Il s’agit de «La vie palpitante d’un prof en ZEP». Je ne connaissais pas. Par l’entremise de Laurent, j’ai pu prendre un peu d’information sur le contexte entourant cette autre fermeture de blogue animé par un fonctionnaire de l’Éducation nationale (il y a déjà eu Garfieldd). Chez Agnès Maillard et chez Guillermo, on peut trouver quelques détails, mais rien de vraiment concret sur ce qui s’est passé. On doit se réfugier sur les explications du «prof en Zep»:
«Je pensais être parvenu à respecter mon devoir de réserve, je pensais être honnête dans ce que je rapportais et dans la façon dont je le rapportais. Apparement je me trompais.»
Histoire à suivre, sans doute…
N.B. Mon intérêt pour ce genre de phénomène est de pouver isoler les motifs qui pourraient faire de la pratique carnetière un acte illégal ou contraire aux encadrements professionnels offerts par les conventions ou les normes du travail. Ici, il semble que ce soit encore cette notion de «devoir de réserve» qui soit en cause.
Mise à jour du 18 février: Ce lien illustre que l’histoire commence à faire le tour de la blogosphère française… On parle d’éducation, de pratique carnetière… mais je ne suis pas sûr que ce soit pour les bonnes raisons. Heureusement, il y a quand même de bonnes réflexion en cours de route dont celle de Samantdi qui sait faire preuve de nuance.
Mise à jour du 18 juin: Laurent rapporte que le prof en ZEP a reçu un blâme du recteur de son établissement. Il faut lire les commentaires à la suite du billet publié sur «http://blogprof.fr/» (daté du 2 juin) [maj. du 6 octobre 2008: attention le nom de domaine a été récupéré pour un site porno] pour comprendre que la notion de «devoir de réserve» telle que pressentie par les gens qui ont sanctionné le prof ne passe pas auprès de plusieurs internautes comme motif justifiant le blâme. Chez Veuve Tarquine et chez Yves, il y des compléments d’information intéressants.
Tags: "Administration scolaire" Pédagogie et nouvelles technologies
Dans le cas de ce prof, il semble y avoir deux motifs de fermeture: les insultes (diffamation) et devoir de réserve (au Québec, on parle plutôt de fidélité à l’employeur, je crois).
Sur ce dernier point, il existe une jurisprudence assez claire à ce sujet.
Ce n’est pas pour rien qu’il existe autant de blogue de profs qui préfèrent conserver l’anonymat…
«Ce n’est pas pour rien qu’il existe autant de blogues de profs qui préfèrent conserver l’anonymat…»
Tant que ça? J’en connais quelques-uns qui tentent le coup (de la pratique carnetière sous pseudo), mais il ne me semble pas qu’il y en ait autant que vous le dites. Enfin… ce n’est pas là l’essentiel.
Comment tracer les contours de la tenue d’un blogue qui rendrait «confortables» édublogueurs, internautes, membres de la communauté éducative et autorités? Je lisais le commentaire d’une blogueuse d’expérience sur le billet de Laurent:
Les distinctions qu’apportent Karl par la suite (sur le même billet) me ravissent en terme de prise de conscience:
Je suis de plus en plus d’avis que la pratique carnetière en milieu d’éducation ne doit pas s’exercer sous l’anonymat. Premièrement, parce que le réel anonymat n’existe pas et deuxièmement, parce que la perte d’inhibition qu’il entraîne fait dire des choses qui ne seraient pas écrites si l’auteur devait signer ce qu’il poste. Je me dis de plus en plus que nous devons apprendre à échanger des points de vue (convergents et divergents) en concordance avec nos responsabilités. Le devoir de réserve existe? Pourquoi ne pas le respecter…
Nous sommes plusieurs à écrire sous notre vraie identité et il ne me semble pas qu’on ait véritablement discuté de cet aspect des choses, mais j’aurais le goût de demander: «Est-ce que le fait de «donner ouvertement dans le blogue» comme le font quelques profs et gens en éducation nous place davantage dans une position inconfortable que l’inverse en y réfléchissant bien? Quelles sont les limites à ne pas franchir pour demeurer respectueux de nos «positions professionnelles »? Est-ce que je ferais vraiment avancer la cause que je défends (prenant pour acquis que «cause» il y a) si ma pratique carnetière pouvait vraiment se produire sans qu’on sache qui je suis et où je travaille? Est-ce que le contenu de mes billets seraient si différents et est-ce que je pourrais en tirer autant de satisfaction?»
