La technologie est peut-être la réponse, mais c’est quoi la question?

Journée de tempête aujourd’hui. Dans tous les sens du mot. Quand une journée commence par la lecture de ce genre de billet, vous savez que les idées vont tourbillonner toute la journée. Et ce fut le cas…
La prose carnetière de mes collègues édublogueurs m’a habité toute la journée. Une discussion déclenchée par Finkielkraut, une autre à partir de cette impossible réforme à réaliser, un billet où même les plus convaincus broient du noir et ce billet sur les formations du MELS qui semblent totalement manquer leur cible. Bref, le moral des troupes a déjà été meilleur.
Je me suis quand même concentré sur ce que j’avais à faire aujourd’hui. Mais impossible d’écarter de mes pensées le désarroi, la frustration et «l’écoeurite aiguë» de gens qui comptent beaucoup pour moi. Je suis intervenu chez François (c’est le moins que je pouvais faire), mais pour une raison que j’ignore, je ne me voyais pas intervenir ailleurs aujourd’hui. Je me suis plutôt «réfugié» chez François dans un billet portant sur Sugata Mitra qui m’a conduit dans une foule de directions.
Le titre de ce billet est d’ailleurs inspiré par un des documents rencontrés dans ma promenade, un exposé de sir John Daniel sur les conditions d’un meilleur apprentissage en ligne. Un extrait:

«Je suis certain que les technologies en ligne sont appelées à jouer graduellement un plus grand rôle dans les études. Afin de rendre les TIC utiles, il nous faut créer du matériel d’apprentissage qui favorise leurs quatre points forts. Le premier point fort demande d’être interactif à un niveau élevé, c’est-à- dire au-delà du simple geste de tourner la page. Le deuxième en fait un moyen de communication. Les discussions des groupes asynchrones constituent un puissant outil d’apprentissage, bien que pour être vraiment efficace, il importe que l’animateur soit une personne. Le troisième point est la capacité d’adaptation des TIC. Je parle ici d’applications où les étudiants manipulent un modèle, par exemple, celui du changement de climat. Le fait de permettre aux étudiants eux-mêmes de mettre à l’essai l’impact du changement dans les variables s’avère beaucoup plus efficace que d’entendre un conférencier parler du sujet. Et le quatrième point s’appuie sur le fait que les TIC peuvent être productives, car elles permettent de travailler en respectant une échelle des valeurs.»

L’expérience du Dr. Sugata Mitra, «Hole-in-the-Wall» est vraiment remplie d’enseignement et aujourd’hui, j’avais besoin de ce qu’elle pouvait m’apprendre, entre autres, en matière de réaction face à l’adversité:

«Take the best the adversity has to offer, dump the rest. All adversity has unique opportunities to offer.»

Restait donc à trouver ces «opportunités» devant se poindre au travers de cette cohue de perturbations.

Le billet de Patrick Giroux est arrivé ce soir telle une bouée. Un camion complet «d’opportunités»! «Une force en marche», comme me l’a rappelé Marc Tirel, récemment. Une seconde «non-conférence sur l’éducation?» (lien vers la 1re ici): le meilleur baume que nous pouvions espérer. En tout cas, c’est le genre d’ouverture dans le mur de nos difficultés qui pourrait nous remettre dans un meilleur «mood».

Vivement, direction Université du Québec à Chicoutimi…

La technologie est peut-être la réponse, mais c’est quoi la question?

La question c’est peut-être, «Pensez-vous que les enfants ont changé?»

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3 Commentaires
  1. Photo du profil de PatrickGiroux
    PatrickGiroux 15 années Il y a

    Wow! Je n’avais pas lu le billet de François… Sans votre traceur sur mon billet, je me couchais sans savoir…
    Je crois que ça confirme le besoin de discuter, de travailler et d’apprendre ensemble qui se cache derrière ma proposition. La première non-conférence m’avait beaucoup motivé. Entendre ces gens intéressés, c’était tellement rafraichissant! Si seulement j’avais une réponse immédiate aux maux de François.

  2. Patrice Létourneau 15 années Il y a

    «mais c’est quoi la question?»
    Et si c’était, bêtement mais crucialement, le temps ?
    Qui peut être contre l’individualisation des apprentissages? Mais en même temps, qui peut réaliser cela avec… Au fait, au secondaire, les professeurs ont la responsabilité du cheminement de combien d’élèves par session?
    Je sais que mon commentaire n’est malheureusement pas une réponse…
    Est-ce qu’il y a une personne au Ministère responsable des conditions matérielles de réalisation (pour qu’il ne soit pas question que de vœux pieux)?
    En tout cas, merci, Mario, d’ouvrir cette vanne… en espérant qu’elle trouve ses échos. S’il peut y en avoir… …

  3. Photo du profil de B.Long
    B.Long 15 années Il y a

    Les enfants ont-ils changé? Bonne question. J’ai l’impression que sur certains aspects tels les besoins fondamentaux, ils ont à vivre le même processus que nous et ils ont la nécessité de répondre à ces besoins pour pouvoir poursuivre la route et apprendre.
    Pour ce qui est de l’apprentissage ou du processus d’apprentissage c’est, d’après-moi, une toute autre chose. Mère de 2 grands «boys » de 16 et 18 ans, je constate toute une différence. Ils ont l’impression d’être en phase d’apprentissage lorsque vient le temps de faire des devoirs et de s’amuser lorsqu’ils font appel aux technologies. Depuis 2 mois qu’ils travaillent avec acharnement à la création d’un site web avec PHP. Je suis très impressionnée, car j’ai l’impression que faire ce qu’ils font est beaucoup plus complexe que le devoir et fait appel à tout un processus de créativité et de tâches connexes. Les bases scolaires sont probablement là, mais les vraies compétences se développent ici.
    Je t’explique le contexte : Le plus vieux de mes fils est à Montréal alors que l’autre est à maison. Ils en sont à élaborer un site web pour venir en aide aux utilisateurs d’un site original. Le site qu’ils créent est en anglais (matière qui ne semblait pas évidente pour eux) et pourtant ils le font et communiquent plusieurs fois par jour avec le créateur du site original. L’écriture, la communication, les dictionnaires virtuels sont maintenant des amis. Ils doivent faire preuve de créativité, résoudre des problèmes mathématiques complexes, animer leur forum de discussion, faire la promotion, attirer les utilisateurs en proposant des défis,… Je me dis souvent que ça n’a pas de sens, car ils le font dans un esprit de professionnalisme qui m’étonne. Ils développent des compétences mais qu’en est-il des apprentissages? Ils apprennent dans des situations signifiantes pour eux. Ils apprennent en s’amusant. Ils apprennent en créant leur propre rupture et déséquilibres cognitifs. Ils apprennent la vie.
    Je termine en disant que les jeunes ont changé et qu’il faut suivre ce changement en gardant la base de ce qui se fait de bien. Vouloir repousser, sans cesse, la vague peut devenir exténuant et on risque de s’y noyer. Il faut pouvoir laisser monter les marées,les voir redescendre et suivre le rythme de ce qu’elles amènent avec elles.. C’est ainsi que l’on retrouvera une zone de confort.

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