Je dois avouer que j’avais un préjugé favorable envers Isabelle Juppé que je me préparais à aller rencontrer dans une librairie du quartier Outremont, à Montréal. Il faut dire que Claude et Philippe m’avaient vanté ses talents d’organisatrice et en plus, j’ai bien aimé son livre, «La Femme Digitale». Nous étions une bonne quarantaine de personnes venues à sa rencontre, dont une grande majorité de femmes puisque la thématique de son bouquin s’y prêtait bien. De fait, nous étions invités en grande partie parce qu’elle a elle-même blogué sur «Pourquoi bloguer dans un contexte d’affaires»!
Mme Juppé a d’abord parlé du grand rôle que son année à Montréal au côté de son mari de Maire avait joué dans l’écriture de son livre. Elle nous a donné l’impression que ce projet d’écriture n’aurait peut-être pas vu le jour sans l’éclairage nord-américain…
Ensuite, elle n’est pas tombée dans le piège qui guette tous les auteurs en compagnie de blogueurs: annoncer une conversation et se la faire dans un long monologue. Il y a bien eu une introduction de quelques minutes de sa part, mais rapidement, de multiples échanges ont ponctué cette agréable soirée. On peut parler d’une présence généreuse de Mme Juppé, très accessible et prenant plaisir à livrer le fond de sa pensée sur les composantes de la révolution numérique en train de se faire. Elle a glissé quelques mots sur ses héroïnes du livre, elle a évoqué au passage quelques-unes de «ses îles» (transmission, engagement, business, amour, conversation et glamour), mais c’est sur la justification de son titre et de l’emploi du mot «digitale» que j’ai vraiment senti que le courant allait bien passer entre elle et son auditoire. Le dernier des quatre motifs invoqués pour le maintien de son choix était suave: «La digitale est une plante étrange, contenant une forme de poison, qui peut s’avérer très attirante, mais qui peut aussi vous mettre en danger!» Sachant qu’au Québec, le mot «digitale» sonne un peu anglo, c’était beau de l’entendre dire au terme de ses convaincantes explications, «Ce n’est pas très grave si ça ne vous plaît pas». J’aime cette façon qu’ont les Français de pouvoir échanger des points de vue divergents sans se rabattre systématiquement vers la recherche du consensus. Je n’ai vraiment pas senti de condescendance.
J’ai eu une autre preuve de sa grande ouverture d’esprit quand je lui ai fait remarquer, en petit groupe après la partie «officielle» de l’activité, qu’elle semblait vouloir cacher quelque peu le caractère féministe de son livre. C’est qu’à au moins trois reprises, nous l’avons entendu dire «Ce livre est bien davantage humaniste que féministe», comme s’il fallait s’excuser d’affirmer haut et fort la quête toute féminine pour «conquérir» et occuper l’espace numérique. Je lui ai fait part de ma déception. J’hésite à rapporter ici sa réaction, car je ne serais pas surpris du tout qu’elle vienne elle-même commenter mon point de vue quand elle aura du temps libre, aimant bien les conversations dans la blogosphère. Une chose est certaine, ce n’est pas par manque de conviction féministe qu’elle a voulu mettre de l’avant le caractère humaniste de son bouquin…
Pour elle, la conversation se continue chez nous, puisqu’à l’invitation officielle de la mairie de Québec (espace 400ème, le 2 juillet), elle interviendra sur le sujet des nouvelles technologies et de «l’émancipation de la femme». Je ne pourrai être présent, mais je sais qu’une autre jeune femme digitale couvrira l’événement. Je quitte Montréal en ayant en tête une de ses hypothèses pouvant expliquer la fulgurante progression des femmes qui tiennent pignon sur Web en France: «Le numérique est un facilitateur de vie compliquée parce qu’il faut le dire, les femmes ont tendance à vivre plusieurs vies en une!» Je n’ai pas manqué de lui rappeler que plusieurs jeunes étudiantes que j’initie aux blogues me disent souvent à quel point elles aiment «raconter» sur ce médium qui leur permet de mettre tous les détails des itinéraires de leur parcours, oubliant même parfois… la destination!
Vraiment, je suis ravi de ma soirée de femmes!
Mise à jour du lendemain: Excellent compte-rendu chez Claude qui met un peu de pression sur les filles qui ont émis le souhait d’écrire leur propre livre sur la pratique du blogue!
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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Merde, j’aurais tellement aimé être des vôtres! Va falloir que je lise son bouquin et merci d’avoir fait le topo de cette soirée sans doute mémorable. Claude et Philippe t’ont sans doute parlé d’une suite possible à Pourquoi bloguer? J’ai proposé qu’on écrive Comment bloguer, avec le même concept. C’est une histoire à suivre…
Oui, Isabelle est une fille digitale estraordinaire
et nous les filles digitales de Bordeaux, on est ravies de faire plein de trucs avec elle!!!
On reviendra avec elle à Montreal l’an prochain.
Claude et Philippe nous ont invitées suite à leur journée à bordeaux pour Pourquoi-bloguer!
Alors à bientôt!
Je reprends donc la conversation… de retour en France où j’ai atterri ce matin. Je l’avais en effet interrompue quelques jours pendant mon séjour au Québec, le temps d’abord d’aller célébrer au pied du Château Frontenac, le 400ème anniversaire de cette si magnifique ville de Québec… et le temps surtout de revenir à Montréal en vélo, par le chemin du Roy! Ce qui a été une expérience extraordinaire! C’est la première fois que je faisais un tel périple à bicyclette et je dois dire que le temps était avec nous, pas une goutte de pluie, et le petit vent qui soufflait de Montréal à Québec et que nous avions donc de face nous a juste permis de ne pas avoir trop chaud! Bref pendant ces quelques jours je me suis aussi livrée à l’ivresse de la déconnexion, loin de mon clavier d’ordinateur, ou même de mon iPhone!
Cher Mario, je dois d’abord vous dire que je suis à la fois touchée et impressionnée de ce que vous avez écrit après notre rencontre du 30 juin à la librairie Olivieri. D’abord parce qu’ il ne s’est pas écoulé plus de trois ou quatre heures je pense entre notre rencontre et votre billet! Ce qui met de l’eau à mon moulin quand je parle de cette société numérique dominée désormais par l’immédiateté, ou de la haute vitesse. Bravo! Ensuite, ce que vous dîtes de notre rencontre me touche par ce que moi aussi j’ai bien senti le courant passer entre nous, même quand vous m’avez gentiment reproché (c’est un comble!) de ne pas avoir été assez féministe. Il est vrai, comme je vous l’ai dit, que j’avais été un peu « chahutée » par quelques blogueurs masculins à la sortie de mon livre, qu’ils avaient pris (à tort!) pour un pamphlet anti-hommes.
Je le répète, oui la révolution numérique est un formidable facilitateur de vie compliquée pour les utilisatrices du numérique. Oui elle peut aussi être un formidable stimulateur d’emplois pour les femmes dans toute la sphère de l’économie numérique (y compris et surtout aussi dans les pays en voie de développement, où les femmes peuvent démarrer grâce aux TIC des activités de micro-crédit par exemple) et oui elle peut enfin réinventer la vie de beaucoup de femmes qui sont en marge du monde du travail « classique ». Grâce à l’émergence des dizaines de miliers de blogs qui permettent à de plus en plus de femmes d’exister, de partager leur talent, ou d’influencer le cours de choses. J’étais ravie d’en rencontrer un certain nombre d’entre elles chez Olivieri et je me sens prête à les accompagner dans leur aventure numerico-littéraire, si elles veulent donner suite à cette belle idée née dans la bonne humeur ce soir là.
Isabelle