Quand un service de blogue ferme ses portes…

eduspaces.jpg

Mise en garde du 20/12/08: Voir la fin de ce billet; «Eduspaces» ne ferme plus…

J’ai pensé tout de suite aux gens qui bloguent et qui font bloguer dans les écoles quand j’ai lu ce billet de Stephen Downes dans mon agrégateur. Pas facile d’envisager toutes les conséquences que peut avoir l’interruption d’un service comme celui d’Eduspaces quand on n’a qu’au 10 janvier pour se retourner. Chercher une nouvelle maison pour son(ses) blogue(s) correspondant à son budget et à ses besoins, transférer le contenu (le texte, les images, les hyperliens, les catégories, etc.) et surtout, communiquer à sa blogosphère le déménagement… tout cela pendant une période comme celle des Fêtes! Ouf… tout un défi. Le pire pour moi serait de perdre plusieurs liens avec une communauté. Il y a près de 17 000 usagers actifs chez Eduspaces, un outil bâti à partir de la plate-forme «Open Source» anglaise ELGG. Et je ne parle pas des hyperliens chez les autres blogueurs menant à des références chez Eduspaces qui risquent de mener nulle part tout à coup puisqu’il est à peu près impossible de demander à chacun de s’ajuster… Sans compter les fermes de blogues qui ont pu être aménagées par des éducateurs dans des écoles. C’est tout un travail à faire en si peu de temps que de tout rafistoler (incluant les parents à informer) pour entreprendre le retour du congé sans coup férir. Je ne me vois pas pris dans cette situation…
J’ai fait le tour de quelques réactions d’usagers sur les blogues et sur un forum, directement chez Eduspaces. Les gens semblent animés de sentiments opposés. Le service était gratuit… difficile de blâmer ceux qui ont tenu le fort à bout de bras si longtemps. Quelques témoignages racontent jusqu’à quel point «Eduspaces» a été utile. Par contre, d’autre réaction font état d’un certain désarroi:

«Where will people go? Will they disperse into Facebook and SecondLife and disappear in the crowd of entertainment seekers? Or will they regroup in another Elgg instance and re-emerge as a global education community? We shall see, but we may have to wait a long time still.»

D’autre ne blogue pas chez «Eduspaces» et ont le réflexe de tirer toutes sortes de conclusions qui me paraissent un peu faciles, même si légitimes:

«What lessons can we learn from Eduspaces demise? Some will say, don’t trust open source software (Elgg itself is not a threat I believe); some will say, you get what you pay for, after all free communities are vulnerable to financial pressures because nothing is for free (but you have no guarantee that a commercial operator will not go bust either taking your precious content with it). The most reliable lesson is to ensure you back up your online content regularly, as of course you do with your hard disk.»

Pour l’instant, il y a peu d’explications sur ce qui motive qu’on en soit rendu à fermer le site. Certains suggèrent un billet de Ben Werdmuller (Elgg est un produit de Curverider, organisation fondée en partie par Ben), qui rappelle que tout logiciel quel qu’il soit, n’est jamais développé «by magical elves». Il ajoute dans «The open source misconception» que ces logiciels «doesn’t appear like water, for free»… Cette explication est à considérer, ce que fait Brian Kelly dans un très bon billet où il commence par dire que «Eduspaces» ne contrevient en rien aux conditions d’utilisation que chaque blogueur a dû accepter avant de commencer son expérience de publication. Dans «The Demise of Eduspaces», il anticipe quand même quelques conséquences à venir:

«And what will happen after the service is shut down on 10th January? Will the domain name become available, and likely to be taken over by a domain squatting agency or a porn company? This would be rather embarrassing for people, such as Salvor at Brighton) who has links to what is currently legitimate posts about their elearning activities. (Of course, a clever porn company would ensure that blog RSS feeds continue to be served, but delivering information about Russians teenagers seeking western husbands rather than reflections of elearning strategies!).»

