Hier soir, j’ai écouté par Internet l’entrevue que vous avez accordée à un journaliste des «Francs-Tireurs» (Patrick Lagacé). Je me suis arrêté au bout de quelques minutes parce que j’avais à animer une formation ce matin avec des profs de cinquième secondaire et je voulais être capable de m’endormir… Le début de cette entrevue m’a heurté profondément, je dois l’avouer. Réduire le renouveau pédagogique aux projets et au simple fait de ne plus pouvoir se retrouver devant les élèves en leçon magistrale m’a ramené aux discours des débuts de la réforme (années 2000-2001); je n’en revenais pas de la «job de bras»que vous et le journaliste étiez en train de faire à ceux que M. Lagacé appellent un «Ministère de pédagogues et de théoriciens».
Ce matin, j’étais en compagnie de quelques-uns des fonctionnaires qui travaillent au MELS et d’une trentaine de profs qui sont en cinquième secondaire. Je m’apprêtais à animer une journée dans le cadre du renouveau et je peux vous dire que je ne me suis pas inspiré de votre conversation avec M. Lagacé pour trouver les activités de formation à mettre en route!
Je ne sais pas où vous vous en allez avec cette ligne de communication. Je comprends que vous souhaitiez prendre une distance des gens qui travaillent sous «vos ordres», mais je suis étonné de la façon dont vous parlez d’eux en public. Ça doit être beau au 17e étage ce matin… De plus, je comprends aussi votre désir de passer pour une personne qui aura résolu «l’énigme» de cette réforme, mais j’ai été très heureux aujourd’hui de ne pas avoir eu votre conversation comme modèle de référence quand est venu le temps de reprendre certains concepts-clés du renouveau avec les profs avec qui j’étais. Vous souhaiteriez réformer le renouveau réformé que je ne serais pas surpris que tout ça vire dans une bourrée de tournage en rond! J’imagine les gens de la FAE ce matin découper en petits morceaux les passages les plus «éloquents» de votre «témoignage» et les balancer à la tête des patrons dans les écoles et les C.S.?!? L’art de motiver vos troupes… vous semblez avoir suivi un cours qui manque à mon curriculum!
Je ne sais pas si je vais me remettre à l’écoute de la fin de l’entrevue. J’ai une autre journée de formation à vivre demain et nous sommes d’un tel enthousiasme ici que je ne voudrais pas perdre trop d’énergie à essayer de comprendre ce qui vous a guidé dans cette entrevue. Mais bon, c’est toujours instructif de constater comment les gens qui nous gouvernent procèdent. D’autant plus que demain, dans les médias, je serais étonné que le silence radio d’aujourd’hui (j’ai fait un p’tit tour de mes fils de nouvelles et votre «performance» semble avoir passé inaperçue) perdure. Vous réentendre me permettra peut-être de pouvoir répondre aux gens devant moi, s’ils ont écho de ce que vous avez dit pendant qu’on construisait ensemble sur ces bases du renouveau.
Si jamais il vous venait l’idée de recadrer les interventions faites aux «Francs-Tireurs», de grâce n’allez pas blâmer le journaliste qui vous a piégé avec ses questions remplies de lieux communs. Nous comptions sur vous pour affirmer haut et fort que pour quelques hommes qui sont allés sur la lune, il y en a plusieurs «dans la lune» à coeur de journée qui méritent qu’on adapte un peu nos stratégies pour les aider à mieux réussir. Voilà une piste que vous oserez peut-être saisir avec la horde de scribes qui vous attendent maintenant dans le détour…
Bonne fin de semaine à vous.
