La soirée des chefs

Je suis en bonne compagnie, avec ma famille, en préparation pour «Ze débat». C’est une soirée bien spéciale où une atmosphère de septième match de coupe Stanley règne dans le salon. Même le plus jeune de douze ans sait qu’il se prépare quelque chose de particulier…
Aujourd’hui, je n’ai pas eu une seconde pour suivre l’actualité. Depuis quelques minutes, je divague sur le Web à la recherche des plans de match. C’est chez «Jacques Demers-Snyder» que l’analyse est la meilleure. Compte tenu de la capacité de chacune des formations de produire de l’offensive, il faut s’attendre à une soirée fertile en émotion. J’ai lu quelque part qu’une armada de carnetiers est en ligne ce soir pour jouer «les blogueurs-spin»; autant de gérants d’estrade qui tout comme moi tenteront de voir les chefs «scorer». Mario Dumont n’a pas la pression de devoir marquer beaucoup; s’il donne quelques bonnes mises en échec on sera content. Jean Charest jouit d’une grosse réputation dans les séries et chacune de ses feintes sera suivie de ho et de ha… Quant à la recrue André Boisclair, il lui faudra gagner dans les un-contre-un et travailler fort dans les coins.
M. Moisan… allez… Faites la mise au jeu qu’on s’amuse un peu.
N.B. Il devrait y avoir des mises à jour dans les prochaines deux heures…

