«But Web 2.0 also embodies a set of unintended consequences, including the increased flow of personal information across networks, the diffusion of one’s identity across fractured spaces, the emergence of powerful tools for peer surveillance, the exploitation of free labor for commercial gain, and the fear of increased corporatization of online social and collaborative spaces and outputs.»source
Tout comme le mentionnait à raison François Guité cette semaine, «il ne faut pas s’inquiéter de chaque faux pas» dans les façons d’utiliser Internet. Néanmoins, l’affaire Note2be.com ne doit pas passer comme si de rien n’était pour qui veut que le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication soit porteur de progrès et témoigne des apprentissages nourriciers qu’on peut y faire. Je propose de regrouper ici quelques leçons que je tire des événements des dernières semaines. D’abord, rassemblons en quelques points de forme les grandes étapes de cette saga toute française qui risque d’avoir des répercussions partout dans le monde:
- 6 septembre 2007, lancement d’un autre projet dans lequel Stéphane Cola de «Ville et Images» serait impliqué, «Candidat-Online», «votre site pour les élections».
- 9 octobre 2007, création de la société «NOTE2BE COM» à titre de «Société à Responsabilité Limitée» (SARL) au capital de 5000 euros par Anne-François de Lastic qui serait (selon ce profil LinkedIn et cette page de «web.archive.org» du site de l’agence), PDG d’une agence
d’escortesd’hôtesses, «Hôtesses & Grooms de Paris». - Octobre-novembre 2007, Stéphane Cola devient directeur de la campagne de Pierre Lellouche à la mairie du VIIIème arrondissement de Paris. Cette «nouvelle» sortira dans les médias le 13 février 2008.
- 29 janvier 2008, lancement officiel du premier site français de notation des enseignants qui se donne comme signature «Prends le pouvoir, note ton prof!».
- 4 février 2008, ouverture du site «Contrenote2be» créé pour lutter contre le site note2be.com.
- 6 février 2008, parution d’un communiqué de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) reconnaissant que «le principe d’un échange entre un enseignant et ses élèves sur sa pédagogie ou le contenu de ses enseignements n’est pas en soi problématique», mais affirmant aussi «sa très forte désapprobation devant ce qui, peu ou prou, ressemble à un lynchage public des personnels des établissements d’enseignement». La mise à jour du 14 février est accompagnée d’une «stratégie d’intervention».
- 13 février 2008, Xavier Darcos condamne avec fermeté l’ouverture de sites du type «Note2be».
- 14 février 2008, Le Syndicat National des Enseignements de Second degré (S.N.E.S.) et la F.S.U. prennent la décision d’assigner en référé les responsables du site devant la justice.
- 14 février 2008, Stéphane Cola renonce à la course municipale à Paris «afin de clarifier « la confusion entretenue par certains » entre son activité professionnelle et son engagement. Celui qui était pressenti pour figurer en 9ème position sur la liste UMP du VIIIème arrondissement de Paris décide de privilégier sa vie professionnelle bien que son site ait été condamné par le ministre de l’Éducation nationale Xavier Darcos lui aussi candidat UMP (à Périgueux) aux municipales.»
- 16 février 2008, appel au boycott du Syndicat Indépendant Académique Aix-Marseille (S.I.A.E.S.), du Syndicat Indépendant de l’Enseignement du Second degré (S.I.E.S.) et de la Confédération Autonome du Travail (C.A.T.) des sociétés achetant des espaces publicitaires sur le site note2be.com.
- 3 mars 2008, décision du juge des référés qui ordonne «la suspension de toute donnée nominative sur le site « note2be.com »» et réactions de Stéphane Cola qui «conteste vivement» et affirme son intention «de faire appel» du jugement.
- 6 mars 2008, décision de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) qui statue que le site «est illégitime au regard de la loi informatique et libertés».
Ensuite, regardons les enseignements à tirer pour la suite des choses.
Qui parle à travers un site Web?
