J’avais déjà entendu l’expression «danger public » lorsqu’au volant, il m’arrive de m’exciter un peu trop. Depuis hier, je connais maintenant la déclinaison privée de la locution. Dans la bouche d’Isabelle Blais, ça ne fait pas trop de sens, mais de celle de la Kiki de Borderline, on peut effectivement mesurer l’espèce de vertige qu’il y a à côtoyer «une personne qui, toute sa vie, s’est contentée de miettes d’amour».source
J’ai passé une grande partie de ma vie avec des «dangers privés», le plus proche de moi étant mon père que je n’ai pu éloigner qu’à l’âge adulte. À l’école, d’autres ont pris le relais si bien que j’ai apprivoisé le fait d’être exposé à la pauvreté affective et parfois toxique. La vie m’a appris à trouver un certain confort à composer avec les effets de cette situation souvent temporaire chez certains, rarement permanente chez d’autres. Heureusement, ma vie intime est moins compliquée étant davantage celui du couple qui a le plus de chance d’être un danger pour l’autre. Je peux quand même dire que ma visite au cinéma hier a réveillé plusieurs démons, tant le fait de revoir du «borderline» m’a remué.
Se retrouver entre deux affections différentes n’est pas si rare dans le monde d’aujourd’hui. Ni d’hier, je présume. Et il n’y a pas que des désavantages. J’imagine qu’on ne peut apprécier les bons côtés qu’une fois sorti du gouffre du manque d’amour. Le défi étant d’apprendre à se laisser aimer, pour de vrai; de ceux qui ont réussi, j’ai compris jusqu’à quel point c’était bon. C’est fou ce qu’on peut chercher l’amour là où il ne se trouve pas quand le mal nous afflige. C’est comme une pénitence récurrente et vicieuse qui motive à la complaisance. Seule une personne téméraire pouvant s’avancer auprès de celui qui n’apprend qu’à travers la dépendance, je regarde aujourd’hui le chemin parcouru avec délice.
Je sais depuis longtemps que je ne suis pas un danger privé, mais que j’aurais pu l’être. J’ai eu peur. Pas de l’être, ni d’en devenir un, mais d’avoir ça en moi. J’ai toujours pensé que j’avais ce potentiel… à force de côtoyer la dépendance d’un autre… des autres. C’est en même temps ce qui m’a donné les meilleurs enseignements, paradoxalement. De voir la souffrance de l’alcoolique, des joueurs, des drogués, des dépendants affectifs et des autres, ça m’a donné accès à des états d’âme remplis de contre-exemples de bonheur. Je peux dire que ça fait maintenant partie de mes forces que de ne pas juger. Mais je sais aussi mieux doser mes capacités d’aider.
Je n’ai pas réussi à éloigner toutes les sources potentielles de dépendances qui pourraient me pourrir l’existence. «Workaholic» sur les bords, j’ai besoin qu’on me sorte de ma bulle à l’occasion. Je dois donc continuer à surveiller mes arrières, tout en approchant les êtres aux auras de vertige avec précaution étant particulièrement attirés par eux, comme si par là, je faisais face à celui envers qui je n’ai trouvé d’autres solutions que l’éloignement. C’est ce qui est remonté hier à la fin du film qui me suggère qu’on peut s’en sortir plus facilement en demeurant éloigné de la source du vertige. Moi qui surestime toujours mes forces en cette matière, aurais-je eu hier une preuve de plus qu’il n’y a rien de répréhensible à garder une saine distance d’avec le danger privé sans pour autant fuir ceux qui sont plus publics?
N.B. Pour plus de renseignement sur le film, voir ici.
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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Merci Mario pour ce texte très touchant !
Et je pense à ces enfants qui partent sans revenir !
Ce film magnifique a sans aucun doute éveillé beaucoup d’émotion chez de nombreuses personnes à qui la vie (l’enfance) n’a pas été facile. J’ai eu la gorge serrée à plusieurs reprises. Ton témoignage, Mario, est très émouvant!
Témoignage touchant en effet, moi qui suis habitué de vous lire comme quelqu’un de toujours rationel et posé laissant peu de place à ses états d’âme, encore moins à ses démons comme vous dites.