, la grippe aviaire, les cyanobactéries, les changements climatiques.
Un centre de sciences est aussi un outil de développement économique pour une région, un attrait touristique supplémentaire, une vitrine pour les entreprises locales.
On y développera peut-être le goût de l’innovation et du risque qui manque parfois à cette ville.
Les 20 plus grandes villes canadiennes ont déjà un centre de sciences, parfois plusieurs. Montréal en a six et s’est dotée d’une direction des institutions scientifiques.
Mille cinq cents villes dans le monde ont un centre de sciences. Investir dans les sciences, c’est une façon de lutter contre la pauvreté, rappelle l’UNESCO. Si c’est vrai ailleurs, ça doit bien l’être un peu ici.
La Ville de Québec est la seule des grandes villes au Canada à ne pas avoir de centre de sciences. Ce devrait pourtant être un service de base, comme un aréna, un gymnase, une bibliothèque ou une salle de spectacles, pense Manon Théberge. Son modèle : Sudbury, Ontario. Adresse internet : http://sciencenorth.ca.
Environ 35 millions $. La moitié pour construire, l’autre pour les contenus. Puis 7 millions $ par an pour l’habiter, le faire vivre, le faire bouger. C’est ce que coûterait le projet de la Boîte à science.
On pense pouvoir y attirer entre 235 000 et 400 000 visiteurs par année. Prochaine étape, la création d’un bureau de projet pour chercher le financement, convaincre des partenaires privés et dessiner les plans d’architecte.
C’est à Lévis, au Parc des Chutes-de-la-Chaudière, que le futur Centre d’exploration en science et technologie pourrait s’installer.
La mairesse Danielle Roy-Marinelli soutient le projet et annoncera bientôt une participation financière de la Ville. L’ouverture pourrait coïncider avec le 150e anniversaire de Lévis en 2011.
Pourquoi Lévis et pas Québec ? Parce que Lévis montre davantage d’intérêt. Le maire L’Allier soutenait le projet de la Boîte à science et en faisait la promotion, mais la nouvelle administration municipale n’a pas suivi.
Mme Théberge dit avoir attendu en vain une rencontre avec la mairesse Andrée Boucher. Si bien que Québec s’est fait damer le pion par Lévis.
Ce n’est pas grave. Que le centre de sciences aboutisse sur la Rive-Sud plutôt que dans le voisinage de l’Aquarium n’a pas tant d’importance.
Ce qui serait grave, ce serait que la mairie de Québec ne sente pas qu’il est dans notre intérêt de soutenir davantage les sciences.
Québec a réussi à diversifier son économie grâce aux sciences et à la recherche : 800 entreprises y sont engagées ; on compte 7000 chercheurs, 20 000 employés.
Mais depuis quelques années, on ne parle plus autant des sciences dans le discours public, observe le chercheur Fernand Labrie. Pourtant, « l’avenir va être là », prédit-il.
Après une poussée entre 1997 et 2003, les inscriptions dans les programmes scientifiques de l’Université Laval ont décliné en 2004 et 2005, comme ailleurs en Occident.
Rappelons-nous que les étudiants en sciences sont les chercheurs de demain, ceux qui obtiendront des subventions, bâtiront des labos, créeront des entreprises et feront tourner une partie de l’économie.
Un centre de sciences n’est pas la seule façon de promouvoir la culture scientifique et la Boîte à science n’est pas le seul promoteur possible pour un centre de sciences.
Ce projet a cependant l’énorme avantage d’être mûr et d’être soutenu activement par les milieux d’affaires.
Ne manque plus que la volonté politique. Il y a deux élections à l’horizon. Ce sont habituellement de belles occasions pour prendre des engagements.
Auteur : François Bourque

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