Mise à jour du vendredi soir/samedi matin: Je viens d’écouter/regarder attentivement l’intégrale des soixante-deux minutes de l’entrevue. Plus tôt dans la journée, j’ai pu parler à un membre de l’équipe de Télé-Québec qui me disait à quel point les gens étaient stupéfaits du point de vue de la ministre à l’effet qu’elle avait «été victime d’un montage peu représentatif de son discours à propos de la réforme de l’éducation» (source); rien de plus normal de leur côté de la lorgnette. Après avoir pris connaissance de l’entrevue, je vois bien que certains passages avantageaient Mme Courchesne (notamment, l’énergie mise à bien représenter le point de vue des parents). Dans son ensemble, cette entrevue isole Mme Courchesne comme rarement ai-je vu un ministre s’isoler au MELS. Je sais bien qu’elle a passé les deux derniers jours en «damage control» (et je comprends pourquoi), mais je considère que Mme Courchesne est la seule responsable de l’effet médiatique découlant de sa prestation aux Francs-Tireurs. Le journaliste a offert sur un plateau d’argent toutes plusieurs des questions que M./Mme tout le monde se pose et fourni la meilleure des occasions pour parler «réforme de l’éducation». M. Lagacé était à peu près seul sur la patinoire… A-t-il patiné sur la bottine exprès?
Mise à jour du mardi 30 octobre: Isabelle Mathieu rapporte dans Le Soleil que les 3000 écoles primaires et secondaires recevrons sous peu une lettre pour les rassurer; «la réforme reste, mais des changements s’en viennent sur l’enseignement du français et l’aide aux enfants en difficulté.» M. Charest tente d’appuyer la ministre avec des sous-entendus sur les dictées. On va bientôt passer à autre chose et retrouver un équilibre…
N.B. Autres points de vue (et discussion) au RAEQ, au citoyen Richard, au Babeloscope et au Brouillon de poulet; chez Patrick Lagacé, André Chartrand, Charles-Antoine Bachand et chez Diane Delisle (elle et le prof masqué ont entendu Mme Courchesne à l’AQPF). Hors blogue, il y a cette réaction de Paul Roy.
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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Merci Mario. C’est une belle réplique.
Malheureusement, je crains que tout ne soit perdu avec cette dame.
Se permettre un tel mépris de ses propres employés, c’est du pur génie! Cette semaine, elle parlait des enseignants comme des enfants gâtés (ils sont lents à s’adapter), et maintenant les fonctionnaires de son ministère ne sont pas de « sa gang » et méritent d’être mis à la porte!
Décidemment, l’idée qu’elle puisse être la chose qui ait raison dans tout le ministère alors qu’elle est la seule sans expérience enseignante ou pédagogique ne semble pas la déranger d’un poil.
Je commence sérieusement à croire comme François et comme Gilles que tout est perdu, que le MELS se retirera du secteur de l’innovation pédagogique, que les programmes de formation n’auront plus quelque visée progressiste que ce soit et que l’innovation ne reposera plus que sur les épaules des enseignantes et des enseignants qui croient encore que les étudiants (et nos futurs citoyens) méritent d’explorer des avenus nouvelles.
Quelle histoire….
«Décidemment, l’idée qu’elle puisse être la chose qui ait raison»
oups… lapsus.
Je voulais plutôt écrire : « Décidemment, l’idée qu’elle puisse être la SEULE qui ait raison »
J’ai été absent cette semaine et je n’ai pas vu cette émission, qui fait l’objet de nombreux commentaires sur la blogosphère et dans les médias. Cela dit, j’ai vraiment hâte de m’y mettre. Le jugement suivra.
Un mot sur le mépris. J’ai longtemps « pratiqué » ce ministère. J’ai cessé de compter le nombre de ministres, tous bien intentionnés bien sûr, qui ont voulu changer les choses. Certains en phase avec leur administration, d’autres en porte-à-faux. Mais on ne dira jamais assez que cette réforme n’a été que très peu pilotée par le politique, que les fonctionnaires en ont dessiné les orientations et imposé les modalités d’application, que cette réforme devenue « renouveau » a beaucoup trop porté sur les moyens au détriment des finalités, que le résultat actuel se situe à l’opposé des idées qui en ont été à l’origine. J’ai pour ma part entendu souvent – très souvent – des commentateurs, enseignants, conseillers pédagogiques et même des fonctionnaires casser allègrement du sucre sur le dos de la classe politique en général et sur celui du ministre de l’Éducation en particulier. J’ai entendu un sous-ministre adjoint expliquer devant un parterre de gens sidérés que « son » ministre n’avait pas bien compris tel dossier, mais que ce ne serait pas vraiment grave, juste un peu plus long à débloquer. On semble prendre un malin plaisir à délégitimer, sous couvert de protection des acquis de la réforme, toute tentative politique de reprise en main. La force d’inertie à son meilleur.