Plus je chemine dans le beau monde du Web, plus je me répète cette question quand je fréquente un site. Manifestement, M.M. Cola et de Lastic sont préoccupés par un grand nombre de sujets qui n’ont aucun lien avec la qualité de l’enseignement et des institutions scolaires. J’ai beau lire dans quelques articles que le site soit avant tout «la réalisation d’un vieux rêve d’anciens élèves» et qu’il se veut un instrument pour «que les élèves soient associés à l’évaluation du système scolaire» (source), force est d’admettre qu’il n’y a rien d’évident dans les c.v. des propriétaires du site pour donner confiance. Les gens oublient trop souvent de se demander qui sont les gens derrière un site et que veulent-ils? Dans ce dossier, un grand nombre de personnes ont constaté que quelque chose n’allait pas avec ce site, mais il a fallu l’intervention d’institutions juridiques pour que les activités du site soient vraiment remises en question. Il semble impossible que par eux-mêmes, les usagers d’un site délaissent un endroit qui opposerait des intérêts avoués et d’autres, allégués. Dans ce cas-ci, il y avait fort à parier que l’avancement de l’éducation n’était pas le seul but des entrepreneurs.
Beaucoup de gens ont le goût de noter le travail des enseignants et des établissements scolaires
Par cet extrait d’un blogue, et par l’entremise de plusieurs sources on peut trouver des indices d’un intérêt certain pour un type de site comme celui dont il est question ici:
«Le site internet Note2be offre en effet la possibilité aux anciens élèves et aux élèves encore présents dans l’établissement de régler leur compte avec les professeurs ou bien de saluer leur travail.»
On a parlé de 200 000 connexions pour la seule journée de dimanche dernier, d’un buzz incroyable sur le Web et même dans les grands médias. En trois semaines, il semble que plus de 50 000 enseignants aient été notés. Au-delà de la controverse, je constate comme dans bien des sites où les usagers sont responsables d’une grande partie du contenu généré, que les gens participent. Dans ce billet d’humeur d’un professeur de l’enseignement secondaire, une belle analyse du phénomène où «tout le monde puisse[peut] évaluer tout le monde» montre que sans expertise, le résultat peut s’avérer «totalement contre-productif, voire destructeur». Il faudra creuser les fondements de cette envie d’évaluer le travail des enseignants et des établissements en même temps qu’il faudra aussi regarder pourquoi tant de jeunes en si peu de temps ont eu le goût de le faire, malgré que bien peu d’indices laissaient suggérer que l’exercice pourrait engendrer du positif.
Les enseignants français ont une capacité de mobilisation assez impressionnante
Je suis à la fois impressionné et déçu de la capacité des enseignants à se mobiliser dans ce dossier. Autant dans le geste de créer un blogue contre le site que dans les alertes aux institutions politiques et juridiques, les enseignants ont fait la démonstration qu’ils sont capables de bien utiliser les nouvelles technologies pour travailler ensemble sans être en présence les uns des autres. La question qui se pose maintenant qu’on sait ce dont ils sont capables, c’est de savoir à quel moment ils seront aussi créatifs et efficaces au niveau de ce qui se passe en classe dans les écoles avec les élèves. Les jeunes aiment utiliser les moyens modernes de communiquer et d’apprendre et profiteraient beaucoup d’autant de concertation et de mobilisation au niveau pédagogique…
Impossible d’ignorer que les élèves veulent avoir leurs mots à dire dans l’évaluation professionnelle
L’idée d’utiliser la notation comme «moyen d’informer et d’améliorer le fonctionnement de l’organisation» demeure une idée qui vaut la peine d’être étudiée et les ratés du site «note2be.com» n’indique pas la fin des expériences en ce sens. Dans un billet qui me semble très instructif sur cette question (To be or not to be noté…That’s the question…), Christophe Foraison affirme que «rien ne garantit que cette pratique permette d’améliorer le service.» Pourtant, à l’autre extrême, il faudra que les enseignants français (et les autres professionnels) envisagent d’une façon ou d’une autre la conversation avec ceux à qui ils enseignent. On a beau dire que les jeunes n’ont pas la compétence d’évaluer et qu’ils ne possèdent pas la maturité de savoir ce qui est bon pour eux, les jeunes eux, ne partagent pas cette idée, manifestement. Dans une société où ils sont de plus en plus reconnus, sollicités et presque adulés pour différentes bonnes et mauvaises raisons, l’argument d’autorité ne fera pas long feu quand viendra le temps de les convaincre de ne pas participer dans les lieux (Internet ou autre) où on leur offrira de le faire.
