Rarement une entrée sur Twitter n’est arrivée à un aussi bon moment pour exprimer ce que je ressens.
«La discussion n’est possible que si l’on admet le doute»
Ce matin, j’ai repassé en revue plusieurs moments de ma semaine où je me suis promené dans la montagne russe de la confiance et du doute. Je suis comme tout le monde, j’imagine… J’affiche dans l’expression de mes points de vue une très grande confiance, mais je ne parle que très peu de mes moments de doute. Pourtant, j’admire au plus haut point les personnes qui me parlent des leurs.
J’ai la chance – le bonheur, je devrais dire – d’avoir dans mon entourage plein de gens qui me partagent leurs doutes sans l’intention de briser la confiance qui m’anime. Au jour le jour, lorsqu’elles trouvent que j’en ai besoin, elles m’interpellent. Je sais que parfois, ma conjointe, mes amis, des gens dans ma famille – incluant mes enfants – et depuis peu, de simple internautes, me posent de bonnes questions, attirent mon attention sur un élément plus faible de ma rhétorique ou encore, me parlent carrément «dans la face».
Je ne donne pas beaucoup d’indices, peut-être, laissant croire que je béni ces moments où la discussion me fait grandir dans l’expression des points de vue divergents. Pourtant, c’est le cas. Ma réussite professionnelle – s’il en est – est profondément liée aux doutes que je me garde, en veilleuse.
Premier exemple. Ça vient de chez François Guité – encore lui – et ça concerne buzzz.tv. Le point de vue de François mérite réflexion…
Deuxième exemple. Hier, au retour du dîner, je reçois un coup de fil m’indiquant que la direction du Bloc Québécois a résolument le goût de rétablir le dialogue sur son blogue et qu’il nous faudra discuter en tant que fournisseur de services des conditions d’hébergement, entre autres. En lisant le premier billet de retour, je lis même qu’il «est là pour rester»… Cette façon de me faire dire par un client-formation-politique qu’il sent le besoin «d’entendre», parce qu’ils souhaitent nous «représenter le plus fidèlement possible»… J’ai été renversé. Dans les circonstances politiques actuelles, je ne peux qu’afficher ici en quoi le cheminement du Bloc au niveau de l’utilisation des nouvelles technologies me ravi en même temps qu’il m’oblige à un devoir de transparence, même si je me doute qu’elle a une limite, cette fameuse transparence. Depuis la publication de ce billet, bien des gens m’ont questionné sur le niveau de mon engagement politique et je ne croyais pas devoir si rapidement «reprendre du service». Et quels services en particulier? Dois-je préciser que je n’ai pas cessé de m’interroger sur ce que devraient faire les formations politiques pour mieux respecter les principes du Web participatif dans leurs stratégies, avant/pendant/après les campagnes électorales?
Bon, à court terme, pour être clair, je n’ai fait que prodiguer quelques conseils aux gens du Bloc «pour repartir la machine». Mais dans les prochains jours, évidemment, je vais sûrement leur proposer bien davantage puisqu’ils démontrent un intérêt certain et puisque le contexte ne peut pas être plus propice à une écoute sincère de leur part. À partir d’ici, on comprendra que je n’en dirai pas plus, ni aujourd’hui, ni demain, tant que je ne serai pas fixé, sur le type de réserves auxquelles je m’astreindrai, dépendant de ce qui sera «signé»! En attendant, qu’on se comprenne bien, Je rends de petits services rémunérés – qui pourraient devenir plus grands – pour un parti politique dont j’ai intérêt à ce que leurs positions s’améliorent sur l’échiquier. Je suis prêt à accueillir tous les doutes – et les encouragements – pour que ma communication soit la plus claire possible dans le respect des prérogatives de notre client. J’aimerais beaucoup écrire ce que je pense du retour possible des enveloppes brunes comme je l’ai fait cette semaine sur les coupures en culture avant de savoir que le blogue du Bloc reprenait du service, mais j’ai des doutes sur la façon dont on pourrait interpréter ma position, dans ce nouveau contexte où je suis redevenu «fournisseur de services».
Il y aurait bien d’autres exemples à nommer. J’ai participé à une discussion sur le Web cette semaine dont les traces ont été effacées sur un blogue bien connu et j’aurais aimé hyperlier vers l’auteur d’un passage que j’ai retenu, mais je ne me souviens plus du nom de cette personne. Il écrivait en gros, que nous devons contribuer à aider «les politiques» à «passer du modèle « spin » (diriger le message dans le sens souhaité) au modèle « interact » (accepter une perte de contrôle du message pour qu’il chemine au goût des gens)». Je ne sais pas si c’était la meilleure chose à faire que de faire «disparaître» cette conversation et je respecte la décision de la blogueuse qui l’a fait, mais je continue de croire comme l’a dit François, que la discussion reste possible quand on admet chez chacun un certain doute sur sa position. J’aurais ajouté ce commentaire au bas du billet s’il avait encore été en ligne… Mais peut-être sa disparition témoigne-t-il du doute qui est survenu à posteriori?
Je m’affirme donc aujourd’hui sur le rôle – parmi d’autres – que je veux jouer par ma pratique professionnelle, dans le domaine politique, en conservant un doute sur la façon – probablement maladroite – avec laquelle je le fais.
Concrêtement, ça veut dire que je me servirai de tout ce que je vois/lis/entends faisant du sens, dans mes propositions au Bloc.
Tags: "...à qui je suis" "La vie la vie en société"
Je pense qu’il faut que tu arrêtes de te faire des noeuds au cerveau avec ces histoires de « conflits d’intérêts » réels ou perçus — tout en restant critique de ton propre discours. Et laisse les autres exercer la même critique.
Tu accompagnes le Bloc, certes. Tu l’as dit. On le sait.
J’en suis personnellement ravi de cela parce que, dans les circonstances actuelles, c’est la capacité d’écoute et de communication interactive du Bloc qui sera notre meilleure assurance de la formation et de l’existence à moyen terme d’un éventuel gouvernement de coalition.
N’hésite pas: fonce et cesse de t’en expliquer! Assume les partis pris que cela impliquera dans ton discours. Assume le caractère partisan de certains textes que tu pourras avoir envie ou être amené à écrire. Il n’y a rien de honteux dans l’engagement politique au sein d’un parti — rémunéré ou pas. Au contraire: c’est faire preuve de courage et on en aura bien besoin dans les prochaines semaines et les prochains mois.
Tu peux foncer avec d’autant plus de confiance que je t’assure que tu peux compter sur nous pour te le dire quand tu dépasseras les bornes! 😉
Message reçu Clément… J’en ai pris bonne note!