«Avec raison, on nous dit souvent qu’il faut faire mille nuances quand on aborde ces questions. Mais ce n’est pas le métier du peuple de faire des nuances. Pour la plupart, les professeurs d’université ont déserté l’arène publique et publient des travaux ésotériques qui n’intéressent que leurs pairs. Si ceux dont c’est le métier de nous éclairer et de faire des nuances déplorent certaines réactions populaires, ils n’ont qu’eux-mêmes à blâmer.»
J’ai lu les prémisses de Gérard Bouchard publiées dans Le Devoir. J’ai pris connaissance des intéressantes distinctions de Patrice Létourneau publiées sur son carnet Web. Mais c’est chez Joseph Facal (sur son blogue) que j’ai trouvé l’extrait le plus évocateur de ma position dans le dossier des accommodements raisonnables (celui qui se retrouve ci-haut).
Juger les réactions du peuple me paraît une très mauvaise façon d’aborder cette consultation et les propos de M. Bouchard ont prêté flanc à cette interprétation rapportée par plusieurs sources:
«Les gens qui ne sont pas des intellectuels, mais qui regardent les nouvelles à TVA ou à TQS, dans le meilleur des cas au Téléjournal, (croient que) c’est bien plus simple quand on est tous pareils»
Je ne blâme pas les intellectuels. Je dis qu’ils n’ont pas raison de blâmer le peuple lorsqu’ils ne font pas les nuances qu’il y aurait lieu de faire. Je ne voudrais pas tomber dans le piège de la facilité que Patrick Lagacé décrit à raison:
«Parce que fesser sur l’intellectuel, ça plaît toujours à la galerie. Que l’intello ait tort (comme dans le cas de M. Bouchard) ou raison (ça arrive). Mais fesser sur le peuple, ah, là, c’est une autre affaire. (…) Et ça va arriver. Ces prochaines semaines, tout ce qu’il y a de xénophobe soft au Québec va se manifester, à ces audiences. On va y entendre un tas de conneries. Des petits André Drouin vont venir vomir sur l’étranger, en se défendant bien sûr d’être contre l’Autre. J’ai bien, bien hâte de voir qui va oser les planter, ceux-là.»
Et c’est bien cela le drame… Comment faire pour que les conclusions de la «Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles» soient rassembleuses? J’ai bien peur que ce dossier ait été mené comme celui des bulletins scolaires. En tentant de couper l’herbe sous le pied de l’ADQ à court terme, les Libéraux se sont peinturés dans le coin. Je veux bien croire que plusieurs accommodements rapportés dans l’actualité étaient d’un raisonnable douteux, mais fallait-il absolument animer le débat sur la base «des mêmes doigts accusateurs» souvent pointés quand il y a de la turbulence (peuples vs intellectuels)?
Sachant que M/Mme tout le monde ne fera pas dans la nuance et que plusieurs intellectuels ont ouvert le débat en le leur reprochant à l’avance, il ne nous reste qu’à espérer des leaders politiques (et des médias) qu’ils auront la sagesse au moins de rappeler que «la majorité des demandes d’accommodements ne sont pas formulées par des immigrants» (comme l’a mentionné Patrice Létourneau). M. Charest a bien essayé aujourd’hui de calmer le jeu, mais je n’ai pas été impressionné par sa conclusion:
« »De toute façon, je n’ai jamais pensé que la commission constituait une solution. Elle a été mise en place pour aider les Québécois à mieux faire la part des choses dans le débat, et ensuite ce sont les Québécois qui trouveront des solutions », a ajouté le premier ministre» (source).
Notre salut dans ce dossier repose probablement dans la camp des jeunes et des artistes qui savent habituellement construire sur ce que nous avons en commun au lieu de laisser les différences nous diviser. J’espère qu’ils s’affirmeront en grand nombre…
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