C’est la conclusion de ce devoir de philo qui porte sur le baratin et le mensonge, passé au tamis d’un philosophe américain, Harry G. Frankfurt. Essentiellement, un constat émerge : «Il faut dire la vérité sur soi, et ce, dans des formes stéréotypées». Le culte de l’intime s’en trouve glorifié :
«Pour Frankfurt, le caractère exponentiel de la production de baratin de nos jours est tout d’abord le fait de notre trop grande tolérance à son égard. Trop souvent, nous laissons dire et agir les baratineurs. Par couardise peut-être, par déni également, mais aussi parce que nous sommes souvent séduits par leur discours.»
Il y a de tout dans ce texte de Fabien Loszach. À la fois critique de l’exhibitionnisme et dénonciation d’un certain puritanisme contemporain, le propos du doctorant en sociologie à l’UQAM «réduit les questions politiques à des révélations sur l’intimité de ses représentants» ce qui lui porte à dire que la mode est au « je ».
La télévision y serait pour beaucoup dans cette dérive vers le culte de «l’authenticité et de la confidence». Internet, le réseau des réseaux doit y être pour beaucoup j’imagine…
«À Loft Story, cela se fait dans le confessionnal. Le prêtre y est joué par les téléspectateurs avertis. C’est eux qui décident d’absoudre ou non les péchés du lofteur, et ce, société de masse oblige, par un procédé démocratique, le vote.»
Voici un devoir de philo qui redéfinit le concept d’authenticité… Faudra se méfier, nous blogueurs de cet épanchement du moi qui peut révéler par son culte de l’intériorité le meilleur et le pire de la recherche de sens. C’est comme pour le cholestérol; il y a le bon et le mauvais je suppose…
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J’ai moi aussi fait plusieurs liens entre le monde des blogues et ce devoir de philo. Ce que j’en retiens, c’est que cette habitude de plus en plus grande (et que la technologie rend plus accessible) à se placer au centre du monde et à évoquer ce dernier par rapport à soi-même est une des principales sources de baratin.
Les blogues permettent à chacun de prendre la parole et de rassembler autour d’eux une communauté de lecteurs empathiques. Il est alors tentant de chercher à séduire dans le but de recueillir l’éloge de ses pairs et ainsi de se bâtir un «feel good» portfolio.
Je cite ici F. Loszach dans ce que je trouve le passage le plus révélateur à l’égard de ce que l’on pourrait appeler le «baratin 2.0!»: «Non seulement le baratineur parle de ce qu’il ne connaît pas puisqu’il a peur du rapport objectif au réel, mais quand il parle de ce qu’il serait susceptible de connaître (son intimité), cela n’est que vide, discours éculés, banalités patoisantes; du bruit, en somme. Le baratin est justement cette broderie sur le néant.».
Nous ne sommes pas à l’abri du baratin quand on utilise le blogue comme portfolio, ce qui implique idéalement que l’on soit dans une démarche «authentique». Toutefois, je pense que quand on cherche à «faire du sens» à travers un regard qui n’est pas égocentrique (et que l’on cite régulièrement des sources de nature variée), il est possible de naviger en évitant la plupart du temps les écueils du baratin. En tout cas, moi je fais attention parce que la bullshit, j’aime pas! Mais bon, je dis ça bien humblement parce que je sais bien que mon blogue ne doit être vu que comme un ramassis de baratin pour plusieurs 😉