Le projet de loi 88 prévoit que «chaque commission scolaire aurait son protecteur de l’élève, qui examinerait et traiterait les plaintes de façon neutre». Hier, au moment de présenter son Plan d’action pour soutenir la réussite des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA), la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport et ministre de la Famille a rappelé qu’elle comptait aller de l’avant avec la création de ce poste, une sorte d’ombudsman de l’école.
J’appuie cette mesure demandée par les parents depuis longtemps, mais tout comme celle qui joue ce rôle pour les citoyens, j’ai bien peur que pour le moment, on se dirige vers un titre qui manque de mordant:
« «Ce que les parents souhaitent, c’est un mécanisme avec plus de dents, qui soit reconnu et qui soit porteur de résultats», insiste Mme Saint-Germain en entrevue. Celle-ci répète les grands principes qui devraient guider le responsable des plaintes : l’impartialité, l’indépendance de la fonction, la confidentialité, l’immunité de poursuite et la reddition de compte publique. »
J’écoutais Égide Royer hier, à la radio de Radio-Canada, réagissant à l’annonce de la ministre et je me disais qu’il ferait un excellent candidat pour un poste de «protecteur des protecteurs» (puisque chaque c.s. va en désigner un). Son analyse était limpide: un plan décevant parce que le mot «prévention» est totalement absent de la stratégie! En ne prévoyant rien pour agir tôt, on se ramassera inévitablement avec plein de problèmes. Les doléances arriveront rapidement sur le bureau des plaintes et on réalisera très rapidement avec la structure actuelle des réseaux de l’éducation qu’on a créé un poste de protecteur bidon.
Le drame des enfants en difficulté mérite bien davantage qu’un plan (incomplet) qui a cédé au lobby de la classe régulière comme seule voie principale en attendant que ça aille mal et qu’après analyse (et constatation des dégâts), on s’oriente différemment (quand c’est possible et qu’on pique une crise). Je me souviens d’avoir animé une rencontre de parents en novembre dernier où plusieurs disaient «Oui à l’intégration, mais pas à tout prix»!
Tant mieux si 1 000 postes d’enseignants vont diminuer les ratios dans certaines classes de milieux défavorisés, mais quand on sait comment ça se passe dans l’attribution des postes, on va continuer d’avoir les enseignants les moins expérimentés avec les jeunes les plus demandant… Quand on a beaucoup de misère à s’exprimer ou quand on se comporte mal en groupe ou quand on a des difficultés avec la lecture ou l’écriture et qu’on a cinq ou six ans, ça ne change pas grand-chose d’être dans une classe de 22 de 17 ou de 15; tu as besoin d’une aide adaptée à tes besoins et tout de suite. Après, ça demandera énormément d’efforts à un système d’éducation en manque de ressources pour pouvoir vraiment t’aider parce que tes problèmes vont s’amplifier, c’est quasi certain. «Intervenir rapidement, agir judicieusement, quand ça compte», c’est comme ça que le premier chapitre du plan devrait commencer.
Je continue de me demander… «Le protecteur de l’élève va protéger qui contre quoi?»
Et surtout, ce sera quoi ses balises pour pouvoir agir une fois qu’il aura statué que tel tout-petit n’a pas les services qu’il serait en droit de recevoir?
Si on investissait en amont, en prévention, le protecteur de l’élève ce serait un ministre de l’Éducation. Et l’autre, celui qui occuperait une fonction bien cadrée, d’ombudsman, il aurait les coudées franches pour agir dans un système décentralisé où les écoles auraient toute la marge de manoeuvre pour agir. C’est ma plus intime conviction.
N.B. Autres réactions suite à l’annonce du plan sur le blogue du RAEQ par Jean-Pierre Proulx (1, 2)
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Le fait qu’un tel intervenant soit nécessaire en dit long sur le ménage qu’il faut faire dans le personnel enseignant des écoles.
Alors que de nombreux enseignants aiment les enfants et prennent plaisir à leur donner, chaque jour, le meilleur d’eux-mêmes, d’autres professeurs ne partagent pas ces nobles motivations.
Grâce aux tout-puissants syndicats, ces individus qui ne sont pas à leur place… sont maintenus, en place!
Est-ce que l’arrivée d’un protecteur des élèves changerait quelque chose à cette situation?
Moi je suis pour un tel poste, présentement, mon fils est dans une classe de troubles du comportement et tous le personnel n’a qu’un moyen de contrer ces enfants: appeler les parents pour leurs demander de venir chercher son enfant car il ne suit pas les consignes. Tout à fait grotesque puisqu’il est dans cette classe précisément pour CE PROBLÈME. Même la direction de l’école ne sait pas comment gérer ces enfants. Quand nous appelons la commission scolaire pour dénoncer le mauvais fonctionnement de ces professionnels de l’éducation, nous parents nous faisons accuser de ne pas les appuyer dans leurs démarche avec nos enfants. Mais c’est tout à fait ridicule car ce n’est pas en donnant une suspension de 3 jours à chaque fois et ce sans travaux scolaires que nos enfants seront mieux. Car en plus de ne pas être en classe, ils souffriront bientôt de troubles d’apprentissage, non parce qu’ils en ont, mais bien parce qu’ils n’auront pas eu assez d’heures de cours, mais beaucoup d’heures de suspension. Quelle belle mentalité! Pour eux, mieux vaut se débarrasser du problème plutôt que de trouver de meilleures solutions. Alors je pense qu’une personne neutre pourrait faire toute la différence.
Moi j’ai une fille handicapée intégré à l’école régulière sa pris 1an et demi pour avoir un portable adapté à ses besoins et il manque toujours les programme a mettre dedans.Le protecteur va t-il pouvoir debloquer les fonds monétaire de la commission scolaire ou il va etre la que pour bien paraitre
Pour ma part, mon opinion est neutre. Je ne suis ni pour ni contre car, tout dépend dans quel camp sera la personne employé pour la commission scolaire. Une personne qui demeure neutre jusqu’à la fin de son mendant…je n’y crois pas! Le protecteur devra tôt au tard se pencher du côté de la commission scolaire car,des obstacles viendront sur son parcours lorsqu’il osera parler du processus d’embauche du personnel enseignant et du personnel de soutien, du jumelage de classe, des écoles qui ne compte que deux classes 1-2-3 et 4-5-6 et beaucoup d’autres problèmes. Très vite le protecteur de l’élève se frappera à un mur. L’admistration des écoles diront que c »est une question de financement accorder par le gouvernement, ils diront que les lois sont ainsi et qu’ils n’y peuvent rien…c’est le minitère de l’éducation. Alors, si le protecteur engagé dans votre commission scolaire connait bien le système scolaire et qu’il a vraiment à coeur les élèves et les parents alors il sera complètement vider après sa durée en fonction de 3 ans.
J’ai écrit là-dessus : http://felixgg.qc.ca/blogue/2011/03/516/
[…] de nommer un protecteur de l’élève que Mme Breton semble identifier comme argument contre. J’ai appuyé personnellement cette mesure en 2008, mais je constate depuis ce temps le peu de mordant de ce […]