Il me tarde de voir cette émission des francs tireurs. Mais dites-moi, monsieur Bachand, où se trouve le mépris?
Vous pouvez écouter un extrait de l’entrevue ici: http://www.telequebec.tv/lesfrancstireurs/entrevue.html
Merci de cette réplique Mario, très éloquent. J’espère réellement que le journaliste voulait réellement la piéger en disant autant d’énormités… malheureusement, beaucoup d’auditeurs prendront tout cela au premier degré et vont simplement tout vouloir laisser tomber. Ils ne se rendent pas compte que les cégepiens qui coulent leur français ne sont pas issus de la réforme du tout… et que même après tant d’années, peu d’enseignants ont eu l’accompagnement et le soutien nécessaire pour réellement vivre la réforme dans leurs classes, non-pas par faute de désir de la soutenir, mais par manque de temps, soutien, ressources, outils, etc.
En espérant que les démagogues le soient aussi pour ceux qui croient aux valeurs centrées sur le nouvel élève.
J’en reviens toujours pas… un programme conçu en réponse aux « enfants-rois » disaient-ils…
HONTEUX !
J’ai rassemblé, copié collé, 13 débilités ignobles, a baker’s dozen, de cette entrevue qui, à mon sens, démontrent que Lagacé, ce trop plein de lui-même, est une personne absolument irrespectueuse et que Mame Courchesne se fourvoie…
1. La fameuse réforme, la maléfique réforme
2. complètement débile
3. ésotérique à l’os
4. cette réforme-là, c’est comme du jello.
5. réforme pour des enfants-rois
6. La réforme va modifier l’orthographe des mots
7. on ne donne plus de dictée
8. il faut vouloir être contre
9. les fonctionnaires sont des têtes de cochons
10. On peut pas tous les sacrer dehors, parce qu’ils ont des conventions collectives.
11. Mettez-les dehors!
12. ministère de l’Éducation? C’est un ministère enflé, boursouflé
13. vous devriez dire que la réforme, c’est de la marde puis on la scrape
Quand on est Ministre de l’Éducation et qu’on ne fait pas la différence entre la Réforme de l’Éducation et la réforme de l’orthographe de la langue française (1991), dont les changements ont été acceptés et par l’Académie française et par l’OQLF, on s’excuse, on admet son incompétence, et on s’la ferme…
Hier dans une école, une directrice a libéré ses enseignantes de première année pour qu’elles rencontrent individuellement chacun de leurs élèves et évaluent leurs habiletés en lecture, en les faisant lire, en les questionnant. Oui, il y a au Québec, dans une petite école de milieu défavorisé, des enfants de première année qui lisent en octobre et qui sont fiers d’eux, parce qu’il y a dans cette petite école des enseignantes acharnées qui essaient des choses et se sentent libres de le faire. Elles sont tellement heureuses de voir leurs petits lire si bien si tôt, qu’elles se foutent complètement de la façon dont il faille écrire ça dans un bulletin… Et elles se foutent aussi du fait que le matériel dont elles se servent n’est pas tout à fait cachère et qu’elles ont dû longtemps le cacher pour éviter les ennuis avec ceux que leur directrice appelle les « polices pédagogiques ». Pour elle, c’est du bon matériel et une bonne méthode juste parce que ça marche.
