Lorsque Clairandrée Cauchy du Devoir m’a rejoint le 2 septembre dernier, j’étais en vacances quelque part entre le Pays Basque et Bordeaux. Elle souhaitait savoir ce que je pensais des résultats d’un sondage Léger Marketing-Le Devoir qui devait constituer la base de trois articles à être publiés cette semaine dans le contexte du dossier «Réussir sa vie». Mes réactions de «praticien et d’observateur aguerri du milieu de l’éducation» (ce sont les mots qu’elle a utilisés) portent évidemment sur le volet «éducation» du sondage, dont voici les grandes lignes:
- 62% des Québécois estiment que la qualité de l’enseignement dans les écoles primaires et secondaires s’est détériorée depuis 10 ans.
- Seulement 13% des répondants pensent au contraire que l’enseignement est aujourd’hui de meilleure qualité et 18% jugent la situation comparable.
- Près de la moitié (49%) d’entre eux estime que le niveau de connaissances et de culture générale s’est détérioré au cours des dernières décennies.
- Ils sont presque autant à penser le contraire: 30% disent que le niveau s’est amélioré et 17% ne voient pas de différence notable.
- 55% des gens sondés pensent que l’enseignement dispensé au privé est meilleur, 9% pensent plutôt que le public dispense la meilleure formation et 31% pense que la qualité est la même dans les deux types d’école
- Enfin, au niveau des cheminements scolaires privilégiés, 51% jugent préférable que les jeunes poursuivent leurs études jusqu’à l’obtention d’un diplôme universitaire; 41% pensent qu’il est préférable pour un jeune de poursuivre les études jusqu’à l’obtention d’un diplôme professionnel ou technique, 3% jugent préférable de trouver du travail au plus pressant.
Entre la parution des trois articles maintenant en ligne (1, 2 et 3) et l’entrevue téléphonique du 4 septembre à Bordeaux, Jacques Parizeau a craché dans la soupe du réseau scolaire, parlant d’un gâchis à expliquer, dans une lettre ouverte publiée chez Canoë où il se disait effrayé de l’état de la situation. De nombreux blogueurs ont fait état de leurs réactions, dont le prof masqué qui a ironisé sur le raisonnement de M. Parizeau en appliquant sa logique des chiffres au ministère de la Santé et des Services sociaux. Au RAEQ, Amine Tehami a aussi publié trois billets intéressants («Le miracle anglo?» 1, 2, 3 et «Les prémisses discutables de la lettre de Jacques Parizeau»). Bref, tout va-t-il si mal au Québec en éducation, en cette rentrée scolaire 2008?
«Suffit la nostalgie!, lancent les blogueurs Mario Asselin et François Guité, qui tiennent tous deux sur Internet une chronique quasi-quotidienne de leurs réflexions, de leurs trouvailles sur les nouvelles recherches ou qui discutent simplement des grands débats qui tenaillent le milieu de l’éducation. Les jeunes ne sont pas incultes, ils en savent probablement même plus que leurs aînés, clament-ils. Leur savoir est cependant probablement beaucoup plus éclaté, diversifié. Il ne se cantonne plus au champ de la culture générale plus classique, qui au demeurant était surtout l’apanage d’une élite. «Mais ce que les jeunes ne savent pas aujourd’hui est beaucoup plus grand que ce que leurs prédécesseurs ne savaient pas. Il y a 20 ans, la masse de choses à savoir était moins étendue», croit Mario Asselin, qui est par ailleurs consultant en utilisation des TIC en éducation.»
François et moi sommes de ceux qui refusent cette «conception nostalgique de la culture, avec un grand C». J’ai déjà traité ici de cette propension à toujours croire que «c’était mieux avant» et cet article de Mme Cauchy traduit exactement ma pensée à l’effet que «de tout temps, il y a eu une fracture entre ce que les gens voulaient que les jeunes sachent et ce qui les intéresse. Cela n’a jamais empêché le monde de fonctionner et c’est même nécessaire pour assurer que la roue tourne et que la culture s’enrichisse». La culture étant compris ici comme étant «ce qui est en arrière de soi, pas ce qu’on voudrait qu’il y ait devant» (dixit René-Daniel Dubois, quand il parlait du concept «d’identité»). On ne parle toujours que de ce qu’on voudrait «avoir l’air», jamais du «sillon qu’on laisse derrière soi» par la manière qu’on mène sa vie. Si la culture générale de notre population (des jeunes en particulier) n’est pas à la hauteur de ce qu’on voudrait qu’elle soit, il faut regarder quelle importance elle a dans la population en général. À l’écoute de la prestation de René-Daniel Dubois chez Guy A. Lepage que je citais tout à l’heure, on comprendra mieux mon propos ici… Lâchez-moi tranquille avec l’école qui ne ferait pas sa job avec la transmission de la culture générale!