J’ai jonglé à mon arrivée chez Opossum à offrir un service en ligne de production de blogues «à la Eduspaces». Je mentionnais dernièrement dans ce billet que «l’utilisation des blogues scolaires progresse vraiment bien» et que quelques services existent déjà. Croyant qu’il fallait aider les éducateurs et les institutions à se doter de systèmes qui leur offrent le plus de contrôle possible quand les communautés se forment, nous avons plutôt travaillé à aider les gens à être le plus autonome possible. On peut chercher un hébergeur, à la limite, mais le système de publication ou de ferme de blogues doit pouvoir être géré par le responsable de la communauté, sinon, on s’expose au genre de problèmes auxquels sont confrontés les 17 000 utilisateurs de «Eduspaces», aujourd’hui.

J’ai une bonne pensée pour tous ces blogueurs, dans les circonstances…

Mise à jour du lendemain matin: Les billets continuent à affluer sur le sujet; par Technorati et Google Blog Search, on peut apprécier l’abondance… Cette réflexion chez Pontydysgu est particulièrement intéressante à lire sur le sujet de l’engagement des communautés dans le support à offrir aux types de services à la «Eduspaces».

Mise à jour du lundi soir suivant: Les co-fondateurs (Ben & Dave) ont livré des explications concernant la décision de fermer «Eduspaces» dans ce billet; les raisons invoquées me paraissent aller en droite ligne avec l’absence d’un «modèle d’affaires» qui aurait pu garantir la pérennité de la communauté. L’expression «modèle d’affaires» pouvant vouloir dire également «soutien d’une institution» qui aurait pu y trouver son compte dans le maintient d’une certaine gratuité dans l’offre de services.

Mise à jour du jeudi midi suivant: «Eduspaces» ne ferme plus! Contre toute attente, un hébergeur prend le relais et le service sera maintenu. Ce communiqué en fait foi! Voilà une bonne nouvelle pour ceux qui avaient peine à se relocaliser.

Tags:
2 Commentaires
  1. Photo du profil de AndreChartrand
    AndreChartrand 15 années Il y a

    Ce doit être, en effet, un gros travail que de se relocaliser. Toutefois, à mon œil, la grande perte, ce sont les liens qui pointent vers les carnets qui déménagent. Pour cela, à ma connaissance, il n’y a rien faire. Pour ma part, cela me hante un peu. Mon propre carnet a du changer d’adresse à un moment donné, même s’il demeurait chez le même hébergeur. Cela a eu pour conséquence que tous les liens des autres internautes qui pointaient à mon ancienne adresse pointent maintenant dans le vide.
    Par ailleurs, quand j’ai constaté que certains liens de mon carnet pointaient vers le vide au bout de quelques temps, j’ai commencé à mettre la référence complète lorsqu’une version papier du document existe. Il s’agit le plus souvent d’articles de journaux. De cette manière, si je veux retrouver le document en question, et que le lien est devenu inactif, je peux toujours y arriver.
    Tu imagines, Mario, les conséquences de la fermeture de Del.icio.us pour certains internautes?
    C’est là, à mon avis, une des grandes faiblesses des plateformes Web; la pérennité des liens et donc des sources.

  2. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 15 années Il y a

    Il ne faudrait pas que Del.icio.us ferme en effet. Par contre, je sauvegarde régulièrement mes signets grâce à l’outil d’exportation qu’ils ont prévu sous l’onglet «settings».
    J’en profite André pour souligner que ce n’est pas la première fois qu’un service de ce genre meurt «au combat». Un vieux routier de l’Internet me rappelait ce matin par courriel que Weblogs.com avait fait vivre le même «cauchemar» à ses usagers (1, 2).

Laisser une réponse

Contactez-moi

Je tenterai de vous répondre le plus rapidement possible...

En cours d’envoi

Si les propos, opinions et prises de position de ce site peuvent coïncider avec ce que privilégie le parti pour lequel je milite, je certifie en être le seul éditeur. - ©2022 Thème KLEO

Vous connecter avec vos identifiants

ou    

Vous avez oublié vos informations ?

Create Account

Aller à la barre d’outils