C’est la conclusion d’un billet un peu « trash » qui commence ici:http://carnets.opossum.ca/LeNeuf/archives/2007/10/demenager_a_herouxville.html
Cher Mario,
Ton billet met en lumière le risque de participer à ce genre de « show » (il n’y a pas d’autre mot pour désigner l’événement que je viens de visionner). Zone 3 et Patrick Lagacé auraient convenu de donner une volée à Michelle Courchesne qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Le scénario était écrit avant même que la ministre ne prononce son premier mot.
Le plus drôle, c’est que Patrick Lagacé incarne tout ce qu’il reproche à la réforme.
La réforme est faite sur mesure pour des enfants roi? Patrick Lagacé se comporte comme un journaliste roi qui, tel un bébé gâté, ne supporte aucune contradiction. Il interrompt son interlocuteur à tout bout de champ, il va là où ça lui tente quand ça lui tente, il glapit des insultes, il parle fort et il sacre. Patrick Lagacé est un petit homme malpoli, comme tous les enfants rois que je connais.
La réforme évacue la rigueur de l’enseignement? Patrick Lagacé se moque éperdument de l’objectivité journalistique. Patrick Lagacé « fait dans la chronique », ce qui, à l’évidence, lui donne toute latitude pour généraliser abusivement, ériger en loi n’importe quelle anecdote et sombrer dans la démagogie la plus facile. Patick Lagacé ne juge pas utile de fouiller ses sujets. Il confond réforme de l’orthographe et réforme de l’éducation. Il s’en excuse ensuite sur son blogue, mais le mal est fait et Patrick Lagacé, de toute façon, n’accorde pas beaucoup d’importance à son minuscule effort de contrition. Comme tous les enfants rois que je connais.
Le français se dégrade? Patrick Lagacé l’illustre magnifiquement lui-même, sans doute à son corps défendant, en utilisant un langage vulgaire, ce qui est le propre du genre. Les enfants rois peuvent se payer le luxe d’être vulgaires. Ils savent qu’ils ne seront pas punis. Patrick Lagacé aura droit à sa portion de dessert; peut-être même profitera-t-il d’une portion supplémentaire parce qu’il a fait un bon show. Les enfants rois adorent se donner en spectacle parce qu’ils en sont récompensés à tous les coups.
On aura compris que Patrick Lagacé n’est pas de la génération qui a envoyé un homme sur la Lune. Mais il pourra revendiquer le titre de précurseur de cette réforme qu’il honnit.
Patrick Lagacé chroniqueur roi sans rigueur ou génie machiavélique?
C’était si gros que ça tient presque du génie!
Il fallait y penser. Servir un buffet garni d’énormités et écouter la Ministre s’y vautrer.
D’abord, une fausseté: « la réforme, pour ne pas traumatiser les enfants rois du Québec, leur permet d’écrire chauve-souris sans trait d’union »
On parle bien de la réforme de l’orthographe approuvée par l’Académie Française en 1990 et non de la réforme de l’Éducation au Québec?
Ensuite un sophisme qui marche toujours. Pour démontrer les dommages causés par la réforme, un texte écrit par une étudiante de CEGEP avec une faute d’orthographe à chaque deux mots.
Non seulement un tel exemple ne démontre rien, mais en plus, le problème c’est que cette étudiante n’est aucunement une enfant de la Réforme. Le Frère Untel, au début des années soixante a écrit un best-seller avec cette navrante réalité: « Écrire des textes variés en respectant les contraintes de la langue » n’est pas une compétence partagée par la majorité de la population.
On continue avec un lieu commun: « Moi, j’ai appris à écrire en faisant des dictées »
Pourtant, son style percutant et irrévérencieux ne lui est sûrement pas venu en écrivant sous la dictée d’un maître. Espérons que ce n’est pas le genre d’exercice qu’il proposait à ses étudiants à l’université!
