«En définitive, il est grand temps que le monde de l’éducation s’aperçoive de l’incroyable pouvoir du Web 2.0 sur les apprentissages. Les enfants apprennent naturellement; les technologies leur donnent le pouvoir de le faire de façon concertée, collective et créative. Loin d’être l’apanage exclusif de l’enseignant (ou plutôt du professeur, au sens littéral du verbe professer), la connaissance est partout. Depuis l’avènement du Web 2.0, elle se construit collectivement et voyage à la vitesse de l’éclair, enlevant à l’élite dirigeante le privilège séculaire qu’elle avait de contrôler et diffuser la connaissance en fonction de ses intérêts.»
C’est une des conclusions de ce formidable rapport produit par un enseignant qui découvre cette année le merveilleux potentiel de l’utilisation des blogues pour faire apprendre. C’est une lecture incontournable en ce début d’année 2008, d’autant plus que l’analyse est fine et quelle comporte des éléments de différenciation entre la pratique des filles et des garçons.
Tags: "Réussite différenciée chez les filles et les garçons" LesExplorateursduWeb Pédagogie et nouvelles technologies
Un travail de moine qui, à mon humble avis, démontre que plusieurs défis pédagogiques ont été relevés par l’équipe du PROTIC cet automne.
L’élaboration de situations d’apprentissage authentiques et, de surcroît, accessibles aux apprenants n’est pas une pratique pédagogique élémentaire. Car, en effet, l’«intégration» d’outils web 2.0 à notre pratique ne signifie pas pour autant que l’on fournit un contexte d’apprentissage authentique. Les défis de design semblent avoir été relevés pour la plupart si l’on s’appuie sur 3 bénéfices des pratiques authentiques déterminés par Daniel C. Edelson et Brian J. Reiser soit:
1-Il en résulte un apprentissage significatif, car l’engagement de l’apprenant se manifeste par des pratiques qui transcendent les lieux d’apprentissage définis. Bien que cette donnée ne figure pas explicitement au rapport il serait surprenant de constater combien d’élèves attribuent un caractère ubiquiste à ce nouvel environnement d’apprentissage: le blogue. N’est-ce pas ce que signifient les «WWW» ?
-Wherever
-Whenever
-Whatever
2-L’engagement des élèves dans un contexte authentique et pertinent engendre un accroissement de leur désir d’apprendre. Cette motivation s’exprime par l’attention que l’élève porte sur ses apprentissages afin de les réinvestir dans une situation future. Beaucoup des élèves sondés anticipent positivement la poursuite de cette situation authentique de communication que leur permet le blogue. Est-ce bel et bien le même transfert abordé dans notre curriculum renouvelé?
3-L’apprenant engagé dans une pratique authentique peut être amené à comprendre la structure du savoir ou de l’épistémologie du domaine visé. En effet, plongé au coeur d’une véritable situation de communication, l’apprenant est invité à comprendre tout ce qu’implique la manifestation d’une telle compétence. Et je me tourne à nouveau sur le curriculum au secondaire.
Communiquer de façon appropriée
•En connaître et en respecter les usages, les règles, les codes et les conventions
•En exploiter les ressources
•Analyser la situation de communication
•Choisir un ou des langages appropriés au contexte et à l’intention de communication
•Identifier les modalités de communication appropriées au destinataire et à ses caractéristiques
•Utiliser des langages adaptés à la situation
•Tenir compte des facteurs pouvant faciliter ou entraver la communication
•Ajuster la communication en fonction de la réaction des destinataires RÉELS ou potentiels
•Reconnaître les stratégies utilisées tout au long du processus ainsi que leur efficacité
Le blogue offre un contexte de communication riche et complexe qui amène davantage l’apprenant à se questionner sur l’épistémologie à la base de l’acte de communiquer que lorsqu’il se retrouve au coeur d’une traditionnelle communication à deux voies, et parfois même en sens unique (tout dépend de la rétroaction fournie).
L’élève remet sa dissertation (statut fini et non évolutif) à l’enseignant (qui sera probablement l’un des seuls à la lire) qui lui fournira une rétroaction.
Je crois qu’il est grand temps de transporter cette situation de communication vers l’autoroute de l’information.
Sans toutefois minimiser les défis et les problématiques qu’une telle pratique implique.
Que la réflexion continue !!!
The cambridge handbook of the learning sciences / ed. by R. Keith Sawyer … [et al.]. – Cambridge : Cambridge
Univ. Press, 2006. p. 335.
Merci infiniment Kaçandre pour ces précisions qui complètent bien le travail admirable de Martin Bélanger. J’en profite pour vous souhaiter une belle et bonne année 2008 à Protic. D’un point de vue prospectif, avec ce qui se passe dans le développement du cours «Projet Intégrateur» en 5e secondaire, vous êtes l’une des deux grandes sources d’inspiration pour moi… et pour plusieurs!
J’ai parcouru le document et je trouve la distinction systématique Fille/Garçon assez choquante…l’analyse met en avant les qualités d’authenticité développées au travers des blogues et parallèlement étiquette et généralise ce qui relève du singulier…j’ai du mal à comprendre la cohérence de la démarche !