Ceci étant dit, tout ne va pas bien en éducation, en particulier, à Montréal. Comme je le disais dans le commentaire #3 de ce billet, beaucoup d’observateurs valident les chiffres de M. Parizeau (dont Mme Ouimet et Mme Courchesne); le problème avec la sortie de l’ex-Premier ministre réside dans cette prise de position à l’effet qu’il n’y a que le ministère de l’Éducation qui puisse expliquer ce qui se passe et intervenir pour changer les choses. J’ai expliqué en janvier et février dernier où je crois qu’on s’en allait «avec notre système d’éducation à deux réseaux» et je me suis exprimé sur le sujet de la nécessaire autonomie des écoles publiques; je continue de croire qu’un des gros problèmes de compréhension symptôme de comparaison constante entre les écoles privées et publiques vient du fait qu’en instituant le mirage d’un monopole public sur l’éducation, on réglerait tous les problèmes.
Oui, à Montréal, c’est un problème qu’autant de gens choisissent l’école privée. C’est aussi un problème que l’école privée soit aussi sélective alors qu’ailleurs en province, ce n’est pas du tout le cas. Pourquoi cette mentalité de croire qu’il n’y a rien à faire d’autre que de cesser de financer les écoles privées? Rapprocher le pouvoir plus près de l’action… redonner plus d’autonomie aux écoles… réagir au déficit démocratique énorme existant au niveau des élections scolaires… redéfinir l’organisation du travail autour des besoins des étudiants plutôt qu’à partir de ceux des travailleurs (sans les négliger pour autant)… laisser les enseignants enseigner et l’État décider de ce qui doit être appris… autant de sujets qui sont masqués derrière ces débats stériles entre tenants du privé et du public qui finissent toujours par avantager le privé, en bout de ligne. En cette période de recrutement au privé, la sortie de M. Parizeau va encore donner de l’eau au moulin à ceux qui croient qu’hors du privé, il n’y a point de salut, alors que c’est complètement faux. Plusieurs écoles publiques qui revendiquent très fort leur autonomie administrative et réussissent à regrouper une équipe-école stable, cohésive et engageante pour les parents tirent bien leur épingle du jeu alors que plusieurs écoles privées offrent des services médiocres bien en deçà des attentes de ceux qui la fréquentent. Si autant de gens pensent que c’est meilleur au privé, c’est d’abord parce que trop peu de gens oeuvrant au public s’identifient positivement à son milieu ne cessant de jalouser ce qui se passe ailleurs, au public et au privé. J’inclus dans ça les parents d’élèves qui fréquentent le public et qui chialent plutôt que de s’investir, les administrateurs qui font tout pour les éloigner et refiler les problèmes à d’autres (en bas et en haut) et les enseignants qui tolèrent certaines positions syndicales auxquelles ils n’adhèrent pas en se tassant quand l’information leur arrive ou en acceptant en silence qu’on défende parfois l’indéfendable. Vrai que les enseignants ont aujourd’hui une profession vulnérable, exigeante et difficile, mais la qualité de leur organisation repose en grande partie sur leur capacité d’agir personnellement, très peu sur celle de la capacité d’agir de leur syndicat. Trop de choses au public se décident «au provincial» et les parents se tournent trop souvent vers le privé parce qu’ils ont la conviction que dans ce réseau, les profs et les administrateurs locaux ont une prise sur ce qui leur arrive!
Dernier point évoqué dans l’article de Mme Cauchy qui porte sur l’éducation en crise. Le taux de décrochage à Montréal et au Québec est une hypothèque terrible sur le développement de notre société, beaucoup en conviennent. Pourtant, dès qu’il est question d’agir pour que l’école arrive à trouver sa pertinence aux yeux des élèves à risque et des parents décrocheurs, des dénigreurs de toutes sortes viennent nous servir le discours de ce qu’il faudrait qu’elle soit à leurs yeux. «Trop de programme particuliers», «pas assez de par coeur, de notes et de compétition», «trop d’informatique et de projets» et «aucun recours aux grands classiques qui ont fait leurs preuves avec nous». Qui plus est, il ne faudrait pas faire d’efforts particuliers pour les garçons de peur de donner de la prise à cette culture «de la victimisation» qui font passer les filles pour des coupables de leur meilleur succès à l’école!
«Bullshit»!
