Gros coup de canon dans le paysage scolaire du Vieux-Québec

Mise en garde: Le sujet de ce billet porte sur la situation des écoles privées dans le Vieux-Québec. Je crois important de me commettre d’abord dans une déclaration d’intérêts. J’ai oeuvré dans trois écoles du réseau privé dont à l’Institut St-Joseph de Québec, école pouvant être considérée comme «concurrente» aux écoles primaires dont il est question dans ce billet. De plus, j’ai travaillé pendant six ans avec le directeur actuel des Ursulines de Québec, avec qui d’ailleurs, j’ai continué d’entretenir de forts liens d’amitié. En dehors d’un petit contrat l’an dernier avec Les Ursulines, aucune des autres écoles dont il sera question ici n’est cliente chez Opossum. J’ai évidemment gardé de très bons contacts avec le réseau privé au bout de 22 ans, même si je travaille maintenant la majorité de mon temps auprès de clients du secteur public. Je voulais que vous soyez avertis.
La nouvelle est tombée hier, mais depuis le printemps, c’était dans l’air. L’Académie Saint-Louis fait l’acquisition de l’École Saint-Louis-de-Gonzague et offrira à partir de septembre 2010 des services d’enseignement préscolaire et primaire à des jeunes filles et des jeunes garçons en dehors du Vieux-Québec, là où était située l’école autrefois dirigée par les Soeurs de la Charité de Québec. Les conséquences de ce transfert des quelque 350 garçons du Vieux-Québec vers le secteur Les Méandres du quartier Lebourgneuf sont désastreuses pour les autres institutions scolaires ayant présentement pignon sur rue dans le Vieux-Québec.
La première conséquence, et la moins grave, est la fin de l’entente entre les trois écoles «du Vieux» au niveau marketing. J’imagine aussi que d’autres partenariats entre le Le Petit Séminaire de Québec (PSQ) et l’École Saint-Louis-de-Gonzague viennent de «prendre le bord» puisque le nouveau lien avec l’Académie fait en sorte que l’établissement primaire ne va pas recommander à «ses» élèves la poursuite de son parcours scolaire secondaire ailleurs que dans sa propre maison. Heureusement, l’Académie Saint-Louis pourra contribuer au niveau du programme de football, entre autres, ce qui ne devrait pas «affecter» l’école primaire de garçons du Vieux. Pour les autres aspects du partenariat, je n’entrerai pas dans les détails… On devinera que c’est le PSQ à court terme qui risque d’écoper dans l’arrêt des liens qui existaient entre ces deux établissements.
Plusieurs questions me viennent avec l’annonce de cette nouvelle configuration dans le paysage scolaire de Québec en général et du Vieux-Québec, en particulier. La première étant liée à la survie du Petit Séminaire de Québec. Contrairement à ce qui est rapporté dans cet article au Soleil, la perte de près de 20% de l’apport en nouvelle clientèle au PSQ me paraît être «dramatique» pour cet établissement qui a connu la fermeture de sa section collégiale au tournant des années 2000. À cette époque d’ailleurs, le gouvernement du Québec, lui-même, reconnaissait «l’apport économique de la présence d’étudiants dans le Vieux-Québec» et, j’y reviendrai, la deuxième décennie de ce 21e siècle sera teintée par de profonds ajustements à faire, si rien n’arrête l’exode des étudiants hors du Vieux-Québec. Je ne connais rien du plan de match de la direction du PSQ, mais les gens de Québec doivent savoir que beaucoup de questions se posent sur le futur prochain de cet arrondissement, dans ces circonstances.
Autre impact, les conséquences à L’École des Ursulines de Loretteville de la venue du «Pavillon Saint-Louis-de-Gonzague» à proximité du «territoire» naturel de recrutement de ce petit établissement mixte qui est une partie constituante de l’établissement du Vieux-Québec des Ursulines qui lui, ne regroupe que des jeunes filles. Plusieurs jeunes garçons et filles de Loretteville fréquentent les deux établissements du primaire du Vieux Québec puisque la petite école n’offre des services que jusqu’en 3e année. Il devient évident qu’une École des Ursulines de Québec ne pouvant compter sur les petites soeurs des garçons de Saint-Louis-de-Gonzague va elle également connaître des secousses de ce transfert qui, à terme, va compliquer encore davantage les choses au PSQ. On se comprend?
Enfin, un dernier «dommage collatéral». Qu’advient-il de L’École Oraliste de Québec pour enfants sourds qui, à ma connaissance, était logée à Saint-Louis-de-Gonzague? Leur oeuvre est incroyable et le service qu’ils offrent est essentiel. Je sais que ça n’a jamais été facile de se trouver des installations convenables et le communiqué annonçant l’entente ne parle pas d’eux… La décision doit peiner beaucoup cette communauté éducative.
J’ai parlé à mon ami directeur des Ursulines aujourd’hui et il va sans dire qu’il n’a pas sollicité ce billet qui résume, de mon point de vue, la situation. Il commentera ici, s’il le désire, mais je ne suis pas inquiet pour lui. Son moral est excellent et sans banaliser l’ampleur du choc que cette annonce a causé, il m’a paru «en contrôle» de la situation. La rentrée scolaire va sûrement permettre de mobiliser les troupes pour envisager les différents gestes à poser visant à assurer le meilleur avenir possible à son établissement et aux jeunes qui la fréquentent. Mais, il demeure des questions sans réponse. Je les lui ai posées et j’ai compris son silence. Je les ai encore en tête…