Il n’y a aucune conclusion particulière à tirer sur les vertus du Web 2.0 à partir de ces événements
Le TGI a statué qu’il y avait un «manquement légal flagrant» (pour utiliser l’expression de Vincent Gautrais au commentaire #8 de ce billet) au niveau de la protection de la vie privée et des renseignements personnels sur «note2be.com». On saura bien assez tôt si le principe de la liberté d’expression que voudront invoquer les promoteurs du site (ou d’un autre du même genre) sera suffisamment fort pour faire un contre-poids juridique susceptible de relancer l’expérience (ou une autre du genre). C’est le fond du questionnement. Ceux qui affirment que le jugement vient porter un grand coup au déploiement du Web 2.0 vont rapidement constater que nous ne sommes pas «au far Web» et que ce déploiement ira au rythme du respect des lois et règlements qui gouvernent nos sociétés, sans empêcher les utilisateurs du Web d’interagir par les sites. Contrairement à Éric Dupin, je ne crois pas que cette affaire «vise directement le Web 2.0» en ce sens que le défaut de «l’éditeur d’un site d’agrégation directement responsable» de s’occuper convenablement «du contenu publié» n’a pas permis à cette expérience de se poursuivre telle qu’il était prévu, mais en assumant convenablement sa responsabilité, dans le respect des lois, le «principe du contenu généré par l’utilisateur et de l’évaluation très à la mode dans les web 2.0» pourra faire en sorte que ce genre de projet évolue. Il ne faut pas oublier ici que le dossier est devenu politique très rapidement. Pour les non-initiés, un grand nombre de Français ont identifié, que «Note2be» s’inscrivait dans la foulée de ce que plusieurs nomment, comme étant «la déconstruction de l’enseignant en tant que fonctionnaire»; semble-t-il qu’il faudrait bien lire les rapports Attali et Pochard pour comprendre les liens qui sont en cause. Le fait que Stéphane Cola soit associé au parti UMP, le même parti dont le chef est Nicolas Sarkozy, a sûrement contribué à ce que le dossier de «Note2be» soit examiné attentivement, sous toutes ses coutures et il le sera encore. Je crois que bien d’autres considérations que celles sur le Web 2.0 doivent être prises en causes dont celle à savoir jusqu’à quel point un enseignant en France est un fonctionnaire et il est bien possible que l’expérience des autres sites Web comme «Note2bib.com», «Demedica.com» et «Note ton maire» nous en diront davantage sur les balises du développement du Web 2.0…
Et il y a bien plus…
Je suis conscient qu’il y a plus à dire, mais dans l’esprit du contenu généré par les utilisateurs, j’invite les gens de passage à compléter…
Mise à jour du lendemain: Chez Eolas, une reconstitution de l’audience devant un juge des référés donne une vision intéressante des enjeux en cause. Notons que «le juge des référés ne règle pas un litige, il fixe les règles qui s’appliquent le temps que le litige soit réglé. Ses décisions n’ont pas l’autorité de la chose jugée (c’est pourquoi on ne parle pas de jugement mais d’ordonnance) et peuvent toujours, outre l’appel, être modifiées par le juge.»
Mise à jour du 17 mars: Chez Vincent Gautrais, un «regard nord-américain sur l’affaire note2be.com» vient ajouter de l’eau au moulin de la compréhension des enjeux en cause.
Tags: "Administration scolaire" "Pédagogie et nouvelles technologies" LesExplorateursduWeb
Merci pour la citation.
Dans mon billet, j’ai essayé de comprendre en quoi ce succès pouvait être révélateur de tendances sociologiques profondes.
Si j’ai écrit que rien ne garantit que cette pratique permette d’améliorer le service, c’est parce qu’il me semble que le fait que la note soit rendue publique peut entraîner des effets pervers. Un enseignant peut très mal le prendre, se décourager et se sentir humilié devant ses enfants, les élèves et leurs parents et les collègues. Que se passerait-il si lundi matin, j’apprends que j’ai eu 3 / 20 ? Ma relation avec les élèves en sera-t-elle affectée positivement?