Je prépare actuellement une conférence grand public à Montréal pour le mercredi 19 novembre au soir en compagnie de Denis Bédard, Professeur titulaire à la faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke et directeur du Centre d’études et de recherche en enseignement supérieur (CERES). L’événement sera organisé par l’entreprise Succès Scolaires et portera sur le sujet de l’éducation en général et de l’utilisation des nouvelles technologies en particulier. Je voulais annoncer ici cette conférence (animée par Patricia Garel, pédopsychiatre et chef du département de psychiatrie à l’Hôpital Sainte-Justine) parce que l’un des articles du Devoir traite spécifiquement de cette question. À cette occasion, j’aurai l’occasion de réagir particulièrement à cette assertion de Mark Bauerlein (auteur de «La génération la plus ignorante», cité par Mme Cauchy et par Jean-Simon Gagné) à l’effet que «les outils technologiques permettent aux adolescents d’être obnubilés par leur monde d’adolescents et [alors que] les considérations d’adultes n’arrivent pas à se frayer un chemin jusqu’à eux». Je pourrai mieux développer à ce moment qu’ici sur ce que François et moi évoquions dans l’article à propos de Gutenberg et des réactions d’hier et d’aujourd’hui sur la possible déshumanisation de la transmission des savoirs.
Bonjour Mario !
J’ai ramassé cette citation dans le Devoir. Tu dis à la journaliste:
«Quand j’étais directeur, j’étais toujours impressionné de constater que les décrocheurs étaient parmi les gens les plus intelligents au primaire. À force de se faire aborder par la technique du bourrage de crâne, ils avaient déchanté. Peut-être parce qu’ils étaient trop clairvoyants sur ce qu’ils allaient faire avec ces connaissances?»
Ça Mario, ça s’appelle entretenir le mythe du décrocheur-brillant-que-le-système-écoeure. C’est une image racoleuse qui a été utilisée à outrance dans certains sermons post-états généraux. Le « bon sauvage » de Rousseau…
Le « système » a peut-être amoché et poussé dans la marge trois ou douze bollés ultra lucides. Convenons-en. Mais, quant à compter les morts, je souhaiterais que tu regardes du côté de la pauvreté, des milieux défavorisés. Parce que là, c’est l’hécatombe. Veux-tu un chiffre ? Y’a des villes, et pas des petites, où, dans les quartiers défavorisés, 80% des garçons ne complètent pas le secondaire. Pour les filles, ça tourne autour du 60%… Si je suis ta logique, ce serait dire qu’on fait exprès pour envoyer enseigner dans ces coins-là, les profs les plus plates, les plus éteignoirs, nos corps d’élite de bourreux de crâne. Ou bien que les pauvres sont plus susceptibles que les riches et qu’ils sont probablement pas mal plus brillants et lucides, étant donné qu’ils décrochent autant.
Je commence à penser que ça ressemble à un complot, sinon comment est-ce que je pourrais expliquer que les approches qu’on utilise pour enseigner la lecture aux petits de ces écoles-là sont celles, si je me fie aux recherches, qui sont les moins efficaces dans les milieux défavorisés ?
Bof, à quoi bon parler de tout ça. À quoi bon s’exposer à parler de tout ça.
Il faut en parler Michel… Ne serait-ce que parce que ça permet de mieux se comprendre… et agir!
On conviendra que Mme Cauchy n’a pu citer tout ce que je lui ai dit sur les profils des décrocheurs. Ne parle-t-on pas un peu de la même chose à certains égards?
Je crois beaucoup au concept de résilience. Je crois fermement qu’une large part des 80% de garçons (et du 60% des filles) dont tu parles sont les «intelligents» du primaire dont je parlais à Mme Cauchy. S’ils ne ressentent pas «la pertinence» de l’école Michel, ils s’en vont encore plus vite que les autres, parce qu’ils sont en situation d’urgence-de-vivre.
«Ma logique» n’est évidemment pas de dire qu’on fait exprès pour… Mais force est d’admettre avec les règles d’attribution de tâches qu’on n’envoie pas nos plus expérimentés là où tout leur art serait requis. Les meilleurs devraient être avec ceux qui en ont le plus besoin, non? Chez nous, c’est le culte de l’ancienneté Michel; ça règle tout… c’est juste. Juste pour qui? 😉
Tu parles d’un mythe? Le «décrocheur-brillant-que-le-système-écoeure» est une invention de l’esprit maintenant?
Il compose un certain pourcentage de ceux qui quittent avant d’avoir obtenu un diplôme de cinquième secondaire Michel. Il vit dans des quartiers défavorisés, vient de familles aisées aussi et surtout, il n’a pas appris l’importance des délais ou il n’a tellement pas ce dont il a besoin qu’il préfère assurer sa survie à court terme qu’investir dans sa formation à l’école.
L’expression «bourrage de crâne» a été utilisée à outrance, j’en conviens. On s’entend sur ce qui doit être fait en lecture en bas âge Michel, là n’est pas le point. Je veux juste dire que si les jeunes quittent l’école avant d’avoir obtenu leur diplôme, c’est notre devoir de faire plus pour les y intéresser, en fouillant davantage dans les stratégies disponibles pour qu’ils s’accrochent.
C’est tout.
Il me semble que ce que votre désaccord met en relief, messieurs, c’est que le système scolaire « pète par les deux bouts » actuellement et qu’à force de vouloir traiter tout le monde de la même façon (confondant « pareillement » avec « équitablement ») on échappe de plus en plus de monde.
