Patrick Lagacé publie sur son blogue la lettre d’un policier qui explique pourquoi le poivre de Cayenne devant un couteau, «c’est trop gentil», pourquoi tirer dans une jambe ou un bras ou tirer un coup de semonce dans les airs, c’est s’exposer «à finir deuxième et mourir».
«Dans notre métier on apprend vite une chose. Si je me bat avec une personne, si je veux l’arreter je dois finir premier. Si je fini deuxieme, je meurs. Si il faut etre plusieurs, on le fait. Si il faut utiliser des armes, on le fait. Si je dois utiliser une force mortelle pour ne pas mourir ou qu’une autre personne ne meure, et bien je vais le faire.» (Le policier nous demande d’excuser ses fautes d’orthographe)
J’ai utilisé l’expression chère au blogueur Lagacé, «Pourquoi suis-je fasciné par…», dans un commentaire suite au billet. Je suis conscient que trop souvent, les policiers passent pour des méchants aux yeux de la population alors qu’ils nous protègent au moment des menaces. La lettre est pertinente, instructive et détonne du style «relation publique» habituellement employé par les services de l’ordre. Je suis quand même étonné d’y lire «Arreter de parler de chose que vous ne savez pas».
Je me dis… N’y a-t-il pas un autre message à passer à ces gens [qui «ne savent pas»] que de se fermer la gueule? Si on «ne sait pas», n’est-ce pas plutôt parce que règne une culture du silence à la police? Et puis… Devrait-on «savoir» plutôt que rester dans l’ignorance de ces pratiques policières? Moi ce que j’ai compris des plaintes et des doléances, c’est le besoin d’explications, oui, mais aussi de faire cesser le profilage. Un gars hostile équipé d’un couteau… je ne peux pas juger la police qui protège sa vie et celle des autres, au contraire. Mais cette culture du silence… Même quand ils parlent les polices, ils ne peuvent pas le faire autrement qu’en taisant leur nom!
Je demeure fasciné parce que cette lettre éclairante ne veut pas servir le dialogue. Elle part de l’intention qu’après l’avoir lu, il faudra se taire.
Tags: "...à qui je suis" "La vie la vie en société"
Cette lettre, je la mets sous le coup de l’émotion. C’est un cri du coeur. Simplement.
Ce que je trouve préoccupant, c’est davantage les hauts gradés qui, eux, se taisent. En ne disant pas un mot, en ne défendant pas les membres de leur effectif, ils donnent l’impression qu’il y a anguille sous roche.
Bonsoir Mario,
« Si vous voulez comprendre les pratiques policières informez-vous. Arreter de parler de chose que vous ne savez pas. »
Ce que je comprends de cet extrait, Mario, ce n’est pas un appel au silence, mais une demande de s’informer *avant* de discourir. Ça me parait plutôt recevable.
Comme dans cette prudence affiché par Oliver Jones (oui, oui, le pianiste de jazz)
Interrogé par Marc Cassivi sur les événements de Montréal-Nord, Oliver Jones répond (entres autres):
Source
Il ne s’agit d’une prudence de politicien ici. Enfin, je ne crois pas. Il s’agit plutôt de la prudence de celui qui estime devoir être suffisamment bien informé pour parler.
Or, selon l’article Oliver Jones a vécu 46 ans à Montréal-Nord. Il n’en aurait déménagé qu’il y a un an. Et c’est sans compter sa jeunesse dans la Petite-Bourgogne.
Pour le reste, j’ai bien ma petite idée, mais je vais me garder une petite gêne.
J’aime bien vos réactions Luc et André; elles me rassurent.
Je demeure fasciné par cette lettre, néanmoins.
Je suis de ceux qui ont un préjugé favorable envers les policiers. Pourtant, il y a un «je ne sais quoi» qui ne me revient pas quand je la relis cette lettre.
Je jauge ton argument sur l’appel à «s’informer avant de parler» et ça fait du sens. Reste malgré tout une impression qu’on essaie de m’en passer une et je ne sais pas trop quoi…
Je dois écouter trop de Dan Bigras…
Ce qui m’a frappé dans le texte de ce policier, ce sont ses lacunes significatives en français dont il est du reste conscient puisqu’il s’en excuse. Il est possible que les rapports que sa profession l’amène à rédiger présentent les mêmes faiblessses.
Ce professionnel a pourtant obtenu un diplôme d’études collégiales et a fréquenté l’Institut de police du Québec à Nicolet. On ne connaît pas son âge, mais il est possible qu’il ait aussi réussi l’examen uniforme en français imposé par le ministre depuis quelques années.
Certes, il s’agit d’un cas singulier, mais il soulève quand même un doute sur la capacité de notre école à atteindre ses objectifs. Il conforte au surplus la réputation de laxisme dénoncée à maintes reprises par Luc Papineau et, plus récemment, par M. Noreau.
Misère !