On poursuit avec de la mauvaise foi théâtrale en déchirant sa chemise » l’école veut s’adapter aux enfants d’aujourd’hui. »
Alors là… Ben oui, justement, l’école doit s’adapter et c’est pas facile quand on est une institution de se rendre compte qu’on devra s’adapter. De toutes façons, on n’a pas les moyens d’avoir plus de décrocheurs que de diplômés.
Il ajoute une touche d’inquiétude digne du conseiller Drouin d’Hérouxville et se scandalise qu’on n’enseigne plus dans nos écoles que « les sauvages ont torturé le saint père Brébeuf » et qu’on troque le crucifix contre le calumet de la paix.
Encore un accomodement raisonnable je suppose? Où allons-NOUS?
Finalement, une trouvaille farfelue: où dans le programme a-t-il pêché que les dictées étaient interdites ?
Et à chaque énormité proférée par monsieur Lagacé, notre Ministre abondait dans son sens.
Le seul moment où cette belle harmonie s’est rompue c’est lorsqu’il a tenté de lui porter le coup fatal. « Mais enfin qu’est-ce que les parents connaissent à l’éducation!!?? »
Ben oui … et lui, qu’est-ce qu’il connait au juste dans ce dossier?
On a alors senti madame Courchesne tressaiilir. Des parents, ce sont des électeurs et comme chacun le sait des électeurs bien flattés, ce sont des votes biens comptés.
Si madame Courchesne avait pris la peine de lire les conclusions des Etats Généraux de 1996 qui nommaient le défi de l’éducation des jeunes québécois, futurs citoyens d’un monde d’intense compétiton où les seuls gagnants seront ceux qui, critiques et créatifs, sauront coopérer, communiquer et exploiter l’information pour résoudre de façon efficace des problèmes qu’on ne retrouve pas aux examens et dont les réponses ne sont pas au corrigé.
Si, donc, elle avait mieux compris les véritables fondements de cette réforme, alors elle aurait été capable de remettre à sa place le haut-parleur de monsieur Lagacé.
Ma question reste entière: monsieur Lagacé a-t-il simplement compté sur son front de boeuf de chroniqueur roi pour servir une beurrée d’ignorance assaisonnée aux lieux communs? Ou alors, était-ce une tactique machiavélique pour plonger dans l’eau bouillante notre Ministre qui brûlait de lui servir de la tête de cochon de fonctionnaire farcie à la convention collective?
« Donnez-moi encore un peu de temps et je ferai de grands virages… je ne sais pas encore de quel bord, mais ça va virer ».
J’avais pourtant compris que les girouettes étaient mal vues à l’assemblée nationale.
Hélène Fontaine_________________________________________________________________
J’ai pris le temps d’écouter l’entrevue (sans montage) de la ministre. Je suis d’accord avec plusieurs remarques énoncées précédemment concernant le discours de Patrick Lagacé. Cependant malgré les interventions de Lagacé, il me semble que le discours de la ministre est clair.
Désolé pour plusieurs d’entre vous, mais celle-ci a peu ou pas défendu le renouveau pédagogique.
Lorsqu’on examine le discours de la ministre sur la réforme, il me semble à la lumière de cette entrevue qu’il est assez facile de constater que cette dernière semble plutôt en désaccord avec cette réforme. Même si le journaliste lui a tendu des pièges, elle avait le choix de ses réponses. Je crois qu’elle a livré le fond de sa pensée, et ce, à plusieurs reprises au cours de cette entrevue. Politiquement parlant, les dommages sont faits! Restera-t-elle en poste encore longtemps ? C’est à suivre !
Je suis plutôt de votre avis M. Bissonnette que le discours de la ministre était clair. Les gens qui ont vanté le fait qu’elle n’utilise pas la langue de bois dans ces soixante-deux minutes ont raison.
La ministre désavoue la représentation qu’elle s’est faite de la réforme. Elle a pris ses distances avec les projets et le fait de ne plus pouvoir «enseigner» à proprement dit. Qui va s’en plaindre?
Elle a cassé du sucre sur le dos des fonctionnaires et cet élément n’a pas passé. Elle doit trouver un moyen de réparer pour continuer d’avoir un futur au MELS.