• 20 h 05: Les trois chefs sont chacun leur tour en échappé devant un filet désert; Dumont nargue un peu M. Charest avec «la puck», mais finit par y aller d’un lancer-frappé. M. Boisclair patine beaucoup, avec un sourire en coin, il regarde beaucoup la rondelle, il choisit de déjouer un gardien imaginaire et compte. Un départ assez lent de M. Charest; lui aussi, il regarde la rondelle. Il nous sort ses feintes habituelles, mais à la fin, c’est par son arme favorite, le lancer du poignet, qu’il vise le filet. Il a essayé le centre du filet, mais la rondelle frappe le poteau et entre dans le but…
• 20 h 10 : Un premier deux minutes de punition est décerné à M. Charest pour non-respect de son temps de parole lors de la première question posée.
• 20 h 15 : M. Charest accroche constamment, mais l’arbitre semble vouloir réagir à toutes les infractions; laissons les joueurs jouer, mais les règles sont importantes. Dès la deuxième confrontation, on constate que le rythme sera meilleur si les règles sont suivies.
• 20 h 20 : M. Boisclair n’a pas l’intention de s’en laisser imposer ce soir. Il vient de passer le gant au visage de M. Dumont qui est sorti de sa première confrontation avec «Killer-Boisclair» un peu dépeigné.
• 20 h 25 : M. Charest est pris en flagrant délit de regarder dans les estrades pendant que l’adversaire entre dans son territoire; il ne semble pas vouloir échanger la rondelle avec son adversaire. On dirait qu’il veut qu’il y ait une rondelle pour chaque joueur.
• 20 h 30 : Les joueurs jouent la trappe. On change de sujet; espérons que le spectacle sera plus ouvert… M. Boisclair tire la rondelle dans le coin et M. Dumont la ramène au centre. On commence à sentir un peu d’impatience de M. Boisclair qui joue l’homme, mais ça patine fort du côté de M. Dumont… Avec M. Charest, il peut reprendre l’offensive; fin renard sur la question de la coalition sur les gaz à effet de serre, M.M. Dumont et Charest se mettent ensemble contre celui qui n’est pas sur la glace.
• 20 h 45 : La période sur le développement durable et l’environnement se termine avec M.M. Charest et Boisclair. Les échanges sont remplis d’esquives. M. Boisclair est encore en mode attaque et il tente de mordre. Il semble avoir marqué des points dans certaines envolées.
• 20 h 50 : M. Dumont a des images qui frappent pour parler de déficits budgétaires et de dette. Il marque des points. Malheureusement, le débat qui reprend entre M.M. Charest et Boisclair nous ramène la langue de bois. Quelques membres de la famille en profitent pour passer la Zamboni dans le salon. M. Dumont revenant, les jeunes adultes de la maison reprennent un peu d’attention. La note de service sur le viaduc de la Concorde arrive comme une tonne de briques.
• 21 h 05 : Sur l’élan du combat remporté précédemment, M. Dumont conserve son attitude d’attaque, mais M. Boisclair n’entend pas laisser l’avantage de la glace à son jeune adversaire. On peut dire que ce dernier échange ressemblait à un combat de coqs. Avantage M. Boisclair.
• 21 h 10 : Les trois allocutions de départ du thème de la troisième période ont été pimentées des promesses des trois partis. Dans la section débat, on constate que M. Boisclair tente de surfer sur son sentiment de réussite du débat précédent. Ça ne s’améliore pas pour M. Dumont dans ce segment.
• 21 h 20 : Je reçois un commentaire m’invitant à aller sur le site du PQ; cette visite de ce qui ressemble à un apprenti «blogueur-spin» ne m’éloigne pas d’une des bonnes discussions du débat. M.M. Charest et Boisclair ne se sont donné aucun quartier sur la question des frais de scolarité. M. Charest sort de l’échange en forme puisqu’il attaque le caractère «autonomiste» de l’ADQ qui attend le budget fédéral…
• 21 h 25 : Sur les commissions scolaires à abolir, M. Dumont ressemble à un gardien de but qui n’a pas de masque. Il perd beaucoup de sa prestance…
• 21 h 30 : Un de mes fils voit passer une attachée politique de M. Charest à l’écran… Un spectateur est sur la glace!
• 21 h 32 : Une très bonne ligne de M. RONA Boisclair: «Si ça existait, on l’aurait».
• 21 h 33 : L’avenir politique… «Le concert des nations», «Le rapport Allaire», «si Ottawa nous dit non», «les revendications traditionnelles du Québec», «Charlottetown», «les intérêts du Québec dans la Fédération canadienne», «le discours de Toronto», «le Conseil de la Fédération», «notre position est très claire», «Fédéralisme asymétrique». Ah oui… M. Boisclair n’a pas scoré dans son but avec la «consultation populaire»!
• 21 h 50 : On s’en va en prolongation… et en fusillade. Le premier joueur à s’exécuter regarde beaucoup la rondelle. Il est essoufflé, mais il puise dans ses réserves et il termine très fort. M. Charest lance et compte. M. Dumont est encore à l’attaque. Seul sur la glace, il est à son meilleur. Il brave les deux autres, en les regardant, mais au final, il se concentre sur la rondelle. Surprise, il lance du revers; un «top net». Enfin, avec M. Boisclair seul avec la rondelle, on remarque une homme soulagé qui donne l’impression de vouloir garder le contrôle du disque le plus longtemps possible. Il termine avec son slogan de campagne… et que c’est beau!
• 22 h 00 : L’analyse de Vincent : «Moi je dis que Dumont a perdu des points, Charest est resté calme et il conserve ses acquis. Boisclair a tout donné; est-ce que c’est assez? Pas sûr…»

Il a été davantage question de Winnipeg et de Montmagny que de Québec ou Montréal, mais avant le point de presse, je dirais que de mon point de vue d’observateur en éducation, on n’assistera pas à de grands changements dans ce secteur suite au débat. La question du possible redoublement semble maintenant réglée dans la tête des politiciens, il faudra revenir encore sur les bulletins, mais rien sur les frais de scolarité ne empêcher qu’ils soient dégelés; probablement sans fracas, en plus. Autrement, le peu de sérieux dans les arguments de M. Dumont sur la question de l’abolition des Commissions Scolaires va lui compliquer la vie d’ici la fin, à moins d’une réplique hors débat très forte. Je retiens les phrases courtes de M. Boisclair, mais une agressivité déplorable. Je retiens les qualités à l’attaque de M. Dumont, mais de grosses lacunes en défensive. Je retiens une défense très forte de son bilan pour M. Charest, mais un projet de société toujours aussi absent.

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