Si je peux me permettre Florence, est-ce qu’on peut pousser un peu plus loin le questionnement sur ton choix d’utiliser le mot «choquant»? L’auteur du rapport ne cesse d’employer le verbe «sembler» et me paraît prendre toutes les précautions pour ne pas que nous tirions de jugement trop hâtif sur l’analyse de ses données… Enfin, je ne peux juger ton ressenti, si c’est ce qui t’es venue; tu peux nous en dire davantage?
Personnellement, j’apprécie l’effort de recherche des tendances différenciant le comportement et les attitudes des filles et des garçons même si je ne peux porter un jugement final. Au Québec, nous avons beaucoup de problèmes à expliquer pourquoi tant de garçons peinent à l’école et tous les efforts pouvant contribuer à nous mettre sur de bonnes pistes me semblent bienvenus! Cela, sans négliger la volonté de succès pour les filles…
Merci Mario de me donner l’opportunité d’aller un peu plus loin sur la question !
Bloguer est pour moi un acte de créativité qui dépasse largement les clivages et les stéréotypes…Les sensibilités qu’on y developpe sont singulières…voilà pourquoi l’analyse des pratiques faite sous l’angle du genre m’a choquée…A trop se focaliser sur ce qui nous oppose, ne risque-t-on pas de renforcer les différences et de passer à côté de ce qui nous rassemble, ici et ailleurs ?…C’est presqu’une philosophie de vie ! 🙂
Bonjour,
Je laisse de côté mon chapeau d’auteur de l’«étude» pour ajouter mon grain de sel à la discussion…
Je suis tout à fait d’accord avec le fait que la distinction fille / garçon soit un peu réductrice. Je vous dirais que d’emblée, je ne m’attendais pas à triturer les résultats pour établir quelque distinction que ce soit. Je voulais décrire… mais je n’ai pas pu m’empêcher d’analyser un peu.
En fait, en tentant d’établir des corrélations entre différents résultats, je me suis aperçu que la seule variable indépendante qui permettait de dire autre chose que « les blogues sont formidables, alléluia » était le sexe des répondants! Cela dit, en lisant attentivement mon rapport, on constate que malgré les distinctions entre les deux sexes, les résultats sont extrêmement positifs chez les garçons aussi : ceux-ci, dans une grande majorité, disent aimer bloguer et reconnaissent l’immense potentiel pédagogique des blogues. Il est particulièrement fascinant de voir que chez mes élèves, les blogues et leur apport positif à l’apprentissage sont appréciés de tous : filles et garçons, bons ou moins bons scripteurs, débutants ou experts en informatique, etc. Le blogue apparaît donc comme un outil rassembleur qui permet de faire émerger une synergie de groupe malgré les différences individuelles que je relève. N’est-ce pas formidable et encourageant?
Il faut aussi se dire entre nous qu’on ne peut pas tirer des conclusions définitives et irréfragables à partir d’un simple questionnaire administré à 55 blogueurs. L’idée était d’abord et avant tout de faire une étude de cas et de montrer que ce que nous vivons au PROTIC s’inscrit dans la mouvance générale du Web 2.0 dans l’éducation.
Bref, je ne vois pas de contradiction à relever les singularités de certaines données tout en mettant l’accent sur les généralités observées. Ce que le rapport dit, c’est que les filles voient le blogage d’un oeil très très très très positif… alors que les garçons ne le voient « que » comme très très très positif… 😉
Cela dit, j’adore le genre de discussion pédagogique que nous avons actuellement. Bravo à tous pour la qualité de vos commentaires!
Moi aussi j’adore ce genre de discussions : elles nous font tous avancer ! 🙂
Merci Martin de le souligner !
Je retiens comme tout-à-fait juste l’idée de « situation ou pratique authentique »… pour une efficacité dans l’apprentissage.
Se fonder sur un blog… pourquoi pas ?
Mais, concernant les plus jeunes enfants (à l’école maternelle et primaire… de 3 ans à 10 ans) sera considérée comme authentique ce qui pose un réel problème à l’enfant : qu’il s’agissent d’un jeu, d’un paradoxe, d’un défi ou d’une simple interrogation issue des conceptions spontanées de l’élève…
Aussi en sciences expérimentales… rien ne vaudra des points de départ expérimentaux… qui demandent une réelle participation par manipulation de l’enfant. L’authenticité sera au rendez-vous… pour la grande motivation des élèves et leur vraie participation… dont il ressort au final une construction de connaissances que l’enfant assimilera de façon stable car fondée sur sa participation active et authentique.
Je suis formatrice d’enseignants (en France)… je travaille avec des classes et leurs enseignants ; mon site les invite à venir le consulter pour d’authentiques propositions de situations de recherche et d’investigation.… ceci en vue de les aider.
J’ai moi-même une formation en didactique des sciences (maître de conférences).
Merci pour ces échanges intéressants et le rapport sur l’ouvrage.
cbalpe@orange.fr
[…] offre aux élèves de bloguer reste anecdotique, mais là où on le fait sérieusement (dont ici et là), les résultats sont évidents. On s’inspire de nos expériences ailleurs dans la […]