Au Devoir et au Soleil, notre ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport situe l’ampleur de son adhésion au renouveau pédagogique ce matin:
«Mme Courchesne, sans enthousiasme, concède elle-même qu’il y a «certains objectifs et certains fondements qui sont bons» dans la réforme. Mais elle insiste sur ses nombreuses réserves. À ses yeux, avec le renouveau pédagogique, le pendule a été poussée [sic] trop loin vers la notion de «compétence». «On est dans le tout ou rien», a-t-elle déploré avant de dire qu’il fallait rééquilibrer les choses. L’imposition d’un bulletin chiffré unique au Québec où les énoncés de compétences ont été simplifiés est un premier pas, a-t-elle soutenu.»
Au-delà de la récente prise de position sur le bulletin nouveau et en attente de l’avis du Conseil supérieur de l’éducation pour savoir si, avec la réforme, «l’acquisition de connaissances est adéquatement mesurée», Mme Courchesne s’apprête également à faire «l’évaluation de l’enseignement des matières». Ça semble vouloir commencer avec le français…
J’apprécie énormément toute cette «littérature» au moment où je prépare ma conférence au précongrès de l’Association Québécoise des Professeurs de Français (AQPF). J’aurai l’occasion «d’ouvrir» l’événement… Voici le mandat reçu:
«Les enjeux du développement d’une culture technologique à l’école ne sont-ils que technologiques? À l’occasion de cette conférence, un témoignage relatif à plusieurs expériences d’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication viendra démontrer que l’élaboration d’une communauté d’apprentissage riche et nourricière peut contribuer à développer cette culture. L’arrivée au secondaire des jeunes qui sont nés au moment où Internet existait déjà n’est qu’un facteur parmi tant d’autres qui explique que nous n’avons pas à intégrer les technologies aux apprentissages, mais plutôt, que nous devons favoriser les apprentissages par les meilleurs outils disponibles.»
Il n’est pas du tout impossible qu’un passage de mon allocution traite de l’apport des outils comme les cybercarnets et les portfolios numériques pour développer les compétences (et les connaissances) des jeunes dans tous les domaines d’apprentissage en général et dans celui de la langue, en particulier… Je n’irai pas dans le détail puisque Annie Martin me suivra sur «la tribune»; elle ne manquera sûrement pas l’occasion de nommer jusqu’à quel point ces outils motivent les élèves à écrire et à lire dans sa classe. Quant à moi, je serai accompagné de deux élèves qui sauront peut-être toucher les profs par leur témoignage touchant l’utilisation des TIC.
Ce contexte de rentrée parlementaire alimente les discussions en éducation et ne simplifie pas les choses, certes. Mais j’aime bien l’idée de pouvoir m’adresser à des profs et passer du temps avec eux surtout que la rencontre du RAEQ du 3 novembre s’en vient à grands pas. D’un autre côté, les réserves de la ministre me rassurent; le débat me paraît bien plus ouvert. Je ne suis pas naïf; les prochaines semaines seront cruciales. Le retour à une évaluation plus «directe» des connaissances (souhaitée par l’ADQ, entre autres) risque tout autant de compromettre les bases de l’approche par compétence que de permettre une réelle appropriation du concept.
Mise à jour du 24 octobre: Il faut lire cette lettre de Paul Inchauspé en complément d’information.
Tags: "Évaluation des apprentissages" Pédagogie et nouvelles technologies
Du Frère Untel, en 1960, à Lysiane Gagnon en 1974, chaque fois qu’on s’est mis à reparler de la qualité du français écrit, comme le fait aujourd’hui la ministre Courchesne, c’est que ça sentait la réforme. Je ne sais pas par quel bout prendre ça, mais je pense qu’il faut commencer à penser à quoi devrait ressembler la prochaine. Parce qu’elle est là. On dira que comparée à la réforme de « 80 ou à celle de la révolution tranquille, celle qui s’achève aura duré bien peu de temps… Elle aura eu la vie aussi longue que celle de 1956, l’année où on a créé le secondaire public au Québec, et avec lui, le système des sections (scientifique, commerciale, classique, générale, etc). Je pense qu’il faut se mettre à la prospective. Un manifeste des pédagogues lucides ?????