«Here Comes Everybody», nous annonce Clay Shirky dans un livre dont tout le monde me parle. Cela sans compter, le nombre de fois où je vois cités des passages du livre qu’il me faudra lire pendant la période des Fêtes:
«A professional often becomes a gatekeeper… Professional self-conception and self-defense, so valuable in ordinary times, become a disadvantage in revolutionary ones, because professionals are always concerned with threats to the profession. In most cases, those threats are also threats to society; we do not want to see a relaxing of standards for becoming a surgeon or a pilot. But in some cases the change that threatens the the profession benefits society, as did the spread of the printing press; even in these situations the professionals can be relied on to care more about self-defense than about progress. What was once a service has become a bottleneck.»
«Les professionnels sentent toujours les menaces pour leur profession, voire pour la société, en agissant tel un goulot d’étranglement en temps de grands changements dans la société». C’est comme cela que je résumerais cette citation de Shirky rencontrée dans ce billet d’un internaute qui est en train de lire le livre. D’autres lecteurs utilisent «les enseignements» du spécialiste américain des effets sociaux et économiques de l’utilisation d’Internet dans le contexte des apprentissages en réseau comme en témoigne ce magnifique billet de François Guité qui, lui-même, reprend celui de George Siemens et cet autre de Bill Farren. Ce dernier contient un autre segment du livre de Clay Shirky:
«Now that there is competition to traditional institutional forms for getting things done, those institutions will continue to exist, but their purchase on modern life will weaken as novel alternatives for group action arise.»
Je me dis, pour l’avoir vécu, que le principal changement apporté par le fait d’apprendre en réseau réside dans la multiplication des expériences de partage délibéré des fruits de son travail. Ce geste, à répétition, entraîne ce que décrit Shirky dans le sous-titre de son bouquin, «A book about organizing without organizations», c’est-à-dire que l’organisation vient moins des institutions que des individus, ce qui crée, en partie, le déséquilibre. Le graphique illustrant la comparaison entre les modèles «institutionnel» et «en réseau» montre la puissance des changements à opérer…
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Je reviens d’une rencontre avec un journaliste au sujet des prochaines étapes consécutives aux promesses de nos politiciens dans le dossier de ZAP Québec (cliquez ici pour écouter l’entrevue) et je continue de croire que les projets collectifs sont à la fois les plus satisfaisants et les plus complexes à réaliser. Dans cet article de Will Richardson sur Édutopia, apprendre efficacement avec d’autres, ça veut souvent dire abattre les murs autour de soi. Dans le cas du projet de ZAP Québec, il s’agit de bâtir les infrastructures qui nous permettront de s’interconnecter plus facilement les uns aux autres, mais en enseignement, le graphique montre bien comment au lieu d’isoler leurs membres du réseau extérieur, les acteurs (autant les apprenants que ceux qui gèrent/guident/favorisent les apprentissages) doivent entrer dans «l’âge de la collaboration»:
«The Collaboration Age is about learning with a decidedly different group of « others », people whom we may not know and may never meet, but who share our passions and interests and are willing to invest in exploring them together. It’s about being able to form safe, effective networks and communities around those explorations, trust and be trusted in the process, and contribute to the conversations and co-creations that grow from them. It’s about working together to create our own curricula, texts, and classrooms built around deep inquiry into the defining questions of the group. It’s about solving problems together and sharing the knowledge we’ve gained with wide audiences.»
Autant pour ZAP, que pour l’ensemble des autres projets qui m’animent, je veux contribuer en faisant partie de tous ces gens qui croient que «les idées doivent être jugées davantage à partir de leur mérite qu’à partir du statut de ceux qui les portent», comme l’écrit François à la fin de son billet, citant Farren. Sans faire de tout cela un absolu («L’apprentissage en réseau n’est pas sans inconvénient»), je fais le pari que le connectivisme porte en lui beaucoup d’avantages ne serait-ce que par son «cognitive surplus», comme Shirky l’explique dans cette entrevue publiée dans la revue Wired.
Mise à jour du lendemain: Bruno Boutot m’invite par Twitter à lire absolument le dernier livre de Clay Shirky; il explique pourquoi ici.
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Pour ceux qui s’intéressent à Clay Shirky et à sa thèse, on trouve sur le site de TED une communication qu’il a donnée en juillet 2005.
Très intéressant comme commentaire.
J’abonde évidemment dans le sens de l’approche par réseau par le partage des connaissances. Je suis un grand adepte dans mon secteur de profession : l’enseignement.
Mais ceci m’apporte la réflexion suivante. Je vois une excellente application à l’approche institutionnelle : l’entreprise privée! L’information est non seulement le pouvoir mais aussi le gage de survie d’une industrie peu importe laquelle. Est-ce alors un modèle à discréditer?
On trouve d’excellente application au modèle collaboratif et il est loin d’être complètement développé. Cependant, s’agit-il d’une utopie pour, par exemple un chimiste travaillant pour une industrie pharmaceutique (ce que j’ai été un cours moment de ma vie)?
Je ne suis pas certain que ce soit une bonne piste que de réfléchir en opposition avec les organisations — au sens institutionnel.
Il me semblerait plus judicieux de réfléchir à de nouvelles formes d’organisations/institutions qui pourraient être définies de façon beaucoup plus complémentaires aux organisations-spontanées.
Cela me semble une erreur, un risque de trop courte vue, que de négliger l’importance des institutions quand il s’agit d’agir dans la durée…
…le vrai défi, c’est d’inventer des institutions qui savent tirer profit (voire qui sont basées) sur l’énergie et « la sagesse des foules » — pour reprendre les termes de James Surowiecki (qui méritent aussi parfois quelque nuances, pour des raisons semblables).
Néanmoins, le tableau comparatif est très intéressant. Merci.
[…] diffusant du contenu. Les apprenants veulent échanger et ils ont les moyens de leurs ambitions. «Et voici maintenant tout le monde»… (Shirky 2008) par l’intermédiaire de La Toile, bien entendu. Au Québec comme […]