Les jeunes des milieux défavorisés, évidemment, qui ont droit plus que tous les autres au soutien de l’État;
Mais aussi les plus privilégiés, qui ne se retrouvent plus aussi bien dans l’école et dont le décrochage (effectif ou affectif) appauvrit/affaiblit encore plus l’école.
Je suis de plus en plus convaincu qu’avoir le courage d’aborder tout cela implique obligatoirement la remise en question de l’uniformité de traitement des élèves. Remettre en question les programmes c’est une chose; faire la même chose avec le financement c’en est une autre (nécessaire!)… mais il faut aller encore plus loin et admettre que tous les enfants n’ont pas besoin du même temps de présence des profs, des mêmes services, etc.
Il faut remettre en question le dogme du 100% des élèves 100% du temps avec un prof. Je pense qu’à partir de là… un paquet de choses se simplifieraient presque jusqu’à se régler d’elles-mêmes…)
Je caricature un peu, peut-être, c’est pour faire court et sans intention populiste… nuançons dans la suite des choses si l’angle proposé vous intéresse.
Il faut aussi que nous assumions enfin le fait que l’éducation est forcément un projet politique, qu’un système scolaire n’est pas une construction neutre socialement et qu’il n’est pas possible de parler de l’École sans parler de la société que nous voulons construire.
Une évidence? Peut-être. Mais je trouverais drôlement éclairant de demander à tous ceux et celles qui se prononcent sur « des solutions pour l’école » de nous dire aussi à quel type de société ils aspirent pour le Québec.
Sur un autre registre, l’autre chose qui m’a frappé à la lecture des articles, c’est qu’on semble oublier qu’au-delà de la réalité de l’école, il y a la perception qu’on en a (ce qui a été évoqué, mais pas assez à mon avis) et que si les écarts entre les perceptions des parents et la réalité des écoles se creuse, ce n’est pas des firmes de communication qu’il faut engager pour « mieux expliquer », mais des ouvertures qu’on doit faire dans les portes des écoles pour y faire entrer plus souvent les parents… les amener à s’y engager, faire en sorte qu’ils s’y sentent bienvenus, responsables…
C’est toujours plus difficile de juger ce qu’on connaît bien.
Cela dit, et j’aurais dû le préciser dans le texte précédent… je ne fais pas partie des alarmistes.
Il faut répéter que le système n’est pas à jeter par terre pour tout reprendre à zéro comme certains se plaisent à suggérer de façon irresponsable.
Un système scolaire est quelque chose à faire évoluer, lentement mais sûrement (et plus rapidement à certains moments, comme maintenant, c’est vrai!).
Cher Mario,
Dans le commentaire no 2, tu écris :
[«Ma logique» n’est évidemment pas de dire qu’on fait exprès pour… Mais force est d’admettre avec les règles d’attribution de tâches qu’on n’envoie pas nos plus expérimentés là où tout leur art serait requis. Les meilleurs devraient être avec ceux qui en ont le plus besoin, non? Chez nous, c’est le culte de l’ancienneté Michel; ça règle tout… c’est juste. Juste pour qui? ;-)]
Personnellement, je considère cette « logique », on ne saurait plus « juste ».
Sans nier l’apport considérable des syndicats au monde de l’enseignement, force est d’admettre que l’adhérence la plus stricte au sacro-saint principe de l’ancienneté qu’ils défendent sans réserve, peut être préjudiciable à certains milieux en portant atteinte à un autre droit qu’ils défendent également, celui à une une éducation de qualité égale pour tous.
Je pense que cette piste que tu suggères ce matin, Mario, est fort intéressante. Je suis confiant que nos amis, les enseignants syndiqués, prendront état de cette problématique et seront heureux de travailler, entre eux, à l’élaboration de solutions innovatrices capable de rééquilibrer, ou à tout le moins, de tendre vers un rééquilibre des forces pédagogiques disponibles, et ce, dans tous les milieux, favorisés ou moins.
Bien sûr, le défi est de taille ! Nous vivons présentement l’amorce d’une pénurie d’enseignants. En outre, il y a cette autre réalité du taux grandissant de décrochage de nombreux profs qui changent d’orientation ou se retrouvent en maladie, conséquence d’une tâche qu’ils considèrent trop lourde et pour laquelle ils ne bénéficient pas toujours de l’encadrement nécessaire (ex. services spécialisés suffisant afin d’être en mesure d’oeuvrer auprès d’une clientèle de plus en plus difficile en raison de l’intégration d’élèves autrefois systématiquement pris en charge par des écoles spécialisées où le ratio étaient bien loin de l’actuel 1 pour 35 au secondaire). Enlever à des professionnels de l’enseignement expérimentés le droit à une fin de carrière dans un milieu se leur choix (selon leur ancienneté), en accord avec ce qui les anime, ne risque-t-il pas de voir augmenter le taux de désertion de ces enseignants ?