Elle semble vouloir revenir sur l’intégration des enfants en très grande difficulté dans les classes régulières. Ça ne me semble pas une mauvaise nouvelle. Aux profs de l’AQPF, elle a exprimé l’intention de moins parler (ni critiquer ni promouvoir) du renouveau. Elle veut probablement chercher une nouvelle base pour mieux rassembler puisque de sa perception c’est 50% d’un bord et 50% de l’autre sur la réforme. Rien à faire avec ce dossier donc, si on veut gagner des points…
Je m’attends à ce que la ministre nous refasse le coup du redoublement.
Elle croit avoir redonné aux C.S. le droit de faire reprendre une année (elle s’en vante à plusieurs reprises dans l’entrevue). Depuis le début, c’est possible de faire une année de plus dans un cycle). Alors, suivant ses convictions, attendons-nous à ce qu’elle soit très focus sur les «savoirs essentiels» (qu’elle prendra soin de ne pas nommer comme ça) en français, qu’elle réaffirme sa propension pour les dictées qu’elle réintroduira (mais elle ne dira pas qu’elles n’ont jamais été interdites); je ne crois pas qu’elle charcutera l’approche par compétence. Elle me semble séduite par le caractère intégrateur du programme de formation actuel; elle a affirmé ne pas croire aux apprentissages en silos, si je ne me trompe pas.
Bref, elle s’est isolée dans son ministère, mais il y a plusieurs portes de sortie possibles pour elle suite à son entrevue qui demeure malheureuse. Elle ne réécrira pas un autre programme, mais va mettre en lumière tout ce qu’il contient, qui sera compatible avec ses valeurs à elle. Y a-t-il vraiment lieu d’être inquiet pour les jeunes dans les écoles? Non, pas vraiment plus qu’avant.
Ça va brasser du côté du complexe «G» et sur la rue Fullum certes, les syndicats vont s’agiter bien sûr, les salles de profs vont probablement passer trente secondes sur les vues de notre ministre et vont peut-être rigoler du fait qu’elle ait fait son entrée dans le club des «mal cités» et enfin, les parents risquent peut-être de l’aimer un peu plus (elle les a bien défendus).
Pour les patrons dans les écoles (et ceux des C.S.), ça va continuer d’être ingérable; chacun devant eux y allant de l’interprétation qui fait son affaire!
Oh, en passant, devinez sur quoi porte le prochain Conseil général de la Fédé des comités de parents?
«L’intégration des élèves handicapés ou en difficulté dans les classes régulières».
C’est ce qu’on appelle avoir le sens du timing!
Après un gros dodo, j’en viens un peu à rejoindre vos conclusions, MM Asselin et Bissonnette. La ministre a dit ce qu’elle croyait. Il n’y avait rien de nouveau pour qui l’a suivie depuis son arrivée au MELS. C’est peut-être la façon de le faire et l’attitude de M. Lagacé qui ont frappé les esprits.
À cet égard, réécoutez l’entrevue de Jean-Marc Fournier à Tout le monde en parle l’année dernière et vous serez consterné par le manque de vision de celui qui a été ministre de l’éducation et dont le manque d’intérêt pour la chose éducative était notoire.
J’aime mieux une ministre concernée par le ministère qu’elle dirige qu’un autre qui attend un remaniement ministériel. À cet égard, je juge l’attitude de M. Jean-Pierre Proulx bien décevante. L’insulte n’a jamais tenue lieu d’intelligence. Tout le monde a droit à son opinion, m’a enseigné Pierre Bourgault, mais certaines sont meilleures que d’autres.
Si je lis dans ma boule de cristal, la ministre n’abolira pas une réforme à laquelle elle ne croit pas. Elle la corrigera, mettra de l’avant des solutions. Bref, elle se tentera de se montrer pragmatique. N’est-ce pas une attitude plus sage que de toujours refaire le monde à chaque 15 ans? Le défi appartient donc à ceux qui sont des éducateurs de faire valoir leurs idées sans dénigrer les individus qui s’opposent à eux.
