J’en suis à mon troisième appel en trente minutes avec des journalistes. La CSQ vient de publier sur les fils de nouvelles un communiqué à partir des résultats d’un sondage sur la cyberintimidation. Je prends le temps de formuler quelques notes puisque je me rendrai dans quelques minutes au bulletin de nouvelles de Radio-Canada, section Québec…
- D’abord, une réaction… sanguine… «La violence sous toutes ses formes est condamnable et les victimes de cyberintimidation doivent obtenir tout le support et l’appui nécessaire pour retrouver la paix.»
- Premier niveau de responsabilités proposées dans des gestes à poser… Les parents. Ils doivent s’intéresser d’urgence à ce que font leurs enfants avec les NTIC. Ne plus tolérer que des enfants de moins de 13/14 ans aient accès à Internet sur des ordinateurs seuls dans la chambre à coucher. L’ordi doit être dans un lieu passant de la maison. Les jeunes doivent être informés que ce qu’on fait sur Internet n’a rien de privé; tout est public. Ce faisant, si je passe derrière mon enfant et que, me voyant arriver, il baisse la fenêtre de son navigateur qu’il avait à l’écran… il y a déjà le début d’une conversation à avoir…
- Deuxième niveau… Les enseignants. Je voudrais voir plus de revendications des syndicats sur des études et des sondages sur l’augmentation du volume d’écriture et de lecture des élèves suite à leurs utilisations des technologies. D’ailleurs, l’expression la plus utilisée pour parler des nouvelles technologies à l’école est TIC et ce n’est pas pour rien. En général, pour contrer toutes les formes d’intimidation, l’outil, c’est la communication! Et dans l’expression TIC le «C» veut dire communication. Les nouvelles technologies font partie des solutions bien davantage que des problèmes et pour que les enseignants embarquent, il faudrait que syndicats d’enseignants revendiquent pour leurs membres de la formation et des équipements pour mieux utiliser ces moyens modernes d’apprendre et de communiquer que les jeunes utilisent.
- Il serait étonnant que j’ai le temps d’aborder le troisième volet de responsabilité, mais bon… Le gouvernement. On doit s’attendre à un véritable plan d’action sur l’utilisation des TIC à l’école. L’utilisation des technologies répond à une quête d’identité pour les jeunes; ils «existent» davantage parce que quelqu’un quelque part peut les joindre à tout instant. Les gouvernements doivent s’occuper de la violence en facilitant les communications entre les gens, d’autant plus que les TIC favorisent la culture des réseaux ce que les jeunes apprécient plus que tout: la vie de gang! Quand des parents se couchent le soir en pensant que la seule solution qui leur reste est de faire la liste des punitions possibles, ils dorment là-dessus et essaient de voir si au lendemain, ils ne pourraient pas y avoir d’autres gestes à poser. Je n’ai rien contre les codes de vie, au contraire, mais je trouve que l’approche syndicale dans le communiqué de la CSQ est un peu simpliste. Un extrait: «Ils [personnel de l’éducation] pensent que les établissements devraient aussi se montrer plus sévères et punir les élèves qui intimident sur
Internet (94 %)». Je suis pour l’adaptation des codes de vie (et des sanctions à prévoir) à ceux qui existent déjà, mais je ne peux pas croire que les enseignants ne seraient plus gagnants à revendiquer une meilleure connaissance de ces outils que sont les TIC. C’est l’incapacité de gérer l’anonymat relatif qui entre en ligne de compte dans la violence et l’intimidation ce qui crée cet espèce d’effet «de se sentir démuni» devant le phénomène. Quand on reprend du contrôle, on se souvient comment on agissait devant une classe dont les élèves se passent des petits papiers offensants… Évidemment, dans les cas graves, il faut judiciariser ou à tout le moins signaler.
Il y aurait sûrement plus de nuances à faire, mais en quelques minutes, c’est sur cette base que je me prépare à répondre aux questions de Julie Drolet! Je me souviens aussi de cette autre entrevue donnée cette semaine, sur le même sujet.
Mise à jour du lendemain A.M.: À écouter, dans la même foulée, l’entrevue de François Guité à l’émission du matin de la radio de Radio-Canada.
Mise à jour du 12 avril: François récidive avec un excellent billet qui commente judicieusement les demandes formulées par la CSQ en plus de faire la liste des actions posées à Rochebelle pour «contrer l’intimidation dans les écoles».
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