L’avenir de l’information passe par Internet! Nous le découvrons davantage à chaque jour en observant le comportement des individus, des institutions et des corporations. Certains s’ajustent sans trop de secousses, d’autres se livrent une guerre de tranchées pendant les ajustements à opérer et surtout, de nouveaux joueurs tentent de se glisser dans un marché à la fois volatile et de plus en plus ouvert.
Michel Dumais attirait notre attention hier sur le cas du Huffington Post qui deviendrait un des premiers médias indépendants issus du Web à «livrer bataille aux médias traditionnels sur leur propre territoire en se lançant dans l’aventure de l’information locale et hyper-locale.»
Pierre Cayouette de l’Actualité est l’un de ceux qui pensent que les événements de cette semaine entourant la décision du CRTC d’approuver le plan de Remstar pour la relance de TQS ne sera que le début d’une série de transformations majeures dans le paysage médiatique. Comment décoder la dissidence d’un Michel Morin qui estimait plutôt «que Remstar ne méritait pas de posséder un réseau de télévision généraliste comme TQS.» Faut-il alors accepter la faillite sans essayer de sortir des sentiers battus? Convenons que ce qu’on connaît des plans des frères Rémillard ne paraît pas vraiment innovateur à côté de ce que tentent de vrais entrepreneurs soucieux d’intégrer les forces du Web dans leurs recherches de nouvelles solutions. Depuis que j’ai écrit «TQS: l’ère du mouton citoyen est-il arrivé ?» sur CentPapiers, je n’ai pas vu d’évidence que ce dossier de la relance de TQS serait l’occasion de l’arrivée d’un peu d’air frais dans le paysage médiatique québécois.
Rien pour nous donner espoir, Florian Sauvageau (directeur du Centre d’étude des médias à l’Université Laval) compare la situation avec les États-Unis et se désole en commentant le plus long conflit dans la presse francophone en Amérique du Nord:
«Aux États-Unis, quand il y a eu l’intégration des quotidiens avec le web, il y a eu des débats, mais il n’y a jamais eu de conflit comme celui-là».
Sur ce front aujourd’hui, on apprenait d’ailleurs que les discussions concernant le Journal de Québec sont au point mort, ce qui est de très mauvais augure chez Quebecor. Je lisais ce soir plusieurs propos incisifs sur le site du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal et je me disais qu’ils avaient plutôt l’air de préparer la guerre que de chercher à se réinventer…
À Radio-Canada, au Devoir et chez Gesca, il y a bien quelques initiatives intéressantes qui inspirent un peu de confiance. Peut-on parler de modèle d’affaires pour une société de la Couronne dans le cas de Radio-Canada? Le Devoir est-il un grand groupe média? Du côté de Gesca, est-ce que la relative «paix syndicale» est le gage qu’une véritable dose de changements va poindre à l’horizon? À ce que je sache, nous n’avons pas entendu parler d’une expérience porteuse à venir chez Power Corp. qui nous laisserait croire que c’est de ce côté que viendra le leadership.
Je ne parle pas de l’ADISQ, de la FPJQ ou du CRTC, car ce sont tous des organismes qui sont «en réaction» sur les événements…
C’est probablement trop facile pour moi de jouer au gérant d’estrade sur ces questions n’étant pas un spécialiste du domaine et n’ayant pas les compétences pour juger si le virage est vraiment amorcé. Pourtant, de mon regard de simple citoyen et de spécialiste en éducation et en cyberpédagogie, je me dis qu’il devient urgent pour ces groupes d’apprendre comment intégrer Internet à leur modèle d’affaires. Si les grands groupes médias d’aujourd’hui ne le font pas, j’ai bien peur qu’ils ne resteront pas «grands» encore bien longtemps…