Quand j’ai écrit sur ce billet que certains blogueurs affirmaient que le «phénomène des blogues était mort», je ne pensais pas provoquer un débat aussi intense entre Thierry et Michel, mais force est d’admettre que plusieurs idées intéressantes ont émergé. D’abord, quelques liens pour se retrouver dans ce débat. Laurent rappelle (à juste titre) que Pierre Carion a été le premier en 2005 (si me mémoire est bonne) à annoncer la mort prochaine du phénomène. Houssein reprend le billet de Laurent et affirme que Pierre s’est seulement trompé d’une année. «On se rappellera de 2007 comme l’année où le blog est mort.» Pendant ce temps, Thierry écrit deux billets sur le sujet (1, 2) et Michel s’est commis dans deux billets lui aussi (1, 2). «20 minutes.fr» titre que «les blogs somnolent».
La dernière réplique de Michel au travers de plusieurs réparties épargnera bien des tourments aux lecteurs voulant connaître la conclusion: «Je suis finalement totalement d’accord avec vous. On se contredit sur la forme plus que sur le fond donc.»
On s’entend sur quoi finalement…
- Un blogueur n’est pas un journaliste et ne doit pas le devenir
- Une forme de pratique du blogue se meurt et de nouveaux usages se développent («le micro blogging» par les plates-formes sociales de type Twitter et Facebook, notamment); quoi de plus normal…
- Précède, s’ensuit et ne s’arrêtera pas une certaine critique de la pratique carnetière qui est condamnée à évoluer avec la mort de certains blogues-phares dans tous les domaines où le blogue a pris racine (actualité, politique, diariste, business, éducatif, potinage, adulte-xxx, etc.)
- Réussir avec un blogue est un concept bien subjectif qui vaut plus ou moins la peine d’être défini
Thierry Crouset revient enfin avec un billet-fleuve dans lequel il affirme être un blogueur heureux. Le débat sur le niveau d’influence du blogueur vs celui du romancier ne m’intéresse pas, mais je retiens au passage un extrait qui est à la base de ma façon de bloguer:
«Je suis d’autant plus heureux quand je découvre des gens en désaccord avec moi. Je parais souvent énervé, excédé même, mais je suis obligé de m’expliquer et de prendre en compte des points de vue éloignés des miens. C’est un enrichissement énorme pour moi.»
Je fais partie de ces blogueurs heureux. Le ton de mon blogue est en migration (je m’expliquerai là-dessus dans un prochain billet), mais l’exercice carnetier ne cesse de m’enchanter. Le phénomène blogue devient justement autre chose qu’un phénomène et c’est très bien ainsi. Laurent a dit «ringard» («passé mode») et c’est bien juste. Je vais lui piquer sa conclusion: «j’assume!»
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La jeunesse du blog se termine peut-être… et nous entrons dans l’adolescence… il est sans doute trop tôt pour parler de maturité 😉
Moi aussi je suis une blogueuse heureuse, Mario, et toujours là derrière mon fil rss 🙂
À mon avis, l’avenir des blogues réside dans leur évolution, notamment par rapport à la compétition de sites comme Facebook. Pour l’instant, je trouve que les blogues stagnent dans leur structure. Il me semble que la concurrence entre les diverses plateformes ne mène pas à des initiatives renversantes. Mais il est encore tôt pour porter un jugement trop critique.
Je pense également que le blog n’est pas mort, mais entre dans une nouvelle phase et que nous sommes en plein dans cette évolution… Mais de là à dire exactement vers quoi on va, je ne sais pas si on peut vraiment déjà la dire…
Très curieux de savoir quel sera le nouveau ton…
Il faut s’entendre sur le phénomène « blog » que je connais très mal. J’ai un blog pro depuis deux (mais que j’utilise comme vitrine plus comme un véritable blog) et un blog d’humeur depuis quelques mois seulement. Que le phénomène murîsse ne veut pas dire qu’il soit mort. Au contraire. Les blogueurs les plus solides restent, alors que les autres se lassent. Comme il se sont lassés de la trotinnette, du roller, de la yaourtière Seb… Je découvre des dizaines de blogs formidables parfois, avec de vrais univers, de vrais auteurs, photographe, écrivains en puissance.
Depuis 15 ans que je parcours Internet, j’ai toujours eu du mal avec ceux qui prophétisaient la mort de quelque chose. Il y a eu la mort du web quand les blogues ont explosé, et il y a eu la mort de Wikipédia quand les controverses ont commencé et il y a eu la mort de phénomènes qui n’avaient même pas encore décollé.
Il ne faut pas confondre retour à la réalité et mort. Les blogues ont été surexposés, sur-représentés, en plus d’être surabondants. Il relevait de l’évidence que de simples bénévoles ne pourraient pas tous continuer à pondre des dizaines de billets par mois -tout comme certains méga-sites web des années 1990 reposant sur la bonne volonté d’une seule personne ne pouvaient pas durer longtemps. Ce qu’on vit actuellement, c’est un retour à la réalité, où les plus résistants résistent, ou d’autres apparaissent, profitant des erreurs de leurs prédécesseurs, où certains des meilleurs émergent du lot, et ainsi de suite. C’est ça que ces observateurs patentés appellent « la mort du blogue »? Franchement! 🙂