Si plusieurs enseignants ont su garder bien brillante la flamme pour ce noble travail, il est anormal de constater autant de désenchantement et de démotivation de la part d’une masse critique de profs. Peut-être s’agit-il là de mauvais choix de carrière, ce qui, par ailleurs, bien qu’étant possiblement le cas de certains enseignants, m’apparaît peu probable pour un nombre si important de professionnels. Les valeurs de notre société aurait-elle évolué négativement à un rythme non anticipé par plusieurs enseignants, lesquels, s’ils avaient connu cette donnée auraient fait un tout autre choix de carrière ? Cette hypothèse ne peut cependant pas s’appliquer à la nouvelle génération de profs où le taux de défection semblent encore plus grand. Leur formation de maître devrait-elle être réexaminé? Arrivent-ils dans la cour des grands suffisamment armés pour bien s’acquitter de leur tâche délicate ? Il est vrai que le système actuel d’affectation par ancienneté est loin d’être propice à aider ces jeunes gens ! Entreprendre sa carrière dans les écoles les plus problématiques où l’expérience peut immanquablement faire une énorme différence n’est certes pas une condition gagnante ou garante d’une longue et enrichissante carrière.
Un système d’affectation protégeant (à tout le moins, partiellement) le principe d’ancienneté tout en visant, progressivement, une meilleure répartition de l’expérience dans les écoles serait-il envisageable ?
Sans grande expertise en la matière, je lance, un peu naïvement, cette idée qui a possiblement déjà été proposée (si tel est le cas, je m’excuse auprès du lectorat pour la redondance.). Sinon, peut-être serait-il souhaitable de se pencher sur la possibilité d’une double liste d’ancienneté (les plus anciens constituant l’ensemble d’une liste et les plus jeunes, l’autre liste). La moitié de tous les postes disponibles au sein d’une école ou d’un secteur serait d’abord choisie par ordre d’ancienneté par les plus anciens alors que les enseignants plus jeunes choisiraient, également par ordre d’ancienneté, l’autre moitié des postes disponibles dans ces mêmes écoles ou secteurs… De cette façon, toutes les écoles et tous chaque région ou secteur bénéficierait de l’expérience des uns et du dynamisme des autres. Peut-être utopique comme proposition, mais j’aime croire que l’être humain étant ce qu’il est, le bien-être collectif pourrait l’emporter sur les avantages personnels…
Par ailleurs, à mon humble avis, je considère que bien que le système actuel d’affectation par ancienneté soit préjudiciable à la clientèle de certaines écoles de secteurs dits « défavorisés » ou aux populations vivant en régions éloignées des grands centres, il faudrait aussi regarder du côté de nos choix collectifs (comme citoyen en quête d’amélioration globale pour notre société) et personnels (en qualité de parents ou d’adulte possédant un énorme potentiel d’influence sur les générations qui nous suivent).
Mario, toi et d’autres experts avez fréquemment évoqué de nombreuses pistes de solutions des plus intéressantes. Reste maintenant à nous, citoyens responsables, d’utiliser les moyens démocratiques mis à notre disposition pour faire évoluer les choses positivement…
Robert
Il faut lire ici la proposition de Guy Archambault:
http://www.ledevoir.com/2008/09/15/commentaires/0809150446059.html
«Il faut remettre en question le dogme du 100% des élèves 100% du temps avec un prof»
J’ai observé qu’en situation de classe, il est effectivement impossible d’accorder une attention égale à chacun puisque souvent 10% des élèves requièrent plus de 50% de l’attention.
Ce que tu proposes est plutôt subversif… et intéressant 😉
Ce principe sous-entend qu’avec certains étudiants, plus autonomes, on pourrait prendre une certaine distance et les «challenger» davantage pour encadrer de façon plus serrée les autres. Plusieurs enseignants me paraissent déjà suivre cette piste par les principes de la différenciation pédagogique, mais je reconnais que davantage devrait être fait de ce côté avec la complicité avec les parents. Casseur de dogmes, va…
«Il faut aussi que nous assumions enfin le fait que l’éducation est forcément un projet politique, qu’un système scolaire n’est pas une construction neutre socialement et qu’il n’est pas possible de parler de l’École sans parler de la société que nous voulons construire.»