J’émets des doutes sur ce point. Ce qui me surprends le plus, c’est que, lorsque je remets des notes aux élèves, je prends soin de ne plus dire leur note à voix haute (ils me l’ont demandé). Après une discussion avec les élèves, ils ont reconnu le fait que cela pouvait être génant si tout le monde connaissait la note de tout le monde, ils préfèrent eux mêmes choisir de dire leur résultat à ceux qu’ils ont choisis.
Inversement, avec l’individualisme compétitif (F. de Singly), on peut aussi envisager le fait que d’autres enseignants soient prêts à tout pour que leur note publiée sur le web remonte (on peut lire à cet égard le chapitre 1 « tricher n’est pas jouer » de Freakonomics Steven D. Levitt et Stephen J. Dubner).
D’autre part, imaginons que tel ou tel enseignant ait une mauvaise note, que pourront faire les élèves ou les parents? Changer de professeur? Non, les 2 seules possibilités qu’ils ont consiste soit à changer d’option (si l’enseignement en question est facultatif) soit à changer d’établissement. Ici, pour reprendre une de mes grilles d’analyse (celle d’Albert O. Hirschmann), on est dans « exit ». Et cela n’est pas vraiment une amélioration de l’institution (suppression de classes).
C’est sur ces points qu’il me semble que les risques sont les plus élevés.
Maintenant, je suis d’accord sur le principe (les usagers doivent être partie prenante du fonctionnement de l’institution); je ne mets pas en doute la capacité des élèves à évaluer les enseignants (ils sont très lucides)…
Si le site a suscité et continue d’alimenter les débats, c’est qu’il touche à des points fondamentaux de nos institutions.
L’affaire continue…
Bonjour Mario
Très intéressant résumé de l’affaire, par contre, hôtesses grooms est une agence offrant des hôtesses dans les événements corporatifs et commerciaux, c’est très loin du modèle d’affaires d’une agence d’escortes 😉 Où as-tu obtenu l’information qu’il s’agissait d’une agence d’escortes ?
À bientôt
Marc
Derrière l’expression «agence d’escortes», il peut y avoir bien des sens, j’imagine. Difficile pour moi de juger les services offerts par ce genre de commerce, mais quelques retours de courriels m’indiquent que les filles (en très grande majorité) agissent en tant qu’hôtesses d’accueil pour l’enregistrement de congressistes. de visiteurs, pour l’orientation, l’accueil sur les stands dans des salons et la distribution des tracts, etc. On ne parlerait pas d’un commerce du sexe. Cependant, j’ai trouvé bizarre que sur la page Web de l’agence, dans la section «Notre Equipe», le nom du CEO n’apparaisse plus, comme si on avait voulu éviter qu’on puisse associer le nom de «Anne-François de Lastic» au commerce. Je crois qu’il n’y a rien de déshonorant à devoir apprendre à sourire en toute occasion et de pouvoir rester un grand nombre d’heures debout, mais si en France, on est convaincu que le service s’arrête là et qu’on ne demande pas aux filles quoi que ce soit de «plus intime», il y a peut-être un autre mot «qu’escorte» qui peut mieux représenter le type de commerce que M. de Lastic dirige.
Enfin, M. de Lastic est un chef d’entreprise. M. Cola également. Ça leur donne sûrement une grande expérience administrative, mais je n’ai rien trouvé dans leur c.v. qui en ferait des pros de l’évaluation institutionnelle ou professionnelle. Ou encore des gens qui auraient démontré qu’ils possèdent une expertise dans la façon dont les systèmes d’éducation pourraient rendre les meilleurs services. À la question «qui me parlent?», je suis obligé de répondre quelque chose du genre «des gens qui veulent faire des sous (€) sur le dos des enseignants, des élèves, des parents, des écoles et du système d’éducation. Je veux bien croire qu’ils veulent en faire (de l’argent) en se donnant la bonne conscience de dire que l’évaluation scolaire est un facteur qui joue sur la qualité d’une organisation performante, mais si c’est vraiment ce qu’ils recherchent, ils ont des changements à faire dans leur communication. Bien peu de choses me portent à penser après mes lectures que ces entrepreneurs veulent vraiment améliorer la qualité de la relation entre les profs et les étudiants, à preuve, le genre de modération qui était effectué sur le site.