  • Comment se fait-il que l’avenir du paysage scolaire dans le Vieux-Québec ait été «décidé» par deux corporations seulement («l’École Saint-Louis-de-Gonzague» et «l’Académie Saint-Louis»), dont l’une avait une entente au niveau marketing avec les deux autres?
  • Puisque la problématique de la Congrégation des Soeurs de la Charité de Québec envers le bâtiment de la rue Richelieu n’est pas nouvelle, à savoir que les soeurs ne pouvaient pas assumer encore longtemps les coûts du maintient de l’intégrité des installations, jusqu’à quel point les partenaires du Vieux-Québec avaient «un espace» pour proposer des solutions communes pour la suite des choses?
  • Dans l’article de ce matin au Soleil, il est fait mention «d’un projet [qui] n’a pas été retenu»; est-il normal compte tenus des conséquences sur le Vieux-Québec, que seule la corporation de Saint-Louis-de-Gonzague puisse «moralement» décider du sort des autres, sans plus de consultation?

Je n’écris pas ce billet pour juger de la conduite de qui que ce soit dans ce dossier. J’écris ce billet parce que je crois que cette nouvelle de l’achat par L’Académie Saint-Louis de l’École Saint-Louis-de-Gonzague trouble considérablement la situation déjà précaire de la présence d’étudiants dans le Vieux-Québec. Je n’ai pas d’intérêt dans le maintien d’une présence forte d’étudiants et d’établissements scolaires dans le Vieux-Québec, si ce n’est, ceux déclarés en début de billet. Il n’y a pas d’école publique dans le Vieux (L’école Saint-Jean-Baptiste dans la Haute-Ville de Québec fait-elle partie du Vieux?). Ordinairement, un quartier qui perd son/ses école(s), ça provoque une grosse onde de choc. Normalement, un village qui perd son/ses école(s), ça provoque un cataclysme. Est-ce que c’est moi qui panique pour rien où il se passe quelque chose d’important et nous dormons au gaz? (À part chez Québec Urbain). Et je ne parle pas des aspects historiques reliés à ces écoles et ces communautés religieuses…

Mes ex-confrères (et mon ami) me pardonneront ce billet où je réfléchis tout haut (comme j’aime le faire souvent ici); la dernière chose que je voudrais, serait de leur mettre plus de pression qu’ils en vivent déjà. Je considère néanmoins que cette présence d’étudiants (et d’établissements scolaires) dans le Vieux-Québec est une question qui concerne TOUS les citoyens de notre ville et j’en suis. Je me risque donc à transporter sur cet espace Web la nécessaire tentative de voir venir ce qui pourrait être fait pour agir sur la situation. Je ne conteste absolument pas la légalité de l’entente qui vient d’être conclue entre la corporation «École Saint-Louis-de-Gonzague» et celle de «l’Académie Saint-Louis» et surtout, je reconnais aux parties que «le deal» est «respectueux» du contexte dans lequel évolue l’enseignement privé au Québec dans les dernières années. Mais à titre d’observateur et d’expert non-directement concerné par «l’entente», j’estime de mon devoir de poser publiquement les questions précédentes qui me titillent et qui, peut-être préoccupent d’autres citoyens. Tout à coup Québec ne s’en porterait que mieux, après avoir regardé cela ensemble?

Mise à jour du 20 août: Des nouvelles de l’École oraliste de Québec qui se retrouve à devoir déménager «pour la quatrième fois en sept ans»…

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2 Commentaires
  1. michel le neuf 14 années Il y a

    Goodbye la « coopétition »…
    Tu comprends Mario, que je ne vais pas commenter la partie « business » de l’affaire. Par ailleurs, je crois aussi qu’il y a un débat plus « citoyen » à faire là-dedans. Il faut garder ouverts le Petit Séminaire et les Ursulines. Comment je dirais ça… Bon, je pense que ça crierait pas mal plus fort si on devait démolir les bâtiments. Mais par ailleurs, ça a l’air moins grave de démolir une tradition séculaire d’enseignement. On serait prêt à sauver une bâtisse vide, mais pas une institution vivante ???? C’est ça qui n’a pas de sens.
    Par ailleurs, une école dans un quartier, il faut que ça serve la communauté proche, non ? Est-ce que tous les efforts sont faits, ou est-ce qu’une certaine communauté est prête à faire tous les efforts pour faire de ces deux institutions, des écoles inclusives, pour toutes les catégories d’élèves ?

  2. Photo du profil de Mario Asselin
    Mario Asselin 14 années Il y a

    Du mouvement dans «ce dossier» qui a sûrement occupé beaucoup d’espace dans les rentrées scolaires des écoles concernées: «Des parents veulent racheter l’école Saint-Louis-de-Gonzague».

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