Vrai que c’est une évidence, mais il faudrait définir où on laisse le politicien aller et ou on lui demande de ne pas poser les pieds 😉 Les vrais projets de société sont plutôt rares ces années-ci…
Je relisais ce que tu disais Clément sur le fait que «tu ne faisais pas partie des alarmistes»; il y a un autre mot qui me vient après avoir lu l’avant-propos du livre «Pourquoi nos enfants sortent-ils de l’école ignorants?» Je blague un peu… Tu sais que j’ai bien ri d’y apprendre qu’on ait qualifié un de tes textes de manichéen… De fait, la dernière chose que nous voudrions est justement de dire «c’est bien», «c’est mal». Les enjeux sont beaucoup trop importants pour ne pas chercher dans chaque geste de bonne volonté des pistes qui vont augmenter l’intérêt d’apprendre, à l’école, dans la cité, à la maison… bref, le plus souvent possible 😉
Merci de tes commentaires Clément. Je vais aller lire la proposition de Guy Archambault.
Robert, je te remercie d’avoir élaboré si judicieusement sur l’esprit d’une de mes propositions…
«Un système d’affectation protégeant (à tout le moins, partiellement) le principe d’ancienneté tout en visant, progressivement, une meilleure répartition de l’expérience dans les écoles serait-il envisageable ?»
Il me semble que nos dirigeants (syndicaux et patronaux) devraient regarder de ce côté, sur cette base, pour voir si certaines problématiques ne pourraient pas connaître une meilleure «gestion», au bénéfice des jeunes et des parents.
Cette conversation est très intéressante!
Il se fait tard, je me contenterai d’un témoignage sur une seule des idées.
« Ce principe sous-entend qu’avec certains étudiants, plus autonomes, on pourrait prendre une certaine distance et les «challenger» davantage pour encadrer de façon plus serrée les autres. »
Si ce que tu entends ici, Mario, est de confier de l’encadrement d’élèves à certains qui sont plus autonome, j’invite ici à la prudence, sans pour autant rejeter cette avenue.
La premières fois que ma fille m’a dit qu’elle n’avait pas le goût d’aller à l’école elle avait 10 ans.
Motif? Ayant de la facilité à l’école, elle était tanné d’être toujours mis en équipe avec des élèves plus lents (ce sont ses mots). « En plus me disait-elle, je fais du tutorat avec un élève de deuxième. Il est tannant, il ne m’écoute pas je ne sais plus quoi faire. Ce matin je dois faire du tutorat pis ça me tente pas. »
Donc, prudence. Il ne faut en mettre plus lourd sur les épaules des jeunes que ce qu’ils peuvent prendre.
Merci André de m’aider à préciser ma pensée par ton commentaire. Non, ce procédé n’est pas du tout ce à quoi je pensais. Faire encadrer des jeunes par d’autres est un petit jeu dangereux. Je pensais davantage à certains types de pédagogie, plus ouvertes, où certains étudiants plus autonomes ont des ateliers à vivre ne requérant pas un aussi grand pilotage de l’enseignant que l’enseignement direct.
J’ai eu un prof de chimie au Cégep qui enseignait de cette façon à un tiers des étudiants qui avaient accepté «le deal» avec des rapports d’étape et des démonstrations orales à faire pour conserver «leurs privilèges». Ils devaient être «référés» par au moins deux de leurs anciens profs, avant de pouvoir «signer». C’était le bonheur total et je n’ai jamais autant appris… l’équation de Schrödinger, l’enthropie, etc. que de bons souvenirs… On passait l’examen quand on était prêt (selon notre jugement) et on a fini la matière trois semaines avant les deux autres tiers!
« Il faut aussi que nous assumions enfin le fait que l’éducation est forcément un projet politique, qu’un système scolaire n’est pas une construction neutre socialement et qu’il n’est pas possible de parler de l’École sans parler de la société que nous voulons construire. »
Merci Clément. C’est ce que je m’évertue à dire depuis une semaine. Ici notamment:
http://carnets.opossum.ca/LeNeuf/archives/2008/09/pour_qui_la_liberte_de_choix_m.html
Et tu peux être sûr que je vais trouver toutes les façons de redire ces choses et de les réécrire. Réinventer l’école, même lentement, je veux bien. Mais l’école c’est aussi les enfants qui sont dedans et les promesses qu’on leur a fait et qu’on n’a pas tenues. Parce que l’école de ceux qui ont besoin de l’école pour se sortir de la misère, c’est à d’autres qu’on l’offre. Trop souvent, au lieu d’offrir à ces enfants les meilleurs éducateurs et à ces éducateurs, les meilleures conditions d’exercice possible, au lieu de ça on organise des clubs de déjeuners, on propose des travailleurs sociaux, des plans d’action, et tout ce que l’industrie de la pauvreté a à offrir. Toutes sortes de monde qui viennent dans les écoles faire toutes sortes de job qui n’ont rien à voir avec la job de l’école.
J’aime mieux croire que tout ça c’est juste le résultat d’un non-projet de société, que ce n’en n’est pas un en soi.
Je pense que l’on ne se pose pas les bonnes questions. En regardant les statistiques sur les taux de diplômation, en cherchant à répertorier un cumul de connaissances à la «génie en herbes» chez les élèves, nous passons à côté des questions fondamentales de leur adhésion au projet de l’école québécoise, questions que personne ne pose et qui sont du domaine des intervenants sur le terrain, pas du ministère.