Enfin, je n’ai pas à douter des bonnes intentions des gens, de ces deux personnes en particulier, mais M. de Lastic a permis que des renseignements personnels sur des personnes circulent, mais semble être du type à en dévoiler bien peu sur lui au point de retirer son nom du site Web de l’entreprise qu’il dirige. Ça ne me dit rien qui vaille…
Bonjour Mario,
J’apprécie beaucoup ton billet et je partage tes conclusions. Dans mon établissement, le site en question a provoqué un vent de panique, certains collègues se sentant vraiment mis en danger par le fait qu’on puisse les noter « dans le dos et dans l’anonymat »… J’ai essayé d’en profiter pour dire combien je trouvais les moyens d’évaluation actuels insuffisants et même injustes (en 23 ans de carrière, je n’ai vu que deux fois un inspecteur!). Mes collègues ne m’ont pas suivie dans cette discussion. Il y a une sorte de peur terrible d’être « lynché »‘, beaucoup de profs n’ont malheureusement pas confiance en eux et n’imaginent même pas qu’on puisse tirer parti de leurs pratiques.
Merci pour cette analyse très complète.
Comme tu le dis et Christophe le reprend dans son commentaire, est-ce vraiment choquant que l’usager soit impliqué dans l’évaluation? la forme est sans doute critiquable.
Les enseignants seraient-ils d’accord pour être noté par leurs élèves selon une forme plus judicieuse et concertée?
Par exemple une notation anonyme à travers le portail pédagogique / ENT de l’établissement. Une notation non partagée entre élève, non médiatisée, mais dont l’élève sait que le prof peut en prendre connaissance et sa hiérarchie/inspection? L’outil fournirait aussi certaines statistiques pour se situer parmi les collègues, les disciplines.
Cela mérite un débat, mais l’outil obtenu pourrait être fort étonnant (détonant ?). Mais si je considère que l’enseignant en France, comme tous les fonctionnaires, est plutôt défavorable à certaines propositions de rémunération au mérite (par des supérieurs j’entends), alors que dire de notations « élèves » qui pourraient devenir un critère!
À bientôt,
Charles
Bonjour à tous
Bien que les secteurs soient différents, l’évaluation dite 360 ° devient de plus en plus courante en entreprise ! Cette approche peut donner des points de repères pour avancer !
Belle analyse, mais je crois pour ma part que ce jugement porte un grave préjudice au web francais, surtout si on le replace dans un contexte global (nouvelle taxes internet, et surtout jugement sur un autre axe du web 2, le RSS, porté à l’encontre du site Lespipoles.com).
Qui osera prendre des risques sur un projet web 2.0 en France après cela, alors qu’il est si simple de lancer un note2be-bis à partir des États Unis ?
Des sites d’évaluation de professeurs existent dans plusieurs pays et sous plusieurs formes :
* Rate my professor
* Rate my teachers
* Teacher Reviews
* Note tes profs
* Je note mon prof
* Pick a prof
* Professor performance
* Spick mich (Schule)
Un défouloir pour les élèves ? Alors c’est un défouloir et on passe à autre chose.
Non il y a justement autre chose dans cette frénésie alarmée.
On peut clairement y voir l’angoisse d’un système figé qui craint de reconnaître l’évident : il est appelé à changer et Internet est la force qui l’y contraindra, justement du fait de son accessibilité aux élèves.
Certains craignent pour leurs privilèges ou, pire, que la faiblesse de leurs justifications pour le maintien d’un système d’éducation oppressif soit dévoilée. Même si on doute que la réflexion vienne directement de ces sites.
Les professeurs méritent mieux que des privilèges statués à l’ancienneté et au charme déployé devant les inspecteurs ou face à l’administration.
Les professeurs n’ont pas à s’écraser devant des exigences décrétées qui leur donneront évidemment une «mauvaise note» auprès de leurs élèves. Ils n’ont rien à craindre des sites d’évaluation sinon que parfois une image froissée. Ils peuvent avoir une mauvaise évaluation ou une très bonne, là n’est pas la question. Les élèves savent reconnaître les efforts malgré les contraintes.
Si on s’énerve tant en France contre le principe de l’évaluation des professeurs, ce n’est pas tant l’évaluation des professeurs qui est en question que celle de tout un système, car c’est vraiment le système éducatif qui s’énerve.