Il n’y a sans doute pas de bonnes et de mauvaises réponses à ces questions, mais dans un souci de mieux anticiper le futur de la pratique carnetière en éducation, je me demande si on ne devrait pas essayer de répondre à ces questions?
Je me désole de ce qui arrive au «prof en ZEP» tout comme j’ai été chaviré à chaque fois que j’ai entendu un cas semblable, mais en même temps, je me dis qu’il faut apprendre de ces situations si on veut améliorer les choses en éducation. Et puis je me dis également que des jeunes sont là, en train d’apprendre à utiliser ces outils… ne pourrait-on pas leur défricher un peu le sentier? Peut-être qu’on charrie aussi avec cette invocation de la «réserve à tout vent»…
M. Asselin,
Rapidement, j’ai trouvé dix profs québécois anonymes dans mes signets. Je ne sais pourquoi certains préfèrent l’anonymat, mais je vous suggère quelques pistes maladroitement.
Il existe beaucoup de pression en éducation. On l’a vu avec le débat sur le Renouveau pédagogique; bien des gens ont peur de défier la ligne de parti, qu’elle soit syndicale ou gouvernementale. Il y a déjà eu à ma connaissance au moins une fois ou un commissaire qui a appelé mon directeur à la suite d’une de mes interventions télévisées.
Dans la même veine, j’ai déjà eu à commenter des situations avec des journalistes et tous m’ont dit: «Les profs ne parlent pas: ils ont peur.»
Un prof vit dans un milieu conservateur. S’il s’exprime, il devient déviant et peut s »attirer des désapprobations. Dictateurs dans leur classe, certains ont tendance à clouer au pilori un collègue divergent…
De plus, il y a aussi certains parents (très peu, mais assez pour les rendre nerveux) qui ne demandent qu’à les prendre en défaut. D’ailleurs, n’importe quel parent peut déblatérer dans les médias sur un prof sans trop de conséquences. L’inverse est moins vrai.
Il y a également la peur de la loi. L’anonymat donne l’impression illusoire de s’y soustraire.
Si la pression est forte sur les enseignants qui bloguent à visage découvert, elle est plus forte encore sur les cadres scolaires. Pensez au site web de la coalition pour la réforme. Combien de signatures de cadres qui sont contre ? Combien de signatures de cadres qui sont pour ? Le score est est de pas mal à zéro… Personne n’est dupe. Il n’y avait qu’un seul choix de réponse pour les cadres: pour. Alors un cadre qui blogue à visage découvert doit exercer un très fort devoir de résserve et se contenter de jaser littérature, recettes de cuisines, bricolage ou oenologie. S’il veut jaser éducation, il devra se vêtir des attributs de la meneuse de claque: jupette et ponpons. Les mots-clés ici sont: devoir de réserve, loyauté vis-à-vis l’employeur, et à défaut, bris du lien de confiance. Pas un cadre n’a envie de devenir une cause-type.
C’est malheureusement la vérité. Zorro avait un masque, non ?
J’exprime toute ma solidarité et mon soutient envers Lulu, victime de sa trop grande liberté de ton. On lui oppose aujourd’hui son devoirs de réserve. N’aurait-elle pas du, elle aussi depuis longtemps démissionner et exercer son droit de retrait ?
Le devoir de réserve existe? Pourquoi ne pas le respecter…
Comme je le disais en réponse chez Laurent, pour ma part, je me refreine plus par lâcheté que par droit de réserve (« chat échaudé craint l’eau froide », comme on dit par chez nous 😉 )
Cela dit, plus j’y pense (surtout après votre intervention et celle de Karl-Mon-Gourou) et plus je me dis que les notions de « droit de réserve » et de « liberté d’expression » sont personnelles. A chacun sa définition et c’est là que le bât blesse.
Et à partir de quel moment ce « droit de réserve » devient-il la « loi du silence » ?…
J’ai vu sur un forum que vous souteniez l’excellent BlogProf.
Je me permets de vous informer que le site
La Révolution en Charentaises vient de lancer une pétition de soutien.
Ca se passe ici
N’hésitez pas à faire tourner le mot…
Bien à vous.
ENCORE PIRE QUE PIRE
Cet @rticle du Washington Post indique qu’un blogger égyptien a été condamné à quatre ans de prison pour avoir critiqué l’Islam, l’innomable, intouchable, « indessinable » prophète M et le président de l’Égypte !
La bonne nouvelle c’est qu’au moins, en Égypte, les bloggers savent maintenant en quoi consiste leur devoir de réserve !