Premièrement, il faut questionner la forme et la structure scolaires. Existe-t-il une formule uniforme et généralisable pour tous les jeunes ? Si non, pourquoi insister sur celle-ci ? Par amour de la tradition ? Par paresse ? Si oui, avons-nous la bonne formule ? Quels sont les dangers pour la persévérance et la motivation de la forme scolaire – entre quatre murs et dociles devant l’autorité de l’enseignant, ou devant des règles imposées, pour lesquelles on n’est jamais consulté ? Comment croire que l’école est mon milieu de vie lorsque je n’ai aucun pouvoir sur ce milieu ? Pourquoi est-ce que les élèves ne participent pas à la construction de leur milieu de vie (à la Dewey) ? L’école peut-elle laisser une place aux élèves ?
En réalité, je ne peux juger les élèves frustrés contre le système scolaire. Qui aurait le goût d’adhérer docilement à une structure qui leur accorde si peu d’importance ?
L’esprit de la réforme est que les jeunes construisent leurs propres connaissances et développent leurs compétences dans un processus de résolution de problème. Le problème, c’est que l’on part de nos impératifs d’apprentissage auxquels les jeunes n’adhèrent pas nécessairement. Je viens de donner un cours où les étudiants du bac avaient formulé des problématiques de situation-problème. Ça donnait des questions telles : «Quel est l’apport des personnages illustres de l’Antiquité grecque à notre société» ? «Que voulez-vous faire avec cette question ?», ai-je demandé aux étudiants. «On veut qu’ils apprennent qui est Périclès, que l’art dramatique occidentale a des fondements grecs, etc.» J’en vois souvent des situations d’apprentissage de ce genre. L’enseignant veut que les élèves apprennent ceci, à faire cela.
Et les élèves, là-dedans ? Ils n’en ont rien à cirer des impératifs des enseignants. Lorsque je demande «Quelle est la place des élèves dans votre situation d’apprentissage?», on me répond qu’ils développent des compétences. Ah… la réponse, en fait, c’est qu’on s’en fout.
Et si on partait des intérêts des élèves ? Si on leur demandait quels étaient leurs impératifs ? Si on ne les prenait pas tous pour des cruches? J’ai travaillé avec les jeunes du cheminement particulier au PEI, en passant par le régulier. Ensemble, nous avons questionné les mérites du boycott, la pertinence du féminisme, les fondements du souverainisme, les violations des droits de la personne, la propagande dans la publicité, les écarts des classes sociales, la mondialisation. Ils m’ont apporté de la musique qui les touchait et nous avons exploré pourquoi. Nous avons parlé des conflits au sujet de l’agenda, de la suspension du conseil étudiant. Nous avons lu la loi sur l’instruction publique, les chartes de droits, pour répondre à nos questions ! Ils sont tous autant motivés à poser de profondes questions sur leur monde. Pourquoi ne pas leur en donner la chance ? Pourquoi l’école a si peur de donner un pouvoir de décision aux élèves ? Les enseignants qui savent parler aux élèves vous diront qu’ils sont préoccupés par la pauvreté, la solidarité internationale, la guerre, les droits fondamentaux, l’environnement, les relations avec leurs parents, l’intergénérationnel, l’économie, etc. Tout ce dont un citoyen éclairé devrait avoir comme préoccupation. N’est-ce pas là la finalité de l’école ?
Combien de jeunes pourrions-nous raccrocher en leur donnant un pouvoir de décision sur leurs apprentissages et sur leur milieu de vie ? Et si on arrêtait de leur imposer nos impératifs et on laissait place aux leurs ? Afin que l’école servent aux élèves, plutôt qu’aux adultes ….
M. Larochelle,
«Nous vivons présentement l’amorce d’une pénurie d’enseignants.»
Désolé de contraire ce point de votre billet, par ailleurs très intéressant: cette pénurie a commencé en 1995, je crois, et était supposée se terminer en 2001 d’après le MELS… : )
M. Papineau
« …cette pénurie a commencé en 1995, je crois, et était supposée se terminer en 2001 d’après le MELS… : )
Merci d’apporter cette précision qui assombrit malheureusement le portrait de l’éducation au Québec !
Si je vous lis bien, la pénurie serait donc passée à un niveau quasiment, sinon carrément dramatique… Si tel est le cas, il y a urgence d’agir, afin de rapidement former davantage de nouveaux enseignants et d’instaurer des mesures facilitantes pour leurs premières années d’enseignements, de sorte qu’ils auront moins envie de prendre leurs jambes à leur cou et d’abandonner leur profession après une, deux ou trois années.