Le fait de constater qu’elle veut rassembler les gens divisés est aussi un signal intéressant. Il va bien falloir un jour ou l’autre cesser de se battre et trouver des compromis pour le bien d’une institution que nous commençons tous à discréditer. Le jusqu’au-boutisme est la pire des politiques. Oui, oui: la FAE et vous devrez vous parler un jour… : )
En français, je crois que la ministre va au départ envoyer un signal clair que certaines formes d’apprentissage n’ont pas été interdites et ont toujours lieu d’être (dictées, etc.). C’est la variété des pratiques pédagogique qui importe aussi! Il existe des directions d’école et des conseillers pédagogiques qui ont pris leurs rêves pour des réalités et ce recentrage est nécessaire. je reviendrai sur ce point.
Mme Courchesne va également insisiter sur les compétences (en français, nous enseignons des compétences depuis toujours, vous savez? Nos grilles de correction, nos objectifs sont formulés sous forme de compétences), mais elle va réaffirmer l’importance des connaissances, de la grammaire.
Je crois aussi que la ministre va s’attarder au dossier de l’évaluation, une lutte que je mène depuis des années, et je ne serais pas surpris de la voir ramener progressivement des notions de rigueur et d’exigence dans des grilles de correction qu’on élabore, non pas en déterminant ce que veut dire maîtriser sa langue maternelle, mais en tenant compte d’un taux acceptable d’échecs. Ce serait une bonne manoeuvre politique dans tout ce débat identitaire qui anime le Québec depuis quelque temps.
Pour ce qui est des fonctionnaires du MELS, cet électrochoc s’imposait. Depuis des années, ils sont plus ou moins encadrés à cause du nombre incroyable de ministres qui sont passés par là. D’ailleurs, votre crainte à l’effet que la ministre «doit trouver un moyen de réparer pour continuer d’avoir un futur au MELS» montre bien tout le pouvoir dont ils disposent. Est-ce normal? acceptable? Désolé, mais je ne verse aucune larme pour eux. En bon québécois, ils étaient «dus» depuis longtemps.
En passant, en parlant des patrons des écoles et des CS qui y vont de leurs interprétations quant à la réforme, certaines directions d’école ont perdu la face cette semaine. Nonobstant les directives de la ministre, elles avaient indiqué à leurs enseignants de remplir leur bulletin avec des cotes. Qui a dû se refarcir tout le travail quand la CS s’est aperçue de cet écart de conduite»? Les enseignants, bien sûr! Mais cette histoire n’a pas fait la une du Journal de Montréal comme l’a fait celle des enseignants de la CSDM l’année dernière avec le bulletin.
L’éducation est déchirée, vous ai-je dit?
« en parlant des patrons des écoles et des CS qui y vont de leurs interprétations quant à la réforme, certaines directions d’école ont perdu la face cette semaine. Nonobstant les directives de la ministre, elles avaient indiqué à leurs enseignants de remplir leur bulletin avec des cotes »
Bien d’accord, et ça ne m’étonne pas… Il y aurait même quelqu’un de bien placé chez vous, M. Papineau, qui travaille fort auprès de ses collègues des autres C.S. pour qu’ils quittent la salle à la rencontre nationale de demain (lundi), si jamais la ministre s’y présente.
Au bout de la ligne, ce que je retiens de cet épisode, c’est que Lagacé est un piètre journaliste. C’est tellement bon ce qu’écrit Daniel Trottier là-dessus… Bravo Daniel !!! Je retiens aussi que je viens d’avoir au moins une douzaine de raisons de témoigner mon appréciation à Michelle Courchesne !!!
C’est étonnant, mais je fais le même constat autour de moi. La ministre, si elle sait gérer la crise, risque de sortir grandie. Quant à ses fonctionnaires… pas sûr qu’ils ont apprécié.