Peut-être pourriez-vous renseigner le profane que je suis en matière d’éducation : existe-t-il, dans nos universités québécoises, un problème de recrutement de candidats à la carrière d’enseignants ?
Dans l’affirmative, des changements visant à assister et à mieux encadrer les professeurs en début de carrière s’imposent. Je lance, une fois de plus naïvement, d’autres idées susceptibles de paraître farfelues aux spécialistes en éducation qui fréquentent ce blogue si informatif :
Je sais qu’une majorité de nouveaux enseignants, par manque d’ancienneté, se voit attribuer des postes de suppléance à la leçon, à la demi-journée, ou lorsqu’ils « frappent le jackpot », à la journée ou pour quelques jours consécutifs.
Ces jeunes gens, en plus d’être inexpérimentés et, conséquemment, de vivre un niveau de stress important inhérent à tout nouvel emploi, doivent faire montre d’une flexibilité incroyable et être prêt, à quelques heures ou minutes de préavis, à se rendre dans une école qui leur est souvent inconnue (trouver son chemin dans la circulation matinale n’est déjà pas une mince affaire), parvenir à repérer leur local d’enseignement avant d’affronter de 27 à 35 élèves qui attendent impatiemment LE ou LA suppléante pour tester ses limites de tolérance (et, je me rappelle bien ce que subissaient, jadis, les pauvres suppléants qui courageusement, « osaient » se présenter au « test » leur étant réservé par les élèves de ma classe !). Et ce triste scénario est malheureusement le quotidien de ces jeunes gens dont certains auront tôt fait d’abandonner leur jeune profession. La passion peut assez aisément s’effriter dans pareilles situations.
Ne serait-il pas envisageable d’instaurer un système d’affectation par lequel, pendant les 2 ou 3 premières années d’enseignement, tout nouvel enseignant, indépendamment de son ancienneté se verrait confié un poste régulier de manière à pouvoir vraiment enseigner évitant ainsi d’être contraint à tenir le temps ou à jouer au préfet discipline, ce qu’ils n’osent probablement pas faire fréquemment en raison de leur manque évident et compréhensible de confiance en eux… « Comment la direction de cette école – que je ne connais même pas — réagira-t-elle face à mon incapacité à gérer la discipline au sein de ce groupe d’élèves turbulents ? Serais-je réengagé si je dérange trop fréquemment monsieur le directeur ou madame la directrice ? »
Ces postes qui leurs seraient confiés ne devraient, à tout le moins, pas comporter de groupes d’élèves jugés « difficiles ». De surcroît, ces jeunes gens devraient pouvoir être jumelés à des enseignants chevronnés qui assureraient ainsi une forme de « coaching » et auxquels ils pourraient systématiquement et facilement référer en cas de doute ou de difficultés.
Plusieurs métiers et de nombreuses professions s’appuient sur un modèle éprouvé de parrainage ou de compagnonnage au cours des premières années de pratiques. En début de carrière, les directeurs d’écoles, après avoir été eux-mêmes enseignants, ne sont-ils pas majoritairement affectés à des tâches d’adjoints et les pilotes de ligne à des fonctions de copilotes, et ce, pendant de nombreuses années (pour ne mentionner que ces exemples) ?
Suite à cette « initiation » ces jeunes profs réintégreraient leur liste d’ancienneté et il est à parier que, forts d’une meilleure confiance en eux, résultat de cette expérience de 2 ou 3 années d’enseignements dans une classe (LEUR classe) dite « normale » ou régulière, ils seraient plus aptes à affronter les affres de la suppléance.
Par ricochet, peut-être parviendrait-on, à attirer davantage et de meilleurs candidats qui ne savent que trop dans quelle galère ils se retrouveront, en début de carrière.
Cette proposition exige passablement de flexibilité des enseignants en place, surtout ceux qui viennent enfin d’obtenir un poste régulier après plusieurs années de suppléance. Loin de moi l’idée que tout s’achète, mais dans un tel cas, et dans un esprit d’équité, une surprime compensatoire temporaire pourrait-elle être envisagée ?
Bien évidemment, la question du coût financier de l’implantation de ce système ou d’un autre fera surface. Sans avoir fait de longues études actuarielles, je croîs que la prise en compte de tous les facteurs, y compris à court, moyen et long terme, les gains pour ce fantastique « capital » humain qu’est notre jeunesse, révèlerait un profit net important pour toute notre société.
Et tant qu’à y être pourquoi, en qualité de membre d’une société démocratique, ne redoublerions-nous pas d’effort pour mieux contrôler et ramener la corruption à un niveau socialement acceptable, libérant du même coup quelques milliards de dollars supplémentaires à investir dans notre avenir collectif ? Mais il s’agit là d’un tout autre sujet…
[…] billets déjà écrits ici sur le sujet qui « vieillisent assez bien » (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8), j’ajoute aujourd’hui quelques références pouvant servir de repères pour […]